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samedi, décembre 01, 2007

Le tour de Corse à la voile en deux semaines




                            


De toutes les navigations méditerranéennes, il se dit sur les pontons, que le tour de l'île est certainement la plus belle. J'ai eu la chance de pouvoir le vérifier à deux reprises. En juillet 2002, nous avions loué un Sun Magic 45.2 chez "Soleil Rouge"à Ajaccio. Cette société de location offre d'excellentes prestations et les bateaux sont en très bon état.
Après une traversée en piéton à bord du ferry "Napoléon Bonaparte
" au départ de Marseille et une arrivée au petit matin dans les brumes de la baie, l'heure est venue de prendre possession de notre "canote" en bout de ponton au port Tino Rossi. La location sur place pour un tour de Corse en 15 jours me parait plus évidente pour des problèmes de météo au retour (prévoir au moins 3 jours de "tampon") et donc pour être plus sûr de finir son tour. L'annonce impromptue d'un coup de mistral dans la période où vous envisagez de remonter, mettrait à mal vos projets de retour dans les délais.
Le 19/07 vers 16h, le bateau est en mains (double barre à roue, svp
!) et après un bon avitaillement (chez Spar, on vous livre gratuitement au ponton), nous entamons notre première traversée en direction du sud-ouest, de l'autre côté de la baie, dans l'anse de Sainte Barbe où nous vivrons notre première nuit à bord. Lorsque vous traversez la baie, les fonds descendent à 880m; une alerte sondeur (il ne captait pas au-delà de 370m) nous a rapidement rappelé que nous n'étions plus en Manche. Ce premier mouillage est parfait pour une première étape et en plus le coucher de soleil sur les îles Sanguinaires est très beau. Soirée pêche et baignade en profitant d'un repos bien mérité : Nous sommes en vacances !!!





Le lendemain le 20/07: Départ se fait au moteur, dans une petite brume en direction du nord-ouest vers les îles Sanguinaires que nous franchissons par la passe centrale profonde de 7-8 m entre la pointe de la Parata et l'île Porre.


 


























Après les îles, le vent s'établit à l'ouest ce qui nous permet de remonter lentement, parce qu'il n'est pas très fort, vers le nord en direction du cap de Feno. Nous laissons le golfe de Sagone pour piquer au large de Cargèse. J'ai eu une fois l'occasion de jeter l'ancre dans la petite anse de Figueira au sud du golfe. Si vous en avez l'opportunité, n'hésitez pas, c'est superbe avec le soleil couchant à travers les ilots de la pointe de Pietra Rossa. Cargèse, elle, a la particularité d'avoir deux églises et une histoire : Une escale à faire au port ou au mouillage devant l'entrée. Mais pour nous, ce sera un peu plus loin. Nous avons porté notre choix sur l'anse d'Arone dans un site sauvage où le maquis vient se baigner dans la mer. Nous voulons être tranquilles aussi car nous avons un anniversaire à fêter.

 

 C'est seulement en fin de matinée le 21/07, après quelques temps consacrés à la plongée que nous quittons notre abri nocturne. Le thermique est à peine levé, juste pour nous faire passer le cap Rossu et après avoir affalé la toile, nous progressons au pied des falaises des calanques de Piana. Pour un breton, ce qui est extraordinaire, c'est de pouvoir tutoyer la roche à ce point. Au pied de ces murailles de roches ocres, le sondeur indique parfois 90 m et pas une tête affleurante à l'horizon. Pour la pause du midi, nous choisissons l'anse de Ficajola, une encoche dans le rocher avec quelques paillotes et une petite plage. Un bijou !
Après cette petite halte, au cours de laquelle nous avons joué (sauf moi bien sûr, j'ai horreur du vide) aux plongeurs de haut-vol, nous finissons notre tour du golfe, en ressortons et filons à notre troisième escale prévue pour la nuit : L'anse de Girolata

L'arrivée est magique avec ce fort qui domine le mouillage inondé encore par les derniers rayons du soleil. Nous trouverons une petite place à l'entrée mais n'y resterons pas....Trop de monde pour nous! Après avoir fait une balade dans le village, bu un rafraîchissement à la terrasse d'un des rares bars de l'endroit, nous préférons la petite anse de Tuara à 1/2 mille dans le sud-est où nous partageons le mouillage avec seulement une petite dizaine de bateaux ; nous en profitons d'ailleurs pour nous mettre très près de la plage. Il y a un plan d'eau derrière celle-ci : Deux des jeunes équipiers ont voulu aller y dormir "à la belle étoile". Ils étaient de retour à bord vers 3 h du matin "bouffés" par les mosquitos....



 








Au matin assez tôt, nous quittons le golfe pour enrouler la pointe Rossa et monter vers une autre merveille: Le parc naturel de Scandola. Il s'étend de la pointe jusqu'à l'île de Gargalu. Attention, le passage à terre y est très étroit et donc délicat, mais un peu plus dans le nord-est, celui entre la pointe de Palazzu et le rocher du même nom, est facile et spectaculaire. Les Marches du Paradis de l'autre côté sont magnifiques.












 









A partir de la pointe Nera, nous faisons route directe, avec un petit vent d'ouest d'à peine 10 nds, vers le Golfe de Calvi que nous atteindrons après avoir viré la superbe pointe Revellata surmontée de son phare. Derrière celle-ci, nous choisissons un mouillage après la pointe Oscellucia à 1,5 mille dans l'ouest de la citadelle. Deux voiliers occupent déjà les lieux mais il y a suffisamment de place pour en supporter un troisième. Il est 17 h, le 22/07, l'ancre rappelle par 10 m de fond (attention aux grandes algues). La soirée, à quelques encablures de Calvi, sera magique car les illuminations de la citadelle sont superbes. L'endroit est très abrité et non rouleur.



























Ici, petit problème, un bug m'a fait perdre la montée vers Saint-Florent et un mouillage superbe dans l'anse de Malfacu (Désert des Agriates) pour arriver enfin dans la baie de St-Florent.....( perdu photos et texte, sorry !)



Pendant notre manoeuvre de mise à quai, nous faisons la connaissance de l'équipage du bateau voisin (En général, nous sommes assez conviviaux). Alors que notre repas est commencé, après un apéro avec les voisins et qu'il fait déjà presque nuit, je remarque dans le ciel un magnifique nuage lenticulaire dont l'axe est dans le sens des crêtes des sommets qui nous entourent : Mauvais signe, tout ceci nous annonce un bon coup de libeccio pour le lendemain (le libeccio est un vent généralement d'ouest, mais dont la trajectoire est déviée par le profil de la côte surtout à proximité du Cap Corse dont nous ne sommes pas très éloignés).










La météo confirmant nos prévisions le lendemain, nous profitons de cette journée du 24/07 pour faire un peu de tourisme-piéton, pour goûter un peu à la gastronomie locale et pour faire le plein de "Patrimonio"(le terroir n'est pas très loin de Saint-Florent) :Ce rosé est excellent avec les charcuteries de la région. Une journée de pause bien agréable !


Le lendemain, c'est le départ pour le Nord et le grand virage vers l'Est pour redescendre de l'autre côté. Le vent est orienté à l'ouest (un bon 5 bf). Nous n'en avons jamais eu autant. C'est donc sous voilure arisée (nous avons réduit la surface de la voilure en diminuant sa surface pour mieux équilibrer le bateau) que nous filons à plus de 6 nds le long de la côte en direction du cap Bianco puisque tel est son vrai nom mais tous les voileux l'appelle le Cap Corse. Nous passons très au large de Port Century , le port le plus pittoresque du nord de la Corse.


Très vite, le fameux caillou de la Giraglia se détache de la pointe. Il existe une course célèbre qui se sert de ce rocher comme marque de parcours à virer: C'est un peu comme le Fastnet au sud de l'Irlande près de chez nous....Cf la séquence sur l'Irlande...



Il est grand temps pour nous de changer de direction et de mettre le cap sur le passage à terre entre le caillou et la côte. Nous abattons en grand pour nous retrouver au portant allure à laquelle "Soleil Rouge"nous offre un ou deux petits surfs à 8-9 nds.
Nous sommes au début de l'après-midi et comme nous envisageons de faire une nav de nuit pour shunter l'est de la Corse entre Bastia et Porto-Vecchio, nous optons pour une pause déjeuner- sieste-baignade. La petite baie de Santa Maria (çà ne s'invente pas ) est à une bonne demi-heure. A peine l'ancre est-elle au fond que tout l'équipage se retrouve par dessus bord dans une eau à 26°. En guise d'apéritif, que demander en plus..? Vive la Corse..!
L'appareillage en fin d'après midi est imbibé d'une certaine excitation surtout dans les rangs des plus jeunes car cette navigation de nuit sera pour eux une première. La"veillée d'armes" se fera au mouillage devant le village d'Erbalunga. Nous y dînerons et nous nous y préparerons (météo, quarts, route etc....). Mais avant cela, nous avons 3 ou 4 heures de route au cours desquelles nous verrons "notre" premier incendie dans l'arrière-pays de Macinaggio.











Quand nous arrivons à notre destination du soir, la mer est barrée par la fumée sur notre arrière et forme un rideau impressionnant.

Les plus jeunes ne résistent pas à l'envie d'un dernier plongeon avant de partir. Le vent est annoncé fort en ce début de nuit. Il souffle un bon 6 bf quand nous arrivons à la hauteur de Bastia dont les lumières se reflètent dans la mer et créent un spectacle féerique que nous n'oublions pas d'immortaliser. A la seule bouée cardinale Est, bien sûr, qui marque la limite sud de la baie de Bastia, le vent est déjà nettement tombé et "Soleil Rouge"est confié aux bons soins d'Arthur notre pilote automatique in-board. Nous renvoyons toute la toile (C'est facile, nous avons 2 enrouleurs). Nous réglons l'angle par rapport au vent( c'est du travers) et c'est parti pour une nuit de veille attentive. J'ai choisi de veiller dans le cockpit à proximité des commandes du pilote.Toutes les 30 mn, je fais un tour d'horizon et me recouche de suite. Le trafic est quasiment nul, on ne navigue pas beaucoup de nuit en Corse. Une fois la bouée Est de Lucciana repérée et virée, la nuit sera particulièrement calme et sereine guidée par le phare d'Alistro que la portée de 22 milles nous permet de voir durant quelques heures : Un changement de cap de 20° au large des bouches de Tavignano et c'est tout!


Le jour va nous créditer d'un magnifique lever de soleil présumant une journée très chaude. D'ailleurs le vent en profite pour nous fausser compagnie. Nous terminerons donc au moteur et sous grand-voile histoire de faire de l'eau chaude pour les douches et de recharger nos batteries. Un ferry qui doit se rendre à Porto-Vecchio croise au large. Où allons-nous prendre notre p'tit-dèj? L'anse de Canella nous parait fort "acceptable". Située à quelques milles au sud de Solenzara, elle répond à nos critères principaux: Repos (pour le skipper), repas pour tout le monde et baignade pour les jeunes.
Nous sommes le 26/07 . Il est 8 heures quand nous jetons l'ancre sur une plaque de sable dans l'anse et la journée s'annonce belle...belle...belle.
Après une navigation de nuit, rien de tel qu'un petit plongeon pour vous remettre en forme. J'en profite d'ailleurs pour aller faire un tour sur la plage et pénétrer un peu plus à l'intérieur: J'y suis d'ailleurs assez mal accueilli car cet endroit est manifestement occupé par un groupe de campeurs qui ne souhaitent pas être dérangés car leur situation ne semble pas être réglementaire. Retour à bord donc pour le petit déjeuner qui est déjà prêt.


C'est seulement en début d'après-midi que nous reprenons notre périple vers le sud avec comme objectif Porto-Vecchio. Un léger vent...... d'Est s'est levé, c'est l'expression du thermique de ce côté-ci de l'île. L'asymétrique est envoyé, nous gagnons un bon noeud en vitesse sur le fond. Trois petites heures plus tard, nous entrons dans le golfe de Porto-Vecchio en passant dans l'ouest de la tourelle de Pecorella ce qui nous permet de rester sous notre asymétrique. Belle entrée ! La pointe de la Chiappa sur notre bâbord est splendide avec son phare et son sémaphore blancs immaculés. Pour être plus manoeuvrant, nous affalons (je devrai dire nous enroulons pour être plus précis) car ça navigue beaucoup dans le coin..Petits voiliers, planches à voile etc. Dans un premier temps, nous allons nous poser au sud-ouest de l'ilot Ziglione juste en face du port. Eh oui, c'est l'heure de la sacro-sainte baignade!..


Quelques plongeons plus tard, nous émigrons vers le Nord du golfe dans la petite baie de Stagnulu où nous mouillons pour la nuit. Le coucher de soleil au-dessus de Porto-Vecchio est indescriptible...
















Il est 11h, ce Dimanche 27/04 quand nous franchissons à nouveau mais dans l'autre sens, la passe d'entrée, en laissant la pointe de la Chiappa sur notre tribord. A propos, est-ce que vous connaissez l'origine de ce mot? Bien entendu, vous pensez tout de suite à bat-terie le moyen mnémotechnique pour vous souvenir du côté, mais celà ne vous en explique pas l'origine. Le mot viendrait du hollandais "stieerboord" ce qui signifie le bord du gouvernail, c'est-à-dire le côté où se trouve la barre à roue quand on barrait dans l'ancien temps à gauche de celle-ci. Bâbord vient aussi du néerlandais et signifie "bakboord" le côté du dos parce que le pilote manoeuvrait en tournant le dos au côté gauche du bateau.

Cap au Sud donc, l'asymétrique est à nouveau de sortie. Les îles Cerbicales sont droit devant notre étrave. Nous les laissons sur notre bâbord et décidons de faire une petite halte.....baignade (eh! oui, encore une ) dans le golfe de Porto Nuovo dans lequel nous choisissons la crique la plus au Sud. L'endroit est beau et d'une grande "minéralité". Quelques beaux cailloux émergent dans notre arrière, juste quelques bateaux et un calme propice au"farniente". Si vous y allez un jour , préférez cette crique plutôt que l'autre, la végétation y est omniprésente et l'association des couleurs exceptionnelle. Attention cependant aux fonds qui sont très rocailleux! Pensez à oringuer, c'est plus sûr, même pour quelques heures seulement. Une ancre qui reste accrochée au fond à un caillou, c'est toujours désagréable même quand l'eau est à 26°.
Entre le golfe de Porto Nuevo et la baie de Rondinara, il y a à peine 3 milles que nous faisons au moteur car le vent une fois de plus nous a lâché en cette fin d'après- midi. L'entrée de la baie parait plus grande qu'elle n'est en réalité mais cet endroit est d'une majesté sans nom. C'est vrai, le nom le dit , c'est un rond, mais quel rond ! Tout y est, le sable blanc, les cailloux, la végétation bref c'est....trop top comme le disent si bien nos jeunes quand ils ne trouvent plus de qualificatif approprié. Dans l'instant, nous sommes très concentrés car le pilote côtier nous signale un "platin" que nous avons du mal à localiser car il n'est pas balisé. L'endroit n'est pas désert, il est 18h et beaucoup de"collègues" ont déjà pris leurs quartiers de nuit. Prudemment avec un équipier dans le balcon avant, les yeux rivés sur les fonds, nous progressons vers le nord de la baie où nous trouvons une place très près de la plage grâce à la petitesse de notre tirant d'eau en prenant suffisamment de marge pour notre évitage, si le vent venait à se lever pendant la nuit.
Il est temps maintenant de regarder autour de nous....


La luminosité décline petit à petit et monsieur "le soleil" nous offre encore un spectacle de tout premier ordre avant de disparaitre derrière la colline. Sa clarté est belle mais un peu blanche...Du vent pour demain ?

Un appel au sémaphore de La Chiappa avant la nuit nous confirme les prévisions déjà entendues dans la journée et notre observation sur le soleil : Avis de coup de vent 7 à 9 bf (sud-ouest..encore le libeccio). Dans cette baie , nous serons bien abrités du clapot et partiellement du vent car il passera forcément par-dessus la colline en se renforçant (vous savez , vous qui naviguez, cela s'appelle l'effet "venturi").
Ce lundi 28/07 sera mémorable à plusieurs titres. Tout d'abord parce que la lumière du jour nous dévoile cet endroit d'une autre façon. Après une excellente nuit, le paysage du matin est inoubliable....Après un petit déjeuner en "terrasse" et quelques ploufs dans une eau d'une clarté plus que limpide, c'est un peu l'heure du farniente en attendant le vent. A 11h, il est au rendez-vous. En une demi-heure, nous avons 30 nds. Pour être encore plus à l'abri des rafales, je décide d'aller nous mettre plus dans l'Ouest, près de la grande plage et pour être mieux tenus dans les rafales, je décide de mettre une 2ème ancre en affourchant devant.(En résumé, on met 2 ancres en V pour mieux tenir). L'heure est maintenant aux photos, le bateau et son équipage étant en sécurité. Dans cette séquence , vous n'en verrez que quelques-unes qui j'espère, vous "parleront".

Cette baie est véritablement un paradis pour tout le monde : La couleur de l'eau, l'environnement.....








Vers midi , je m'offre une petite sieste réparatrice (Et alors ! nous sommes en Corse... oui ou non ?). Je suis profondément endormi dans une des cabines doubles de l'avant quand un des jeunes du bord vient me réveiller en me disant :"Jean-Charles, il y a le feu!"
Je passe ma tête à travers le grand hublot ouvert et je constate qu'une immense colonne de fumée s'élève dans la colline à notre vent. En quelques instants, tout le mouillage est en effervescence. Jumelles en batterie, appareils photos, caméscopes....Ce feu naissant est inquiétant !
C'est inquiétant pour plusieurs raisons : Il n'a pas plu depuis longtemps, c'est donc très sec, le vent est très fort et la végétation va favoriser l'extension du feu. En 30 mn, le feu passe de crête en crête en se renforçant. Les premiers "canadairs" passent au-dessus du plan d'eau car ils vont écoper dans le golfe de Santa Manza juste de l'autre côté vers le sud. C'est la GUERRE ! En moins d'une heure, 3 avions, 3 canadairs, 4 ou 5 hélicos , 3 bateaux d'évacuation sont mobilisés. En effet, le feu empêche le retour pour tous les touristes qui sont venus passer leur après-midi à la Rondinara. Et il y a beaucoup de monde !...
Pour nous , c'est un spectacle tragique orchestré par le ballet incessant des canadairs et leurs approches au-dessus de nous sont impressionnantes d'adresse et de témérité de la part des pilotes.













































Vers 18h, l'incendie semble maitrisé et les estivants ont été évacués par la ronde des hélicos de transport. Seuls deux "alouettes" resteront en veille pendant toute la nuit. Le feu a balayé l'arrière- pays sur quelques kilomètres et a été stoppé pratiquement au bord de l'eau. Aux infos, nous avons entendu parlé d'une victime mais il n'y a pas eu de confirmation. C'était très impressionnant car les flammes tourbillonnaient en l'air avant de se poser plus loin sous le vent.
Vers 20h, le calme est revenu sur la Rondinara. Les commentaires vont bon train sur les bateaux : Et s'il avait fallu partir ou évacuer les gens de la plage?
La météo pour le lendemain bien qu'un peu musclée promet une journée tonique comme on les aime en Bretagne. Pour nous avancer un peu , nous mettons l'annexe à l'eau pour aller relever la 2ème ancre qui ne se justifie plus car le vent est nettement tombé à la mi-journée.



A 7h30 le lendemain mardi 29/07, nous franchissons la passe de sortie. Il souffle un bon 5 bf, la mer est peu agitée et le ciel complètement dégagé. Cap au sud tribord amure sous voilure partiellement arisée. Malgré une bonne gîte due à la petitesse de notre tirant d'eau (on ne peut pas tout avoir !) "Soleil Rouge" file à 6-7 nds.


Nous avons prévu de faire une halte soit sur l'île de Cavallo à quelques milles devant notre étrave, soit aux Lavezzi mais la 1ère option sera la bonne car au fur et à mesure que nous faisons du sud la mer se creuse et le pilotage dans les cailloux des Lavezzi serait trop dangereux dans ces conditions. (Nous y reviendrons un autre jour, peut-être)...


L'anse de Zeri dans le nord-est de l'île nous parait facile d'accès. Il est 9h30 quand nous enroulons la voilure et commençons à entrer prudemment dans l'anse au moteur. Peu de bateaux, nous nous enfonçons plus profondément. L'ancre est "déposée" quand le sondeur affiche 4 m sur fond de sable. Nous laissons une touée de 18m (la longueur de mouillage nécessaire qui doit être égale à 3 fois la profondeur) car il y a quand même un peu de vent. Le rappel sur ancre est assez sec (Quand le mouillage accroche, il stoppe d'autant plus net le bateau quand il y a du vent ou que l'on recule vite pour dérouler la chaine sur le fond).


L'île de Cavallo est un peu particulière tout d'abord parce qu'elle est privée et qu'ensuite ses résidents ont un niveau social très élevé: Gens du show-bizz, pilotes de F1 renommés, millionnaires en tous genres...Il y a même une piste d'atterrissage pour leurs petits avions privés. Le port situé situé dans le sud de l'île n'est fréquenté que par des yachtmen aux porte-monnaie bien garnis. Deux membres de notre équipage sont allés faire quelques emplettes à la superette du port. L'addition a été très lourde pour un peu de beurre, de confiture et de pain pour notre petit-déjeuner. La circulation à terre se fait à pied ou..... en voiturettes électriques qui appartiennent à la communauté et que les résidents peuvent laisser sur des petits parkings aménagés pour la recharge des batteries. Bref, c'est très spécial ! Les maisons (je devrais dire les villas) sont bien intégrées dans ce paysage de roches roses polies par la mer et le vent.













Vers 14 h, nous quittons ce petit "paradis" non sans avoir pris un solide p'tit-dèj car à partir de maintenant , le plat de résistance nous attend : Sans faire de jeu de mots aucun ce sont les.....bouches de Bonifaccio (aussi réputées que le raz de Sein chez nous en Bretagne). Au fur et à mesure que nous sortons de l'abri des Lavezzi, le vent monte d'un cran dans l'échelle Beaufort, la mer se creuse de plus en plus(2 à 3 m) mais çà ne déferle pas.
La vitesse a aussi augmenté. Le clapot pour l'instant ne nous gène pas, nous montons avec les vagues que nous recevons de travers. La tourelle de l'écueil des Lavezzi est repérée et identifiée aux jumelles. "Tourelle au 270°!", nous lofons un peu en direction de la cardinale sud que nous virons comme une marque de parcours. Nous sommes maintenant bâbord amure en direction du cap Pertusato à la pointe sud de la Corse. Les vagues sont maintenant pratiquement de face et "Soleil Rouge" cravache en escaladant chacune d'elles à 6-7 nds. C'est magique une fois de plus!

La Sardaigne au vent, les Lavezzi sous le vent et la pointe sud de la Corse droit devant, quel spectacle.! Nous en rêvions tous à bord depuis le début de cette croisière. Ce passage est plus impressionnant que le "virage du haut".




En trois virements de bord bien orchestrés (c'est la première fois depuis le début du périple que nous enchainons autant de manoeuvres en si peu de temps) , nous sommes au pied du phare du cap Pertusato pour préparer un dernier virement et faire notre dernier contre-bord pour être en route directe sur l'entrée de Bonifaccio.


Après un ultime virement, nous nous retrouvons au vent de la côte, bâbord amure à 1,5 mille des falaises de calcaire pour ne pas être victime du ressac fréquent dans ce coin par fort vent de sud-ouest ou ouest ce qui est le cas aujourd'hui. C'est beau et inhabituel ce spectacle de falaises crayeuses sur une aussi grande étendue (Une première pour l'équipage).



Mais où est le "trou"pour rentrer ? Nous scrutons avec les yeux et fouillons avec les jumelles dans l'espoir de voir ce phare d'entrée de la Madonetta qui doit bien se détacher du rivage car sa tête d'après les instructions est rouge. Cà doit se voir!.."Là, je l'ai , je le vois..!"

En effet, c'est lui! Nous pouvons abattre en grand pour préparer notre entrée que nous avons décidé de faire à la voile. Grande émotion que cette entrée, tout se passe très vite car nous allons vite. Une fois entrés, nous enroulons le génois pour y voir plus clair devant et aussi parce que l'endroit est inconnu pour nous. (Mais nous l'avons tellement espéré et préparé que nous avons l'impression de le connaitre par coeur). Il est 17h le mardi 29/07, nous ne sommes pas sûrs d'avoir une place car le coup de téléphone d'hier pour en réserver une, nous a fait comprendre qu'au vu des conditions de navigation d'aujourd'hui, il n'y aurait pas beaucoup de mouvements de bateaux et donc que le port resterait"complet", mais nous sommes heureux: Heureux de notre journée de belle navigation avec des conditions intéressantes et très maniables, heureux d'être là....Le bonheur ! Mal accueillis dans un premier temps et même refoulés par le jeune employé saisonnier du port, nous finirons par trouver, sur ses conseils, une place à couple d'un voilier hollandais en bout de ponton.....A nous la belle vie, car cette ville a l'air d'être magnifique !


Nous nous mettons rapidement en tenue de "touristes". Les abords du port sont essentiellement voués à la clientèle estivale vu la profusion de restaurants, magasins de souvenirs etc. Les possibilités de promenades dans les falaises et d'excursions vers les Lavezzi sont importantes.


Très vite, nous sommes irrésistiblement attirés par la citadelle que nous visitons avec plaisir tant l'endroit est beau, mais il faudra faire un peu "d'escalade " avant. Une visite au cimetière s'impose aussi : Les tombes sont des véritables petites maisons blanches et n'ont rien de commun avec les nôtres en Bretagne. Ce soir, c'est restaurant et nous nous mettons en quête d'un établissement recommandé par le guide du Routard. Nous ne serons pas déçus, c'est une cuisine excellente, copieuse et traditionnelle. L'accueil est familial et le cadre sympathique: Cantina Doria, au 27 de la rue du même nom dans la citadelle. Il vous faudra réserver au 04 95 73 50 49 chez José Terrazzoni.


A la sortie du restaurant, nous déambulons comme de bons touristes dans les petites ruelles de la citadelle et prenons quelques photos vues "d'en haut".































Le panorama qui s'étend sous nos yeux et nos objectifs est magnifique: La Sardaigne dans le sud-ouest, les éclats du phare du cap Pertusato dans le sud et cette lumière sur les falaises de craie....
Il est temps de redescendre vers le port; demain, une belle journée de navigation nous attend encore.




 Mercredi 30/7:

Un petit vent d'Ouest nous cueille à la sortie au pied de la maison carrée blanche de la Madonetta. Bien entendu, c'est vers l'ouest que nous allons en direction du cap de Feno et la perspective de tirer des bords toute la journée dans les petits airs nous rebute un peu. C'est donc au moteur que nous remonterons vers le cap de Feno. Nous espérons qu'il sera possible de naviguer à la voile après celui-ci, en direction du cap Senetose une petite dizaine de milles plus loin. Il fait toujours grand beau et nous longeons la fin des falaises crayeuses si spécifiques à cette merveilleuse région de la Corse.

Au cap de Feno, nous pouvons abattre un peu mais le vent lui, a pratiquement disparu. Environ 8-9 milles nous séparent de notre étape du midi que le pilote côtier nous décrit comme magnifique: L'anse de Roccapina. Avant cela , nous laissons l'écueil d'Olmeto sur bâbord en serrant la tourelle du Prêtre. L'accès de l'anse, par contre, semble un peu délicat du fait de la présence de nombreuses roches mais l'eau est claire et la lecture de nos cartes électroniques facile à interpréter. Nous postons quand même une vigie dans le balcon avant au cas où.......
L'ancre "croche" dans le sable. L'eau claire et transparente nous permet de voir les 20 m de chaine se poser dans le fond. Les jeunes sont déjà à l'eau, c'est vrai que cet endroit a quelque chose d'estival. La plage de sable blanc est grande et encadrée par deux pointes boisées et verdoyantes. Il y a du monde, beaucoup de monde, car on peut accéder en voiture dans cette anse..Il est 13h30 le 30/07 et c'est maintenant l'heure de la baignade pour tout le monde y compris pour le capitaine. Il est pratiquement 16 h quand nous quittons le mouillage et un léger zéphyr d'ouest s'est levé, juste assez pour ne pas naviguer au moteur toute la journée. Le cap Sénétose est à 6 milles et au près il nous faudra une heure et demie pour l'atteindre. La pointe Aquila est facile à reconnaitre et le cap aussi avec ses deux tours blanches reliées entre elles. Il y aurait même un mouillage derrière le cap dans une petite crique mais la hauteur d'eau y est importante (7à 8 m) et surtout les fonds sont rocheux et on nous conseille d'oringuer. Nous ne résistons pas à l'idée d'aller juste pour voir ce sîte qui nous parait extrêmement sauvage.


Un bateau italien, croyant sans doute qu'on allait prendre la place avant lui, nous fait "l'intérieur". Dans la crique, il y a un "monstre", je veux dire par-là un énorme voilier avec au moins 3 étages de barres de flèche et 30 m de longueur de coque. Nous en faisons le tour à distance pour ne pas déranger: Il est somptueux, le salon de pont semble en cuir de couleur jaune et l'équipage en tenue uniforme. Les proprios ou les locataires se pavannent nonchalamment en buvant un "cocktail". Pas le même monde ! Mais l'endroit est étonnant de calme et de sérénité. Nous reprenons notre route au moteur car nous avons décidé pour notre étape du soir de nous offrir le petit port de Porto Pollo de l'autre côté du golfe de Propriano dans son nord. La météo nous annonce du nord-ouest assez faible pour la nuit et le lendemain. Pas de libeccio et c'est tant mieux !











Nous rasons la pointe d'Eccica. Cap au 20° pour traverser le golfe. A la pointe de Porto Pollo, les fonds remontent brutalement alors que nous passons très près des roches de Tarano. Après un rapide tour du mouillage "organisé" de Porto Pollo, où çà roule un peu, nous contournons la petite pointe dans l'est du port, pour aller nous mettre à l'abri derrière elle. Depuis, même ce petit mouillage que nous avons" inauguré" ce soir-là est organisé, car en 2004, j'y suis retourné en catamaran et des bouées étaient en place mais c'est gratuit..! (pour le moment...). Nous avons réussi à nous approcher le plus près possible des cailloux ronds qui nous faisaient penser à ceux de notre belle Bretagne du côté de l'île de Bréhat...


Le lendemain matin, après une nuit calme et sans problème, nous repassons les roches de Tarano sous un ciel gris (la première fois depuis le début de notre aventure), il y a même de gros nuages noirs dans le nord-ouest. Contrairement aux prévisions météo de la veille, le vent est beaucoup plus fort et orienté un peu plus à l'ouest. Avec l'annexe en remorque, nous tirons donc des bords entre la pointe de Porto Pollo et le cap Muro qui marque l'entrée de la grande baie d'Ajaccio. Le ciel se dégage petit à petit. Nous ferons même une incursion dans la fameuse anse d'Orzo (vous savez, c'est celle de la paillotte incendiée). Au cap Muro, nous pouvons abattre. Pour la pause du midi , nous choisissons l'anse de Cacalu juste au de l'autre côté du cap : Mouillage sauvage au pied de ses deux tours génoises. Nous sommes revenus dans la baie d'Ajaccio depuis quelques instants au moment où notre ancre descend vers le fond et une espèce de nostalgie gagne le bord. Nous avons un jour d'avance sur notre planning. Les deux derniers jours seront donc consacrés à du cabotage. La petite anse de Médéa nous accueille le 31 juillet vers 15h. Une petite troupe de dauphins nous fait la fête dans l'entrée. Nous trouvons une bonne place derrière le petit môle du port. Tout le reste de la journée sera consacré à des activités estivales: Baignade, baignade et......balançoire.


Le lendemain soir , nous dormons à bord avant de prendre le ferry pour le retour. Au soir du 2 Août, la cité phocéenne, le chateau d'If et Notre Dame de la Garde nous apparaissent avec les premiers rayons de soleil déclinants.


Je ne voudrais pas terminer cette séquence consacrée à la Corse sans remercier mes amis sans qui cette escapade au pays du cochon sauvage et du maquis odorant n'aurait pas eu lieu. Cette croisière peut être envisagée avec un équipage familial sans aucun problème.
Merçi à vous Catherine, Laurent et Thierry et vos sympathiques enfants ! Cette séquence vous est dédiée afin que vous puissiez revivre quand vous le désirez, les merveilleux moments que nous avons passés ensemble.

 

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