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Lundi 29 avril: 6h.
Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Ce matin, c'est celui que j'attends depuis que ce projet, mis en place par notre ami Bernard, existe. Très vite, en consultant les différents blogs relatifs à ce trek, j'ai su que c'était un peu après NB qu'on avait la vraie première vue sur l'Everest à condition, bien sûr, que le temps soit clair.
C'est le cas aujourd'hui. Je commence à me préparer pendant que mon camarade profite encore de la chaleur de son duvet. Une fois les choses bien avancées, je descends faire un petit tour devant le lodge. Le ciel est dégagé et d'un bleu limpide. Vers le sud-ouest, c'est très insolite: la lune, qui se couche, flirte une dernière fois, avec la montagne.
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| Mont Tarikha (6093m)... |
| Le Tarikha à gauche et le mont Kongde (6168m) à droite... |
Vers 8h, c'est le départ échelonné vers le haut de NB à tel point que certains d'entre nous partent à l'opposé du groupe dans le village. Il faut dire qu'il y a beaucoup de monde à partir à peu près à la même heure et que les rues de Namche sont très étroites. Vers 8h15, on se retrouve, comme convenu, en haut, à la sortie de la ville sur le chemin de Tengboche. Tout le monde n'est pas là car une petite partie du groupe est allée un peu plus loin. Petit malentendu vite effacé...
Pour l'instant, on est à l'ombre, donc c'est un peu frais.
La progression est aisée, c'est une marche en balcon alternatif, un coup ça monte, un coup ça descend un peu.
Je devais être complètement ailleurs quand Pradip nous arrête à la sortie d'une petite courbe, après un épaulement: Il est là devant nous. Il est loin, mais on Le distingue bien. C'est bien Lui !
Je n'imaginais pas la première rencontre de cette façon, mais je ne sais pas, d'ailleurs, si je l'avais vraiment imaginée. Je suis surpris car c'est loin, très loin et qu'on ne ressent pas la puissance du spectacle, mais Il est là. Comme le dit si bien Philippe (dans la vidéo): " On l'aura toujours vu !!"
C'est quand même magnifique. En plus, la météo est de notre côté. Alors, apprécions l'évènement.
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| Au milieu, le dôme de l'Everest (8848m), à droite, le Lhotse (8414m) et le Lhotse Shar (8398m). |
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| De gauche à droite: Le sommet, l'arête sommitale, le ressaut Hillary, le sommet sud et l'arête sud-ouest... |
C'est en zoomant sur le dôme sommital qu'on ressent alors la toute puissance de cette montagne: On distingue bien le sommet sud, ensuite le ressaut Hillary et enfin les dernières longueurs de l'arête sommitale. On imagine beaucoup de vent et peut-être, un peu...frais !
C'est comme si j'y étais: Dans le livre, je relis deux phrases de Jon Krakauer (Tragédie à l'Everest) à propos de l'expédition de 1996: " Au-dessus de 8000m, la limite entre un effort adéquat et la fièvre du sommet devient dangereusement ténue. C'est ce qui explique que les pentes de l'Everest soient parsemées de cadavres ".
Cette phrase m'avait fortement interpelé. On y est !
Tout se mélange dans ma tête, le présent que je vis là devant ce paysage exceptionnel et le passé, riche de mes nombreuses lectures sur l'Histoire de la conquête de cette montagne mythique qui a généré tant d'aventures humaines extraordinaires. L'émotion ne vient que quelques minutes plus tard. Je réalise enfin que je suis là, moi aussi. Je ne suis pas devant une photo dans un livre, mais bel et bien devant la réalité.
Je marche en souriant, un peu en retrait et en arrière du groupe. Je savoure ces instants égoïstement et c'est volontaire. Je prends des photos...
| Les deux sommets: L'Everest et son lieutenant, le Lhoste. |
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| Apparition de l'Ama Dablam (6856m) à droite... |
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| On voit la suite de notre chemin près du stupa...Splendide fond d'écran... |
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| Nature et traditions omniprésentes... |
En live, c'est bien aussi !
Depuis une petite heure, je ne sais plus où je suis ou plutôt si mais, il y a quelque chose en moi qui a du mal à prendre conscience de cette magnifique évidence. J'avais eu cette agréable sensation en 2010 au tout début du tour des Annapurnas. C'est l'expression d'une jouissance forte qu'on garde à l'intérieur de soi-même.
Depuis l'apparition de l'Ama Dablam, j'ai presque envie de crier à tue-tête. Quand je regarde autour et derrière moi, je n'en peux plus de ce trop plein de sensations.
Et vous, vous en pensez quoi ?
Vous me répondez que vous, sur les photos ou les vidéos, vous n'avez pas la perspective des espaces, les proportions en jeu, les perceptions olfactives, la caresse du vent de votre vitesse sur le visage. Alors moi, je vous dis qu'à cet instant et pendant les moments qui vont suivre, je suis heureux à un point que vous ne pouvez pas imaginer...Et cerise sur le gâteau, il fait beau et presque tiède maintenant.
Trop, c'est trop, mais avouez qu'on l'a bien mérité, car on en a un peu bavé depuis ce début de trek.
Jusqu'à l'heure du repas du midi, on ne cessera de s'émerveiller devant ce spectacle qui se modifie au fur et à mesure de notre progrssion.
Un peu après 9h, on regroupe notre équipe d'encadrement pour immortaliser le moment. J'en profite pour me faire "immortaliser" moi aussi: J'y étais !
La progression se fait sans problème, au soleil (il fait bon !) jusqu'à la pause thé.
Après cette pause, le chemin va devenir plus étroit et plus accidenté.
| Le terrain est de plus en plus accidenté... |
Si vous regardez attentivement et précisément la photo ci-dessus vous pouvez voir notre objectif: C'est exactement dans le V de la "colline en face". Sur la photo suivante, je vous ai mis un point noir au-dessus.
| Tengboche est juste en-dessous du point noir... |
Les petites grimpettes vont se multiplier jusqu'à ce qu'on descende définitivement pour aujourd'hui, à travers un superbe sous-bois, vers la rivière Dudh Koshi où nous nous arrêterons pour le déjeuner vers 11h30. Nous sommes à Phunke Tenga (3250m).
Il y a un superbe massif de rhodos juste en face.
Je n'ai, à nouveau, pas très faim et je commande une soupe de tomate avec un demi-plat de riz aux légumes.
Il est 12h30 quand nous "remettons" ça. On franchit la passerelle de Phunke Tenga sous laquelle il y a un peu de gaz.
| Cette passerelle n'était pas haubanée.. |
On arrive dans un petit hameau juste au pied des 600m de dénivelée. Dans cet endroit, il y a des moulins à prières qui fonctionnent avec la force hydraulique.
Au moment où je filme un des moulins, un troupeau de yaks passe à grand renfort de clochettes et donc vous ne verrez pas le moulin...
45mn plus tard, en plein effort, je tente une séquence vidéo. Heureusement, nous sommes la plupart du temps à l'ombre et les rayons du soleil qui frappent la pente à 90° perdent un peu de leur ardeur dans les feuillages.
Le chemin est très sec avec des alternances de terre friable, de grosses pierres et de pseudo escaliers. Par moment, c'est très pentu.
| Heureusement, il y a les fleurs... |
On croise aussi un bon nombre de convois de yaks et le chemin n'est pas toujours suffisamment large pour que tout le monde puisse passer.
| Pousses toi , Jean-Charles, tu ne fais pas le poids... |
| Les cornes ne sont pas loin... |
| Il est temps de faire quelque chose, non ? |






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