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samedi, décembre 01, 2007

10- Le trek du Camp de base de l'Everest (19 avril- 12 mai 2013): Namche Bazar (3440m)- Tengboche (3860m).




Agrandir le plan



Lundi 29 avril: 6h.

 Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Ce matin, c'est celui que j'attends depuis que ce projet, mis en place par notre ami Bernard, existe. Très vite, en consultant les différents blogs relatifs à ce trek, j'ai su que c'était un peu après NB qu'on avait la vraie première vue sur l'Everest à condition, bien sûr, que le temps soit clair. 
C'est le cas aujourd'hui. Je commence à me préparer pendant que mon camarade profite encore de la chaleur de son duvet. Une fois les choses bien avancées, je descends faire un petit tour devant le lodge. Le ciel est dégagé et d'un bleu limpide. Vers le sud-ouest, c'est très insolite: la lune, qui se couche, flirte une dernière fois, avec la montagne.


Mont Tarikha (6093m)...

Le Tarikha à gauche et le mont Kongde (6168m) à droite...


Vers 8h, c'est le départ échelonné vers le haut de NB à tel point que certains d'entre nous partent à l'opposé du groupe dans le village. Il faut dire qu'il y a beaucoup de monde à partir à peu près à la même heure et que les rues de Namche sont très étroites. Vers 8h15, on se retrouve, comme convenu, en haut, à la sortie de la ville sur le chemin de Tengboche. Tout le monde n'est pas là car une petite partie du groupe est allée un peu plus loin. Petit malentendu vite effacé...
Pour l'instant, on est à l'ombre, donc c'est un peu frais. 
La progression est aisée, c'est une marche en balcon alternatif, un coup ça monte, un coup ça descend un peu. 
Je devais être complètement ailleurs quand Pradip nous arrête à la sortie d'une petite courbe, après un épaulement: Il est là devant nous. Il est loin, mais on Le distingue bien. C'est bien Lui !


                                  

Je n'imaginais pas la première rencontre de cette façon, mais je ne sais pas, d'ailleurs, si je l'avais vraiment imaginée. Je suis surpris car c'est loin, très loin et qu'on ne ressent pas la puissance du spectacle, mais Il est là. Comme le dit si bien Philippe (dans la vidéo): " On l'aura toujours vu !!" 
C'est quand même magnifique. En plus, la météo est de notre côté. Alors, apprécions l'évènement.



Au milieu, le dôme de l'Everest (8848m), à droite, le Lhotse (8414m) et le Lhotse Shar (8398m).

De gauche à droite: Le sommet, l'arête sommitale, le ressaut Hillary, le sommet sud et l'arête sud-ouest...


C'est en zoomant sur le dôme sommital qu'on ressent alors la toute puissance de cette montagne: On distingue bien le sommet sud, ensuite le ressaut Hillary et enfin les dernières longueurs de l'arête sommitale. On imagine beaucoup de vent et peut-être, un peu...frais !
C'est comme si j'y étais: Dans le livre, je relis deux phrases de Jon Krakauer (Tragédie à l'Everest) à propos de l'expédition de 1996: " Au-dessus de 8000m, la limite entre un effort adéquat et la fièvre du sommet devient dangereusement ténue. C'est ce qui explique que les pentes de l'Everest soient parsemées de cadavres ".
 Cette phrase m'avait fortement interpelé. On y est !
Tout se mélange dans ma tête, le présent que je vis là devant ce paysage exceptionnel et le passé, riche de mes nombreuses lectures sur l'Histoire de la conquête de cette montagne mythique qui a généré tant d'aventures humaines extraordinaires. L'émotion ne vient que quelques minutes plus tard. Je réalise enfin que je suis là, moi aussi. Je ne suis pas devant une photo dans un livre, mais bel et bien devant la réalité.
Je marche en souriant, un peu en retrait et en arrière du groupe. Je savoure ces instants égoïstement et c'est volontaire. Je prends des photos...


Les deux sommets: L'Everest et son lieutenant, le Lhoste.














Apparition de l'Ama Dablam (6856m) à droite...
On voit la suite de notre chemin près du stupa...Splendide fond d'écran...
Nature et traditions omniprésentes...

En live, c'est bien aussi !






Depuis une petite heure, je ne sais plus où je suis ou plutôt si mais, il y a quelque chose en moi qui a du mal à prendre conscience de cette magnifique évidence. J'avais eu cette agréable sensation en 2010 au tout début du tour des Annapurnas. C'est l'expression d'une jouissance forte qu'on garde à l'intérieur de soi-même. 
Depuis l'apparition de l'Ama Dablam, j'ai presque envie de crier à tue-tête. Quand je regarde autour et derrière moi, je n'en peux plus de ce trop plein de sensations.
 Et vous, vous en pensez quoi ? 
Vous me répondez que vous, sur les photos ou les vidéos, vous n'avez pas la perspective des espaces, les proportions en jeu, les perceptions olfactives, la caresse du vent de votre vitesse sur le visage. Alors moi, je vous dis qu'à cet instant et pendant les moments qui vont suivre, je suis heureux à un point que vous ne pouvez pas imaginer...Et cerise sur le gâteau, il fait beau et presque tiède maintenant.




Trop, c'est trop, mais avouez qu'on l'a bien mérité, car on en a un peu bavé depuis ce début de trek.
Jusqu'à l'heure du repas du midi, on ne cessera de s'émerveiller devant ce spectacle qui se modifie au fur et à mesure de notre progrssion.
Un peu après 9h, on regroupe notre équipe d'encadrement pour immortaliser le moment. J'en profite pour me faire "immortaliser" moi aussi: J'y étais !

 
 
La progression se fait sans problème, au soleil (il fait bon !) jusqu'à la pause thé. 
Après cette pause, le chemin va devenir plus étroit et plus accidenté.


Le terrain est de plus en plus accidenté...
  
Si vous regardez attentivement et précisément la photo ci-dessus vous pouvez voir notre objectif: C'est exactement dans le V de la "colline en face". Sur la photo suivante, je vous ai mis un point noir au-dessus.

Tengboche est juste en-dessous du point noir...

Les petites grimpettes vont se multiplier jusqu'à ce qu'on descende définitivement pour aujourd'hui, à travers un superbe sous-bois, vers la rivière Dudh Koshi où nous nous arrêterons pour le déjeuner vers 11h30. Nous sommes à Phunke Tenga (3250m).
 Il y a un superbe massif de rhodos juste en face. 




Je n'ai, à nouveau, pas très faim et je commande une soupe de tomate avec un demi-plat de riz aux légumes.
Il est 12h30 quand nous "remettons" ça. On franchit la passerelle de Phunke Tenga sous laquelle il y a un peu de gaz.


Cette passerelle n'était pas haubanée..
On arrive dans un petit hameau juste au pied des 600m de dénivelée. Dans cet endroit, il y a des moulins à prières qui fonctionnent avec la force hydraulique. 




Au moment où je filme un des moulins, un troupeau de yaks passe à grand renfort de clochettes et donc vous ne verrez pas le moulin...
45mn plus tard, en plein effort, je tente une séquence vidéo. Heureusement, nous sommes la plupart du temps à l'ombre et les rayons du soleil qui frappent la pente à 90° perdent un peu de leur ardeur dans les feuillages.





Le chemin est très sec avec des alternances de terre friable, de grosses pierres et de pseudo escaliers. Par moment, c'est très pentu.



Heureusement, il y a les fleurs...

On croise aussi un bon nombre de convois de yaks et le chemin n'est pas toujours suffisamment large pour que tout le monde puisse passer.

Pousses toi , Jean-Charles, tu ne fais pas le poids...

Les cornes ne sont pas loin...
































Il est temps de faire quelque chose, non ?

  Notre groupe s'étire sur la pente. Nos sherpas se sont distribués en fonction des petits regroupements. Devant, Pradip et Kancha impriment un rythme modéré en imposant plusieurs pauses. 

 
Pradip, Bernard, Daniel en pause...


Une heure quinze plus tard, nous arrivons devant la porte du village, mais nous ne sommes pas seuls.
 



En passant à l'intérieur du stupa, je remarque les peintures.




J'ai le temps, il est 14h30, et pendant que la plupart de mes camarades filent vers le lodge en compagnie des sherpas, je reste faire un panoramique sur la "place" du village. De toutes façons, je les ai repérés, c'est tout en bas, près de la "bakery". 




Une fois la vidéo dans la boite, je rejoins le lodge puis on va prendre un thé en terrasse. J'irai reconnaitre la chambre après.
Et après ça donne ceci...




Ensuite, je retrouve mes camarades qui sont partis du côté du monastère.



 


































  Evidemment, pour la cérémonie c'est fichu, mais demain on pourra en voir une à partir de 6h30. Je fais une photo du groupe à la sortie.



 


Avant de rejoindre mes camarades dans la salle commune, je passe par la chambre pour me couvrir un peu. Depuis que le soleil s'est caché derrière la montagne (ici, c'est pas difficile), le thermomètre a pris un coup à la baisse. On est à 3860 m quand même. Je mets un pantalon à la place du bermuda et une grosse polaire à la place de la petite.
Dans la salle commune, mes camarades sont déjà installés avec d'autres trekkeurs qui ont connu des fortunes diverses dans leurs aventures réciproques. C'est toujours intéressant de prendre en compte les différentes expériences des autres, surtout quand ils en terminent.
Il faut que je bouge. Je me décide à aller faire un petit repérage sur la grosse "colline" qui est en face, ça me fera une petite acclimatation. Il doit bien y avoir 150m de dénivelée. Avant de rejoindre mon point de départ, en face, au-dessus, je vois ça pendant à peine une minute ou deux...Le Thamserku joue avec les nuages qui montent de la vallée.






















































Allez, c'est parti ! 
Dans la montée jalonnée de drapeaux de prières, je passe devant un mémorial à la gloire d'une expédition coréenne en 1997 sur l'Everest. Je suis les grands drapeaux et en haut, je passe successivement devant deux stupas. J'aperçois le troisième mais la brume me fait le même coup qu'hier soir à NB. Donc, demi-tour: Mon altimètre indique 3978m. J'ai gagné presque 120m, c'est pas suffisant pour une acclimatation mais c'est mieux que rien, même si je ne suis pas resté assez longtemps en haut. 









Il est temps que je descende, le vent humide commence à me refroidir sérieusement. C'est déjà bien sombre quand je retrouve le lodge.

 


Je vais prendre un coupe-vent efficace dans la chambre et je remets le nez dehors. Cette fois-ci, je fais le tour de grand lodge qui est en haut du terre-plein et je monte un peu vers la gauche. Maintenant, je suis bien couvert, j'ai pris mon bonnet népalais en plus. Je m'arrête, trouve un gros rocher pour m'asseoir et je regarde devant moi vers l'ouest. Il n'y a rien, que du silence, excepté un peu de vent qui fait frémir les plantes basses et grincer un peu les conifères en contre-bas. 
Je pense à cette très belle journée en me disant que ça ne fait que commencer. Je souris béatement, serein, libéré de tout stress. Je suis bien.
Un bruit supplémentaire en bas et mon regard se porte sur un troupeau de yaks qui pénètre dans le sous-bois. Deux personnes les encadrent. Je décide de descendre dans cette direction et je m'approche des yaks. Il y en a une petite dizaine et les deux hommes sont en train de les attacher aux arbres les uns après les autres. J'engage la conversation en anglais avec l'homme le plus proche. Il me répond et m'explique (en anglais) que les bêtes vont passer la nuit ici et que demain, il a rendez-vous à Namche Bazar pour livrer ce que les yaks transportent. Je n'ai pas demandé quoi, mais tout était à l'abri près du lodge où il passait la nuit et demain matin avant de partir, il leur faudra tout recharger sur les bêtes. Après, m'a-t-il dit, il continuera à descendre pour rejoindre en un peu plus d'une semaine, Katmandou où il habitait avec sa famille.
Son anglais était largement suffisant pour qu'on se comprenne (le mien n'est pas top non plus !). Il m'a demandé d'où je venais et où on allait. Je lui ai dit l'essentiel. Il ne connaissait pas la France, à peine l'Europe, il savait que c'était vers là-bas, me dit-il en me montrant l'ouest. Nous avons parlé de nos âges respectifs, il avait 48 ans et en faisait 20 de plus...Dur métier, dure vie !
Il m'a dit aussi que tous les soirs, à peu près à la même heure, les nuages montaient des vallées et enveloppaient les montagnes, mais que quelques heures après, le ciel se dégageait à nouveau pour le reste de la nuit.
Il faisait presque nuit quand je me suis décidé à revenir dans la salle commune de notre lodge.
C'était l'heure du remplissage des carnets de bord et du "rummykub", un jeu de société, à base de chiffres, apporté et encadré par Jacques.




Au repas du soir (je ne me souviens plus si on a pris l'apéro traditionnel du groupe), soupe d'oignons et pâtes chinoises.
Coucher vers 20h30 mais "zolpidem" à 23h...


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