Le tour des Annapurnas (2010) : Jagat- Dharapani...

JAGAT (1300m)- DHARAPANI (1860m)

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Jagat - Mardi 13 avril, 16h30 : C'est notre première vraie arrivée dans ce trek, c'est magique.
Il nous suffit de trouver notre lodge.
La vie est belle: Comment va être cet "hôtel", que va-t-on manger ce soir, y aura-t-il une douche à peu près chaude, que va-t-on vivre pendant cette soirée?
Oh, merci pour toutes ces interrogations futiles !
On n'a que ça à faire, c'est magnifique ! La gestion du temps, du moment, nous appartient pleinement, c'est vraiment du grand bonheur. Mon coeur déborde de sensations de sérénité, de plénitude. Je suis heureux !
Ah, oui, tu l'as bien écrit, Bernard ( merci pour cette lecture fidèle et assidue). Ce fut la journée de confirmation: Avait-on fait les bons choix de matériel, sommes-nous en forme?
Ce soir, on en sait déjà un peu plus et puis...on est là, on le vit ce trek, on est en plein dedans. Il n'y a que de la joie, de la vraie, sans retenue, oh, que c'est bon !

Ce village est réellement magnifique et je ne dis pas ça parce que c'est notre premier village d'étape, mais parce qu'il est chouette avec ses couleurs bigarrées, ses drôles de noms d' hôtels.




















Notre hôtel est à la sortie du village, c'est peut-être voulu de la part de Pradip et Babu pour qu'on apprécie encore plus les arrivées...Bien sûr, ce village a une architecture "orientée" avec tous ses lodges, mais il est authentique et parlant.
Au fait, vous avez vu le nom de cet hôtel?
The North Face River View... ça, c'est un nom d'hôtel. Nous sommes le 13 avril, à 1300m d'altitude, je suis né un vendredi 13 mai à 13h (oui oui), que vouliez-vous qu'il m'arrive aujourd'hui?
Quand même, ces deux pierres sur les deux bizuths du groupe ! J'en frissonne encore.
Sitôt arrivés, sitôt San-Miguel à la terrasse !
Un problème? Croyez-moi, ça fait un bien énorme messieurs-dames...Pendant ces instants, c'est le moment des échanges, de se raconter les petites péripéties de la journée...Bref, le groupe s'installe, prend corps, se constitue.














 


Après cet instant convivial, il est temps de d'occuper nos "suites". Avec Joël, nous sommes au deuxième étage à côté de la chambre des dames. Vue imprenable sur le reste du village...


On se met à l'aise dans des vêtements amples et en chaussant des "savates" pour décongestionner nos pieds. Il y a plusieurs douches donc pas de problème pour qui aime les températures toniques ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Des fils à linge abrités permettent d'aérer certains vêtements à défaut de les laver. Vers 19h, on se retrouve à nouveau sur la terrasse pour...l'apéro pastis-saucisson-chansons. Le deuxième orage de la journée menace sérieusement. C'est pas grave, on est à l'abri sous un auvent.
C'est à partir de ce moment que nous faisons la connaissance d'Eva qui nous rejoint pendant la partie chanson.. C'est une jeune québécoise de 20 ans qui "treke" toute seule avec un guide et un porteur et qui apparemment fait le même circuit que le nôtre avec les mêmes étapes. Je crois que notre groupe l'a adoptée tout de suite tellement son enthousiasme est spontané et communicatif. Elle a aussi une façon de se poser qui est tellement...........
Bref, elle va devenir petit à petit, notre petite égérie...
Le repas du soir sera pris en commun pendant que l'orage s'exprime au dehors.





Repas aux chandelles : Soupe, lasagnes aux légumes, fromage, orange plus "black tea".
A demain !


Mercredi 14 avril: Lever 6h15.
Au p'tit dèj, omelette, pancake, miel ou confiture et thé.


















Eva ne tarde pas à nous rejoindre...Dans la rue, un interminable troupeau de chèvres progresse en agitant ses clochettes sur l'artère principale du village.

















7h30 : Départ, le ciel est dégagé, la température agréable, l'air ambiant humide. Nous sommes au-dessus de la rivière en balcon "montant". La vallée est très encaissée. On traverse des petits hameaux. En face, une immense cascade de plus de 200m. Impressionnant !




















8h30 : A Chyamche (1430m), on passe de l'autre côté de la vallée en empruntant une passerelle. Le sentier est, dès lors, à flanc de la paroi quasi verticale. On continue à monter dur. Nous sommes en plein soleil. L'effort est important. On a pris 250m de dénivelé positif depuis la passerelle.

















9h30 : On fait une pause à Sattale (1680m). Boissons, petites bananes...


Quelques secondes après la prise de cette photo, Joël nous fait un petit malaise vagal ou hypoglycémique. Pas d'affolement, repos, boissons, alimentation en sucres rapides. Quelques instants plus tard, tout est revenu dans l'ordre. Babu portera le sac de Joël pour le restant de la matinée et on va monter un peu moins vite. Daniel G nous avouera, un peu plus tard avoir eu aussi un petit malaise hier.

10h15, on repart. Depuis un certain temps, je suis talonné par un convoi de mules. Je progresse à la même vitesse, devant lui et tout va bien jusqu'au moment où un autre convoi arrive en face dans une courbe étroite. A cet instant, je ne pense qu'à la remarque de Bernard : Passer entre la montagne et les animaux pour éviter de se faire éjecter en contrebas.
Mais les mules s'affolent un peu quand l'un des deux muletiers leur jette des cailloux pour qu'elles aillent sur le bon chemin. Deux d'entre elles partent au-dessus de moi dans de la caillasse qui, évidemment, sous la pression des sabots, se délite et j'ai, cette fois-ci, le plaisir de "ramasser" une grosse pierre dans la hanche droite et une autre contre la cheville. Décidément !


Le sentier s'élargit et l'espace s'ouvre. En haut d'un bon raidillon, nous faisons la pause-boisson "Exotic Treks". Je raconte mon "aventure" à mes amis et après cet "incident" pour parler d'une telle situation, nous utiliserons l'expression suivante: Etre "enmulé". On s'est arrêté pour prendre un rafraichissement mais aussi pour se reposer avant...une difficulté. Depuis que chacun d'entre nous marche, on a appris à déchiffrer une carte et on sait identifier une grimpette à l'aide des courbes de niveau. Eh, bien, croyez-moi, ici, il va y avoir du sport... Sur la carte, on peut lire "Long Hot Climb" ce qui littéralement en français signifie longue montée "chaude", sous entendu difficile mais ce qui est moins drôle, c'est que notre...montée est actuellement en plein...soleil.
D'ailleurs, le terrain ne dément pas la carte, c'est..."hot", dans tous les sens du terme.
45 minutes après, je suis en haut et je peux vous affirmer que l'effort tue toutes les velléités de faire des photos. Il va falloir que ça change parce que j'aimerais bien, à l'avenir, capturer des témoignages pendant l'effort ...
En haut de cette belle grimpette, il y a un "arc de triomphe". Ce que nous venons de gravir lentement pourrait être ce qu'on appelle un verrou glaciaire. Il y en a quelques-uns dans les Alpes.
En haut, la récompense visuelle est à la...hauteur de notre effort.





















C'est le "way-point" de notre mi-journée que nous apercevons: C'est le village de Tal (1700m). Il est situé dans la province de Manang ce que nous indiquait le chorten situé en haut de la "grimpette". C'est beau !
Le site géographique est peut-être, sous toutes réserves, celui d'une vallée glaciaire en forme d'auge ou en U. En descendant légèrement vers le village , j'ai l'impression d'être dans un décor de western...

A 11h45, nous franchissons la porte de Tal devant la guérite des militaires avec un beau moral de vainqueurs.


















Cette matinée a été sérieuse, question intensité de l'effort. on peut dire qu'on est rentré dans le vif du sujet. On "déroule" tout doucement en traversant le village parce qu'on suppose que le restaurant est situé à la sortie.
Premier...contact avec un mur de moulins à prières : "Sahib, toi passer à gauche, Sahib, sinon, les dieux pas contents, Sahib, et nous avoir malédiction..." Vous vous souvenez de Tintin au Tibet quand le capitaine Haddock dévale la pente sans retenue et qu'il doit négocier le passage d'un "chorten". Le sherpa Tharkey lui demande de passer à gauche sinon la malédiction s'abattra sur la cordée.
Donc, je passe à gauche en faisant tourner chaque rouleau avec ma main droite (jamais la gauche, elle est impure).
Nous apercevons Babu à l'entrée du "restaurant".

















 


Ce restaurant a un nom prédestiné: C'est le Paradise Hotel...Nous investissons la terrasse qui a une partie à l'ombre et commandons rapidement quelques rafraichissements. Le groupe Eva nous a devancé. Bernard ne tarde pas à sortir la guitare de son étui...Le carnet de chants est en place et c'est parti...

















Avec l'ambiance qui monte d'un cran, Eva nous interprète un chant népalais avec son propre guide et en népalais, s'il vous plait...





Joli moment, n'est-ce-pas ?

Mais qui voyons-nous arriver là ?
J'vous l'donne en mille. Allez, chercher bien ! Voilà, vous avez trouvé !
Les A-lli-bert, voyons... avec Jean, notre voisin d'avion, qui en profite pour nous raconter comment ils sont arrivés là, ce midi, alors qu'ils devaient quitter KTM 24h après nous...
Nous prenons notre repas à l'intérieur, car la terrasse n'est plus à l'ombre et ça "cogne"vraiment !
Spaghettis aux légumes plus du thé.

13h30: Nous repartons, le chemin suit le lit de la rivière puis s'élève un peu par alternance en prenant appui sur la paroi rocheuse.


















Maintenant, regardez bien la photo de droite. Dans quelques secondes, il va s'y passer quelque chose. Babu et Pradip sont devant moi, lorsque soudain, ils se mettent à courir vers la droite, vers la paroi de la montagne. Daniel G, qui est devant eux, ne comprend pas tout de suite ce qui se passe. Ils viennent tout simplement d'entendre des pierres qui ricochaient sur la paroi en tombant...L'une d'elles, énorme, tombe à 4m de Daniel G sans que celui-ci ait pu faire quoi que ce soit. Pour lui aussi, ce n'était pas le jour !
Enfin, tout le monde n'est pas malchanceux comme George Clooney...!!!
Le chemin se transforme parfois en piste 4x4 car, elle est bien en construction " l'autoroute du tour des Annapurnas". Regardez sur la photo de gauche, on l'a voit bien la "saignée"... 
On rattrape un convoi de mules. On va être "enmulé" pour un moment...





















Nous allons être sauvés par une première passerelle à Karte (Khorto) puis par une deuxième à Natange.





























 




On a vraiment rattrapé les mules et plus d'espoir de les doubler sans prendre un risque. Patience, donc ! C'est que je me méfie maintenant avec ces bestioles...J'ai déjà donné !

A 16h, nous passons la porte du village de Dharapani sur la rive droite de la Marsyangdi River. Les mules font la pause à l'entrée...
Nous poursuivons, c'est maintenant une coutume, jusqu'à la fin du village pour apercevoir sur notre gauche le bâtiment coloré de notre lodge, le Green Park Guest House. Encore une journée merveilleuse, riche en sensations et en émotions.

















Les porteurs ne sont pas encore là. On s'installe à l'extérieur, en terrasse pour prendre une boisson fraiche bien méritée.

















Une partie de lessive, une séance de stretching, quelques douches chaudes plus tard, le groupe au grand complet se retrouve dans la salle commune pour son traditionnel apéro-pastis-chanson.

Au repas du soir, super-momos-frites avec une sauce assez "dynamisante" comme le dirait si bien Marie-Do...
Demain, je le sais, car avant de partir pour ce trek, j'ai lu beaucoup de blogs sur le tour des Annapurnas, on va "les" voir. Si la "visi" est bonne, ça va être "grand"...J'en ai la larme à l'oeil rien que de savoir que demain...
Je ne sais pas si je vais bien dormir.
A demain ! 
Et ne soyez pas en retard, nous partons tôt !