UNE MONTEE EN DEUX ETAPES
Au mois de juillet 2006, nous l'avons fait le sud de l'Irlande sur 2 semaines avec des amis volontaires et déterminés. Pour " l'expérience", nous étions 8 sur un Océanis clipper 411 et nous nous sommes même offerts une escale de 2 jours aux Iles Scilly lors du trajet retour.
Départ de Saint-Malo le 17/7 à 13h30 après un copieux avitaillement et un plein de carburant en " tous genres".
Eh oui, la vie s'installe à bord tout de suite.....Pour faire avancer un bateau, il faut que l'équipage soit en forme, donc il faut qu'il mange bien....
Le vent de NE s'annonce tout doucement.....C'est bien pour nous....
La première vaisselle, n'est-ce pas Christine..? Et avant tout, un premier constat sur la consommation d'eau (C'est........ très important l'eau à bord).
Nous avons de la chance, car le vent de NE tant espéré pour cette traversée, s'installe en fin d'après-midi. Le ciel est complètement dégagé....du vrai bonheur ! "Chadburn", notre beau bateau bien réglé est en route directe pour Land's End. Le rail des cargos est droit devant......D'ailleurs, pour fêter tout ça, le chef " himself " se met aux fourneaux pour une sympathique soirée galettes et crêpes bretonnes..
Le lendemain matin, après une nav de nuit bien fraîche mais très calme, c'est notre premier lever de soleil en pleine Manche. C'est la fin de quart de Jean et de Frédérique. " Fait pas chaud, hein ?......"
De même que les couchers, les levers de soleil sont souvent annonciateurs de la météo de la journée à venir. Aujourd'hui, pas de problème !....Le baro est haut et le ciel se dégage progressivement.
Vent constant pendant toute la journée et soleil omniprésent. A l'apéro du midi, Philippe sort le jambon italien et avec Stéphane, le découpage va devenir une cérémonie incontournable sur notre navire......
En fin d'après-midi, nous naviguons presqu' au vent arrière dans le sud du fameux Cap Lizard (cette pointe est la marque d'arrivée de nombreuses courses et records transatlantiques) que nous passons après l'avoir relevé au 0°.
Après la baie de Penzance, notre Océanis fait route vers la mythique bouée cardinale sud de Runnel Stone où nous savons que notre aventure commencera vraiment. La traversée de la baie depuis le Lizard, est longue (le vent tombe progressivement) et nous prendra le reste de l'après-midi. Vers 19h30, nous sommes dans le sud de la bouée et nous n'avons plus beaucoup d'air. Un gros bâtiment militaire français est en stand-by dans le coin. Présence rassurante...
Nous attendons sagement le bulletin météo de 20h sur France Inter pour prendre une décision concernant notre progression vers l'Irlande et donc de partir pour une deuxième navigation de nuit. Le bulletin est calamiteux, c'est du genre, vents variables très faibles, ce qui signifie souvent en bon jargon marin qu'on va utiliser la très fameuse risée "Perkins" qui en fonction des bateaux change de nom....Vous avez compris pourquoi ! Il est hors de question de naviguer au moteur cette nuit pour monter sur l'Irlande. Ce sera à la voile, un point c'est tout. Nous décidons donc de faire une escale dans ce pittoresque port de Penzance qui n'ouvrira les portes de son bassin à flot que vers 22h30 " french hour, of course". On a donc le temps de remonter tranquillement le long de la côte en tirant quelques bords de près. Au niveau du phare de Tater Du, le vent nous lâche pour de bon et c'est donc au moteur que nous finissons notre remontée vers Penzance. Quelques bateaux sont au mouillage sur les bouées d'attente et roulent inconfortablement. Nous optons pour une attente plus tranquille de l'autre côté de la jetée, c'est vrai avec peu d'eau mais sans ce roulis désagréable. Avec une bonne demi-heure de retard, le "harbour master" nous ouvre les portes. Après une petite manoeuvre, nous nous mettons à couple en troisième rang près de la capitainerie, ainsi nous pourrons ravitailler en eau et peut-être même nous brancher sur le 220 v, ce qui est très appréciable quand on est dans un port.
PENZANCE

La nuit s'installe sur notre bateau. Ce soir pas de quart, mais un bon sommeil réparateur.

Mardi 19/07: Après une bonne nuit, il est midi quand nous franchissons l'écluse dans l'autre sens. La météo nous annonce du sud-ouest virant ouest 4 en fin de journée et pour la nuit.
Après avoir doublé Newlyn, Mousehole et viré à nouveau la bouée cardinale de Runnelstone, nous voilà donc en mer Celtique entre le bateau-phare des "Seven Stones" (ô combien tristement célèbre après la catastrophe de l'Olympic Bravery qui suivit celle de l'Amoco-Cadix) et le phare de Longship au large duquel nous voyons notre premier phoque en même temps que nous subissons une petite bruine désagréable. On ira même jusqu'à tenter de mettre en place notre arme secrète, j'ai nommé notre spi " blue Peter", échec cuisant qui aura pour seul effet de le mouiller.
Un peu plus tard, dans la soirée, avant le traditionnel ti-punch, le temps se découvre à nouveau , on progresse lentement mais à la voile. On reprend la météo: Sud-ouest 3-4, ce qui signifie route directe très confortable vers l'Irlande.
.
Pour l'instant, on a pas grand chose comme vent et plutôt de secteur sud. Après l'échec du spi, nous nous mettons voiles en ciseaux avec le génois tangonné, c'est une allure stable mais trop fixe lorsqu'il faut agir vite pour changer de cap. J'espère qu'on ne va pas rester toute la nuit comme ça.....!
Mes voeux sont exhaussés et à la tombée du jour, un léger vent de sud-ouest nous permet de nous amurer j'espère, définitivement bâbord . Quelle chance, pas de manoeuvre à faire cette nuit, juste suivre un cap facile à tenir...
Pour l'instant, nous faisons route directe bâbord amure avec du sud-ouest (7 à 8 nds) sur Kinsale que nous avons préféré à Cork comme port d'atterrissage car la remontée de sa rivière est nettement plus courte et notre programme vers l'ouest est "minuté".
Dans la nuit, le vent va forcir pour atteindre progressivement 12 à 15 nds ce qui nous permettra d'avancer entre 5 et 7 noeuds à une allure idéale pour que les équipiers hors-quart puissent dormir confortablement.
La nuit s'est donc passée sans problème si ce n'est un "petit" cargo de 70 m qui est passé suffisamment près pour qu'on le pense vraiment. " N'est-ce pas Jean et Frédérique.....?" Pendant toute la matinée, le vent fait le yoyo en force et en direction.
En fin d'après-midi, c'est au dernier moment (la visibilité n'est pas bonne du tout : 2 milles maxi ), après avoir doublé de près les deux plateformes de forage de gaz au large de Cork, que nous repérons la première terre irlandaise assez haute sur l'eau sur notre tribord. Enfin l'Irlande ! Il est 16h.
Nous sommes le jeudi 20/07. Il ne nous restait plus qu'à localiser la cardinale sud de Bullman (merci le GPS !) pour embouquer la rivière de Kinsale à la voile "of course" (du Figaro)......lol.

Cette remontée est facile (il suffit de repérer et suivre le balisage) et ressemble beaucoup à celle des rivières de la Cornouaille anglaise, la rivière de Salcombe par exemple.
KINSALE (Jeudi 20/07 17h45 au vendredi 21/07 vers 16h)
Kinsale est nichée au fond d'un coude de la rivière et adossée à une colline verdoyante. Nous trouvons assez rapidement une place à couple au ponton visiteurs, alors vient seulement le moment de la découverte. Ce port de grande réputation chez les voileux (départs et arrivées de nombreuses étapes de la course du "Figaro") est très compact avec comme souvent en Grande-Bretagne, une cohabitation de la pêche et de la plaisance. Il est en prise directe avec la ville qui arbore des couleurs "so irish" et une architecture "s



L'activité est partout: Il y a un mélange entre les pratiques quotidiennes de voile légère par les enfants et la croisière de ces messieurs très "smarts" qui discutent devant une "guiness" ou une "murphy" de la dernière régate du vendredi soir. Les touristes sont nombreux et nous sommes étonnés de cette animation estivale car nous nous étions faits une image assez caricaturale de cette Irlande: Grisaille, pub, et gens un peu fermés mais c'est tout le contraire que nous découvrons. Les gens sont accueillants, joviaux...Encore un de mes clichés sans fondement.
C'est dans un de ces petits squares que nous entendrons notre première ballade (avec deux L) irlandaise sous les doigts d'une charmante joueuse de harpe celtique. Pendant ces instants, le temps s'arrête et nous goûtons vraiment intensément le plaisir d'être là, même si les dizaines d'heures de navigation de ces derniers jours ont un peu entamé notre tonus. De retour au bateau, c'est presque l'heure de l'apéro pour lequel Philippe aiguise son couteau afin de découper de fines tranches dans le sacro-saint jambon italien du bord pendant que d'autres son


Tout l'équipage se retrouve bientôt sur le "salon de pont" au soleil pour le premier apéritif irlandais. Celui-ci est à peine commencé qu'un bateau sollicite l'autorisation de venir se mettre à couple : Bateau ancien déjà, lourd mais superbement équipé pour la manoeuvre en équipage r


Après une mise en ordre parfaite et minutieuse de leur bateau, le trio passe sur notre bateau pour aller à terre. C'est le chien qui passe en premier et conduit ses maîtres par le chemin habituel, c'est-à-dire en avant du pied de mât comme la tradition l'exige sur chaque ponton

La fin de journée sera propice au repos bien mérité dans un port bien abrit

Après une nuit au calme et réparatrice, c'est un peu l'heure du farniente et chacun s'occupe en attendant le départ prévu dans le milieu de l'après-midi pour une petite étape en direction de la rivière de Castelhaven. La météo est bizarre mais favorable, du S-SE force 3 (arrivée prochaine d'une perturbation....??) , c'est à dire du vent de travers ou du portant. En fait pour cette petite croisière côtière dans le sud de l'Irlande, je me suis inspiré d'un article paru dans un des derniers " Voile magazine " qui s'intitulait " En croisière sous le vent du Fastnet " et qui relatait le parcours d'un équipage dans cette région avec, me semblait-il, des escales fort bien choisies et très attrayantes (photos dans l'article).
Vers 16h, nous prenons la rivière dans l'autre sens mais dehors le vent n'est pas au S-SE comme annoncé mais plutôt au suroît (3 bf) comme on dit en Bretagne. Tant pis!
Donc à tirer des bords de près pour se dégager de la pointe ouest de la baie de Kins

Après cette pointe, nous serons presque en route directe au près (on s'appuiera au moteur pour passer les caps en "pointant" un peu plus) et si le vent tourne un peu vers le sud (thermique par exemple si on se rapproche de la côte) on fera route plus directe.
Quoiqu'il en soit, le spectacle est magnifique car à partir de la pointe Seven Head, le rivage est plus pr

Attention quand même à bien localiser les roches affleurantes dans le SW de Galley Head quand on a le soleil dans les yeux comme c'est le cas ce soir !....Vous avez sans doute vu qu'on ne pouvait pas les manquer, on avait notre vigie à bord.......
A partir de cette pointe, nous pouvons heureusement " abattre"(s'éloigner du vent) en mettant le cap sur l'île High que nous identifions dans notre étrave mais avec une certaine réserve (car en bateau le doute est gage de sécurité dans la majorité des situations surtout pour les repérages).
Quelques milles plus loin, c'est bien elle, nous la laissons sur tribord et nous dirigeons tout droit sur l'île Horse. Nous passons dans le sud de l'île Skiddy au moment même où le tout petit phare de Reen Point s'allume. Qu'allons-nous découvrir au moment où nous empannons (c'est un virement en passant par le vent arrière, le passage d'un côté à l'autre de la bôme doit être parfaitement contrôlé) pour embouquer notre deuxième rivière à la voile après Kinsale?..
Droit devant nous se dessine petit à petit notre mouillage, et j'ai une impression de "déjà vu" car ce site, je l'ai vu maintes et maintes fois en photo sur mon document et maintenant, nous y sommes nous aussi. Ce n'est pas sans une certaine émotion que nous jetons l'ancre par 3 m de fond à une heure proche de la marée basse (2m95 de marnage: "20 m de chaîne suffiront amplement " d'autant plus que nous sommes en mortes eaux). Nous sommes le vendredi 20/07, il est 20h45 et nous sommes à Castletownshend.
CASTLETOWNSHEND
Nous sommes en parallèle avec un beau bateau américain , notre zone d'évitage est sécurisée, le courant sera faible et nous sommes tellement à l'abri que le vent n'aura que peu d'influence sur la position de notre

Le lendemain matin après une nuit relativement courte, c'e

Quelques photos avant le petit déjeuner: Le village est groupé autour de son église dont le clocher est caractéristique avec ses quatre pointes. Personne n'a envie de gonfler l'annexe pour aller faire un tour à terre et découvrir les beautés de ce village aux superbes demeures historiques. Petit à petit, la bruine s'estompe et quelques "culottes de gendarmes" apparaissent dans le ciel. C'est la fin du front chaud, le frond froid va s'installer avec sa bascule des vents à l'oue

C'est l'heure du départ, il est 12h ce samedi 22/07. En descendant la rivière vers la sortie, on envoie la grand-voile avec un ris en profitant du calme de l'estuaire. Une fois sortis, nous envoyons tribord amures en ne déroulant pas tout le génois mais le vent baisse progressivement, par contre une grosse houle est restée et il nous faut de la puissance pour escalader ces grosses vagues évaluées à 3 m. Nous renvoyons toute la toile. Dans l'ouest, le ciel bleu barre tout l'horizon.
Une magnifique journée de navigation se prépare. Jean barre avec application. Progressivement, les cirés rejoignent les placards et le plaisir devient total. Devant cet engouement, nous instaurons des tours de barre minutés. Les "Stags" sont en vue (ce sont des très belles roches dentelées qui émergent dans le sud de Toe Head) , on envoie au large pour la dernière fois, le temps est maintenant superbe, le bateau avance à 6-7 nds sur le fond. L'arrivée dans la passe de Baltimore est prévue pour 16 h.
Il nous reste à peine deux ou trois milles pour achever cette deuxième étape irlandaise. Nous savons déjà que nous allons être étonnés par le port de baltimore (nous avons lu et relu le pilote côtier n°10) et croyez-moi on a hâte d'y pénétrer...
BALTIMORE
Très vite, nous apercevons l'amer blanc remarquable de Loo Point et le phare de l'île Sherkin qui encadrent l'entrée.
La dernière marque à identifier et à respecter est une latérale tribord que nous voyons au dernier moment car elle est toute petite (d'ailleurs toutes les bouées ou balises ont tendance à être un peu plus petites que celles de chez nous :"chauvin !"). La passe, bien que large de 300 m, nous parait très étroite. Dès lors, la rupture avec la mer est totale: Plus de houle, moins de vent, plein de bateaux (on est samedi et aujourd'hui, c'est régate dans tous les coins du plan d'eau). Petits et plus gros






Pendant ce temps, deux équipiers sont par

Au mouillage, il y a un peu de vent mais la vue est imprenable sur ce village typique aux couleurs chatoyantes que nous n'avons pas eu le temps de visiter car nous avons d'autres projets pour la fin de l'après-midi. D'abord le repas et en dessert en prime une


Adopté ! Il y a deux endroits délicats : Au sud de l'île Goase, il y a un haut-fond de sable et un banc de sable entre Rossbrin Cove et l'île Horse.
Il est 18h30 quand nous quittons le havre de Baltimore au moteur bien décidés à réussir notre projet. Il fait encore chaud et nous nous engageons dans la passe nord. Entre l'île Sandy et l'île Quarantine, nous rencontrons des plaisanciers "motorisés" irlandais à qui nous demandons confirmation de notre itinéraire. Ils nous proposent aimablement, quand nous leur montrons nos documents de bord de nous guider à travers ce coin qu'ils connaissent parfaitement. Ils me demandent de monter à bord de leur embarcation avec une brassière bien sûr et c'est à 27 nds qu'ils me proposent une reconnaissance des différents points délicats que nous aurons à gérer mais qui avec leur aide ne seront qu'une formalité. Une fois à bord, je constate qu'ils o




Enfin en eaux libres, nous décidons de rallier Schull en contournant l'île Horse par la droite et par conséquent en passant au-dessus du banc de sable que nous franchissons en alerte sondeur mais ça passe. Ouf !
Le spectacle est de plus en plus extraordinaire avec le soleil qui décline. Entre Rossbrin Cove et Schull sur bâbord comme sur tribord c'est l'enchantement pour les yeux avec toutes ces ruines de vieux châteaux et ces prairies qui tombent dans la mer. A 20h30, nous virons la pointe Cosbeen et nous remontons presque plein nord, en laissant Bull Rocks sur bâbord ( bien la déborder) sur le mouillage de Schull au milieu duquel nous gaffons une pendille de corps-mort au moment même où le soleil se couche derrière le village de pêcheurs.
SCHULL (ou SKULL ) : Du samedi 22/07 à 20h30 au dimanche 23/07 à 14h.
Très vite l'ambiance à bord est électrique : Nous ne sommes pas vraiment allés à terre depuis Kinsale, à peine avons-nous posé un pied sur le quai à Baltimore. Le montage et le gonflage de l'annexe sont faits en un temps record. Le moteur hors-bord mis en place, nous faisons notre première rotation jusqu'à une cale près d'une petite résidence. Et de trois, les dames d'abord bien sûr et je reviens pour ces messieurs qui comme leurs camarades féminines se sont mis sur leur 31. Une torche, un


Hélas! qu'on se le dise ce restaurant tenu par des français (de Nantes hé oui! ça ne s'invente pas) ne fait plus la même carte. Il y a du poisson mais le choix est plus restreint et la carte est de venue plus "touristique". Comme nous ne pouvons pas réserver, nous allons donc prendre une "pinte" dans un de ces pubs si authentiques.
Il y a autant de monde dehors que dedans car, en Irlande, la loi anti-tabac est déjà effective à savoir que l'usage du tabac est strictement interdit dans tous les lieux publics y compris les débits de boissons, restaurants, bars etc..
L'ambiance de ces pubs est chaleureuse et si particulière. C'est que nous n'avon

Vers 22 h, nous pouvons nous mettre à table dans le restaurant à l'ambiance très familiale mais il est vrai que nous sommes samedi et que le samedi c'est jour de sortie partout. Après le repas, nous déambulons en remontant l'artère principale et en nous frayant un passage parmi les amateurs de bière fumeurs qui sont au milieu de la rue. En haut près d'une petite place, nous rentrons dans un pub avec une animation musicale.
Deux sympathiques "papys" irlandais, l'un à la mandoline, l'autre à la guitare, chantent des airs populaires que le public accompagne de façon très naturelle. Ce sera notre deuxième et dernière ballade irlandaise celle qui justifie le titre de ce blog.
Ce peuple a une culture du chant et de la musique traditionnelle que nous n'avons pas chez nous. Je le constate tous les jours dans l'exercice de ma profession: Faire chanter un petit français au collège, ce n'es

Avant de quitter le pub nous aurons le droit à l'hymne irlandais chanté avec une ferveur sans retenue par l'ensemble des clients pratiquement au garde-à-vous et la larme à l'oeil.

Le retour au bateau se fera dans le même ordre qu'à l'aller et la nuit sera très tranquille sur un mouillage très abrité. Le lendemain, réveil au son des cloches pour aller faire quelques courses car même si c'est dimanche tout est ouvert car ici, à 7 milles du phare du Fastnet, la saison touristique bat son plein. Sur le port, il y avait même un jeune couple de français en camping-car qui fabriquait et vendait des crêpes et galettes bretonnes : Irlande, belle terre de contrastes..
A 14h, c'est le départ avec une "météo de demoiselles" et un soleil radieux. Direction Mizen Head et demi-tour pour aller faire notre dernière étape irlandaise à Crookhaven, le premier fjord de la côte ouest. Pendant toute cette journée de navigation estivale, le Fastnet est en toile de fond et semble nous attendre car demain sera le grand jour pour l'équipage qui pourra le " tutoyer" de près avant de mettre le cap sur les iles Scilly's. Au retour de Mizen Head, en long

CROOKHAVEN (Dimanche 23/07 à 19h30 au Lundi 24/07 à 8h)

Nous prenons le premier coffre "visiteurs" venu ; nous retrouvons au mouillage un bateau vu à Skull et dont le skipper était venu nous demander un oeuf alors que nous quittions la baie au moteur. Nous sommes à 30m du village, de son quai et de ses pubs. Il fait très beau et presque chaud. En résumé que du bonheur! C'est d'ailleurs tout de suite l'heure de l'apéro sur le salon de pont au soleil..Petits veinards que nous sommes !
Le repas est vite préparé et c'est en terrasse que nous assistons presque en direct à l'animation qui commence sur le quai du village à proximité des différents pubs. Vers 21h, nous décidons d'aller faire une ballade à terre ensemble en direction de Mizen Head et de la

Après un dernier passage obligé pour cause d'attente de navette au pub, nous regagnons le bateau mais nous resterons encore longtemps sur le pont le nez dans les étoiles pour savourer cette dernière soirée irlandaise.
Demain, c'est le Fastnet et la traversée vers les Scilly's.
Bonne nuit !
FASTNET CONNECTION
Il fait à peine jour quand "Chadburn" se réveille (au fait un chadburn c'est un petit instrument, une petite manette en quelque sorte sur la timonerie des anciens steamers qui servait à commande

Il est 8h, à hisser la grand-voile avant de larguer la pendille et c'est parti : Cap sur la sortie du fjord, le vent est sud-est force2- 3 , c'est calamiteux et les prévisions pour la journée et la nuit pas meilleures. Heureusement que nous avons fait le plein de carburant à Baltimore. A la sortie, nous envoyons tribord vers l'île de Cap Clear qui est située à 3,8 milles dans le nord-est du Fastnet. On raconte qu'elle abritait un repère de pirates et que les fantômes de ceux qui y auraient en vain chercher des trésors, hantent encore les lieux en particulier les ruines actuelles d'un château. Le deuxième bord nous rapproche encore plus de notre "way-point" historique. Petit à petit, sa silhouette nous devient familière, Lui qui a suscité tant d'énergie, de désespoirs, de joies, de peines, de projets. Virer le Fastnet en course ou en croisière, restera toujours un point d'orgue, un must pour les voileux que nous sommes. Après le dernier virement, nous arrivons tribord dessus, Il est sous notre génois ce qui nous donne l'occasion de faire des photos avec un premier plan.
A 200 m de l'édifice alors que les fonds remontent à 20m, nous virons bâbord vers le large puis quelques instants plus tard, nous revirons pour le voir défiler sous notre vent pendant que notre bateau s'éloigne dans l'est....
Le temps s'est arrêté. Dans nos têtes, le moment est intériorisé intimement. Là aussi, quelque chose a changé et en repensant à ce samedi tragique du 11 Août 1979 , je me dis que nous, nous avons eu la chance de le faire et de réaliser ce, en partie pour quoi, nous avions entrepris cette croisière dans le sud de l'Irlande : Virer le phare du Fastnet ...
(En 1979, au cours de l'épreuve du "Fastnet", une tempête majeure avait endeuillé la course et le monde de la voile :15 disparu

En milieu d'après- midi, le vent adonne et nous pouvons faire du 120° mais ce n'est pas encore suffisant pour notre objectif. Toute la journée, les côtes irlandaises se sont éloignées si lentement qu'on aurait pu l'interpréter comme une marque d'a


EPILOGUE
De retour à Saint-Malo, après un séjour chaud et ensoleillé aux Iles Scilly's, nous sommes allés fêter notre superbe épopée dans un de ces petits restaurants autour du port des Bas-Sablons à Saint-Servan (Le Phare d'Alet). Nous n'étions pas installés à table depuis 2 ou 3 minutes qu'un couple sort de l'établissement après avoir réglé son addition au bar. L'image très furtive de l'homme me rappelle soudain quelque chose." Cette moustache, cette stature, ce dos légèrement vouté, je les connaissais bien sûr mais où, quand, comment ?"
Et puis, alors qu'ils s'éloignent dans la rue, ça revient en un éclair : Luc Berthillier. Bien sûr, ce nom ne vous dit rien, mais à moi il me parle et il me crie, il me crie même de courir en passant par dessus la table pour les rattraper et vérifier.
"Bonsoir monsieur, bonsoir madame, excusez-moi de vous importuner de la sorte en pleine rue, mais je crois avoir reconnu en l'un de vous quelqu'un que je connais".
La femme me dit tout de suite: "Dîtes le nom !"
La femme me dit tout de suite: "Dîtes le nom !"
"Luc Berthillier !
Le visage de l'homme s'illumine en acquiesçant. "Yes !", c'était donc lui.
Je vous explique : Luc Berthillier est un voileux professionnel à qui il est arrivé une grosse mésaventure au cours d'une de ses participations à la course du "Figaro". Dans l'étape Granville- Kinsale du lundi 22 Juillet 1985, son bateau, alors que le skipper navigue au large des Scilly's, heurte violemment une bille de bois en retombant dessus. Luc essaiera par tous les moyens de sauver son "Cuisimer", un SunFast, mais il est contraint de l'abandonner et de monter dans son bib de sauvetage. J'ai lu dix peut-être quinze fois son livre qui relate ces faits vus de sa place et aussi à la place de la famille et des amis qui y croyaient encore après que les recherches officielles furent stoppées. Une semaine de dérive en canot de sauvetage racontée dans un livre plein d'humanité et de simplicité : "Porté disparu".

C'est ainsi que nous avons partagé une partie de notre dernière soirée avec Luc et Patricia, car j'avais relaté ce fait à mon équipage alors que nous naviguions dans ces parages quelques jours auparavant. Quelle coïncidence! On dit que le monde est petit, c'est vrai mais il nous donne parfois le juste retour de nos investissements personnels et çà ce n'est que du bonheur. Donc, mémorable soirée pendant laquelle Luc répondra avec une grande gentillesse et un sens aigu de l'art de la communication à toutes nos questions.
Merci à toutes et tous pour les instants de grâce que j'ai vécu en votre compagnie.
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