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samedi, décembre 01, 2007

Le tour des glaciers de la Vanoise: Août 2006.









                                                  












Il a fallu quelques 4 années pour que notre "montagnarde de voileuse" se décide enfin à nous ouvrir les portes de sa "montagne" et à nous faire crapahuter dans les "hauteurs". Quatre ans d'espoirs et de reports, d'e-mails (certains sont inquiétants, il y a des drôles de mots dedans, comme "via-ferrata") et de coups de téléphone avant que je ne me retrouve vers 13h35, ce 12 août 2006, à la gare de Lyon-Part-Dieu avec un sac de montagne sur le dos et des chaussures de rando-raid aux pieds. A partir de cet instant, notre timing est rigoureux et minuté.
 Quoi?.....Je voudrais vous y voir : Le tour des glaciers de la Vanoise, ça ne s'improvise pas...Réservations des refuges en hors-sac ou en demi-pension (déjà fait par "elle") , le ravitaillement (pour les voileux, c'est l'avitaillement dans la langue locale, mais vous l'aviez déjà deviné.......), le trajet, la météo (" Tiens!!!"), l'équipement (très important, surtout le poids...), aller chercher Marie-Jo au train suivant (C'est aussi une voileuse en voie de mutation profonde vers l'autre "religion") .
Dans la voiture de Sylvie
, après que nous nous soyons enfin retrouvés, l'ambiance est électrique alors que nous nous rapprochons des.....montagnes. C'est seulement au premier arrêt-café-pipi que je prends conscience de ce que je suis en train de vivre et de l'endroit où je suis. C'est vrai , le TGV, c'est bien mais c'est aussi un accélérateur de temps énorme. Quand je descends de la voiture, je lève les yeux et je vois qu'ELLES sont là partout, devant et sur les côtés....... Il est assez tard dans la soirée quand nous arrivons dans sa "tanière". C'est bien en réalité un lieu d'hi.....bernage (Perdu : le mot n'existe pas) hi.....vernage (Non, ça , c'est pour les bateaux...)hi.....bernation (Tiens! pourquoi pas! Je lis le petit Robert : Etat d'engourdissement dans lequel tombent certains mammifères pendant l'hiver). Mais nous sommes le 12 Août. Eh bien , figurez-vous , ça s'appelle un mobil-home. Ça se trouve dans un camping à Aussois et ce sera la base de départ de notre expédition.





Installation à "bord": les cabines et les couchettes sont attribuées. Nous attendrons ensuite les enfants de notre hôte qui participeront demain avec nous, en hors-d'oeuvre, à une spécialité locale, les "via ferrata" (ça y est, le mot est lâché) .

Tout ça parce que "madame" avait lu un soir sur le livre de bord, après une navigation un peu musclée entre l'
île de Guernesey et l'île de Bréhat que le 3ème ris que nous avions pris en milieu d'après-midi, était qualifié de ris de "confort". Même pas d'humour ces montagnards ! Bien sûr tout ceci, c'est beaucoup pour rire ........lol . Enfin quand même, après une soirée très conviviale pendant laquelle Sylvie nous fait partager la tiédeur amicale de son petit home, on se retrouve vers 10 h le lendemain matin, chez un loueur de matériel d'escalade qui nous équipe avec des "choses" qui laissent présumer de ce qui nous attend.



LES VIA FERRATA


L'heure a sonné pour le petit breton que je suis. Je me retrouve affublé d'un baudrier spécial pour la dite activité et en plus j'ai le droit à un casque mais je ne suis pas le seul car tout "l'équipage" est traité de la même façon :"Sécurité, sécurité"...Ici le cross..... n'est-ce pas My-Jo ? Après un court trajet en voiture, nous y sommes : Parking, on finalise notre équipement. On se renseigne du côté du plan, on y lit des mots pleins de poésie locale : " Les Angelots", "les Diablotins", "la montée de la Vierge","la traversée des Anges", jusque-là tout va bien mais le reste c'est "la montée au ciel", "la Descente aux Enfers", "la Montée au Purgatoire"..et vous lisez : Niveau difficile etc...Nous commencerons, paraît-il, par la première qui est... peu difficile, conçue pour les enfants de 6-8 ans (oui, c'est écrit, je vous le jure...). Le chef a opté pour les "Diablotins": 500m, assez difficile, pour adultes débutants et enfants débrouillés à partir de 9-10 ans...Comme quoi, même à plus 50 ans, il n'est jamais trop tard.


Sylvie
ouvre la route (c'est un euphémisme) en nous "skippant" impeccablement et de façon sécurisante. "Toujours avoir au moins un mousqueton sur la "ligne de vie", ne les passer que l'un après l'autre aux changements de tronçons, et les inverser pour qu'ils ne se "déclipsent" pas tous les deux en même temps". Et tout ceci bien sûr avec l'accent traînant du coin ( c'est sûr !!!), mais la" marmotte" est loin de dormir...!!!


Plus nous avançons, plus la "tr......" augmente et donc plus la"concentration" est nécessaire. "Y a un peu d'air ici!". Ca, ça veut dire que vous avez au moins 10 m de vide sous vos talons avec les pointes de pieds bien posées sur les échelons en fer d'où le nom de via ferrata..Pigé?
Et je ne vous parle pas de vos jambes qui commencent à jouer des castagnettes et de votre visage qui se crispe, parait-il
, de vos mains qui s'accrochent à tout ce qu'elles trouvent sur la paroi (prise naturelle ou petite barre de fer ) avec un appétit sans nom...Moi , je suis "encadré". Sylvie me"tire" et sa fille me "pousse". Bien sûr, nous sommes arrivés au bout, même si My-Jo nous a "lâchement" abandonné dans les premières difficultés. Ce fut une première expérience importante voire thérapeutique pour moi, car je pensais vraiment que j'étais sujet au vertige depuis que mon fils me balade sur les échafaudages de la maison qu'il construit en ce moment. C'est une sensation que je n'ai pourtant jamais eue, pendant toutes les interventions que j'ai pu faire dans le mât, pendant les différentes croisières en habitable.




Le midi, nous aurons le droit à une pause bien à l'abri au camping, car il fait très froid et la perspective d'atta
quer la "Montée au Ciel" l'après-midi nous glace déjà assez comme çà. En guise de digestif et pour réconcilier My-Jo avec sa peur du vide (elle aussi) , Sylvie nous propose les "Angelots" que nous avalerons en 50 mn( les pauvres!). My-Jo est "aux anges". (J'voulais pas le faire mais je ne résiste pas car il n'y a qu'elle et moi qui comprennent ce jeu de mots). Un bon quart d'heure plus tard, nous nous retrouvons sur le pont du Diable (çà ne s'invente pas !) et passons la petite barrière d'accès à la voie qui va nous monter au Ciel. Là, on est pas dans la même dimension. D'ailleurs notre coach n'emploie plus le même langage. Il parle de gaz et non plus d'air. Je ne vais pas vous faire une gradation de tout ça, mais il faut que vous sachiez que le gaz , c'est plus fort que l'air et que quand notre timonier dit : "Y a du gaz, attention !", ça veut qu'il y en a au moins plus que vous ne pensez entre vous et le bas de la falaise que vous êtes en train d'escalader. "Compris!!". Sylvie, c'est un chamois là-dedans mais il lui arrive de dire:"Y a un p'tit dévers là, pas facile...Attention !".Traduit, ça peut donner en gros ceci : "Attention, ça va être un peu dur, j'ai dû moi-même m'accrocher" et sous-entendu pour moi :"tu vas "pétocher" un max, mon vieux". Parce que , figurez-vous qu'au milieu de tout çà, je me parle, c'est bon pour le moral. Ah!..... Pour aiguiser le fighting- spirit, les "via ferrata", c'est le top.


"Les gens qui sont là-bas , ce sont vos amis ?" Ça
, c'est la question que les gens qui sont en train de nous regarder depuis le pont du Diable posent à My-Jo qui, elle-même du même endroit, est en train de nous photographier pendant que nous attaquons la grimpette vers le soi-disant Ciel.
"Et ben didon
y z'ont pas froid aux yeux vos copains !!!".Un peu plus loin et surtout plus haut : "J'aimerais pas tomber dans l'eau en bas, j'aime pas l'eau froide!" C'est vrai, bien que breton, j'ai toujours eu horreur de me baigner dans les eaux bretonnes sauf exception."Quand t'auras rebondi deux fois sur la paroi, tu sentiras plus rien!" Voilà le genre de conversation qu'on avait avec le gendre de Sylvie quand il nous a fallu aborder l'aérienne traversée de l'Ecaille décollée."Aérienne, ils ont écrit aérienne !"

Après plus de deux heures d'efforts et de sensations extrêmes, le parcours se termine en conquérants dans une des meurtrières du Fort Victor-Emmanuel
. Il est 16h et " je n'ai pas sommeil", mais j'ai mal partout. Je suis fier de moi et de nous. Demain, la grande aventure commence...Ce soir, nous irons chercher à la gare de Modane notre dernière équipière, Isabelle .

Je suis certain qu'en cette fin d'après-midi du dimanche 13 août, notre capitaine était elle aussi, fière de nous : Ça
se lisait dans ses yeux.
Après l'arrivée du quatrième membre de l'expédition au mobil-home, le temps est venu après un dernier repas "at home" de préparer les sacs c'est-à-dire de mettre juste ce dont on aura besoin mais pas plus, à cause du poids (pas plus de 8 kilos pour les dames et de 12 kilos pour moi) et de répartir la nourriture pour les étapes hors-sac dans chacun des 4 sacs. Le lever est prévu à 7 h le lendemain matin.



AUSSOIS (2000 m) - COL D'AUSSOIS (2916 m)


 
Agrandir le plan




 












Lundi 14 Août, 7 h passées depuis quelques minutes. Le soleil éclaire depuis peu la Dent Parachée et vient réchauffer tout doucement le petite terrasse du mobil-home. Le ciel est très bleu malgré quelques nuages qui s'accrochent encore autour des sommets. Pour l'instant à moins d'être un frigodème entrainé, la température ne permet pas de mettre le nez dehors en petite tenue de nuit. Il est évident qu'il a neigé au-dessus de 2500 m. La météo d'ailleurs, en annonce encore dans la journée au-dessus de 3000 m.



A 8 h, c'est le départ en voiture pour le barrage du Plan d'Amont
à 2000 m. Nous avons tous envie d'y être....La montée en lacets donne à Sylvie l'occasion de nous parler de sa station, des pistes de ski qu'elle affectionne par exemple là, de la "noire" dans la petite combe ou du récent télésiège de six places mis en fonction depuis la dernière saison. Nous l'écoutons poliment, mais personnellement, je suis déjà ailleurs, dans cet ailleurs que j'ai espéré depuis si longtemps et qui va se concrétiser dans moins d'une demi-heure (si tu savais Sylvie, à quel point c'est fort cette sensation d'avant le "moment"). Pour la voiture, une place ombragée et....pour nous, c'est l'heure de mettre sac à dos et de faire nos premiers pas de montagnards. Je ne prends pas réellement conscience que je ne reviendrai ici que dans 4 jours. C'est, je crois le fait d'être encadré et de ne pas savoir ce qui nous attend qui crée ce sentiment tellement agréable : On se laisse "porter" (drôle le mot ?), mais très vite la pente nous ramène à la réalité pour laquelle nous sommes là aujourd'hui. Le lac du plan d'Amont est superbe. Il est juste au-dessus de celui du plan d'Aval, c'est logique n'est-ce pas, et il est alimenté par une jolie cascade. Nous sommes à 2046 m. La montée commence par un sentier assez large, chacun d'entre nous montant à son propre rythme. Je m'isole un peu à l'arrière car je savoure ces premiers instants tant attendus et puis, j'ai commencé les photos et chaque détour du chemin apporte des nouvelles justifications pour s'arrêter. Petit à petit, au fur et à mesure que nous montons de plus en plus au-dessus de 2000 m, les arbres laissent la place à l'alpage. C'est pratiquement là que nous pénétrons dans le Parc Naturel de la Vanoise. Peu de temps après , nous rencontrons nos premiers moutons sur leur lieu d'estivage. La sensation de liberté est très forte, car notre timing n'est pas serré et nous montons tranquillement : Nous sommes en phase d'adaptation. Le premier ressaut au fond du lac est la première difficulté que nous rencontrons : Ca monte dur d'un seul coup. Le régime de croisière est pris, la cadence des pas, le rythme respiratoire et cardiaque. Petit à petit, notre position "sac au dos" s'affine et nous sommes de plus en plus en harmonie avec le terrain. Le torrent qui coule dans la gorge que nous remontons s'appelle le Saint- Benoît. Le temps se bouche de plus en plus dans le nord vers le col que nous devons franchir: C'est blanc!






Nous atteignons le début d
u vallon d'Aussois vers 9h45 et y faisons notre première pause. C'est le moment de s'alimenter en sucres rapides et en boisson. Nous arrivons tout doucement dans une vallée suspendue. Le petit ruisseau s'écoule paisiblement au milieu de différentes variétés de fleurs.














A ce sujet, en fin de séquence, je vous mettrai un herbier ( merci,
Sylvie!) avec toutes les plantes et fleurs photographiées pendant ces quatre jours de rando. Une fois cette première marche franchie, nous contrôlons notre progression sur la carte, mais il suffit aussi de se retourner pour voir que non seulement nous avançons, mais nous montons aussi.




D'ailleurs cette prog
ression est très agréable car bien souvent, c'est dans l'herbe que nous marchons. C'est peu avant la 2ème pause que nous voyons notre première marmotte (une vraie celle-là...). Nous l'avions entendu depuis un moment donner l'alerte aux copines à l'aide de son sifflement caractéristique. A l'entrée du fond d'Aussois, nous étions à 2325 m. Il nous reste 600 m de dénivelée à avaler : Une plaisanterie! Au fond de la combe, nous voyons le batiment du nouveau refuge. Il est 10 h 30, l'aventure est commencée depuis deux seulement et déjà ce n'est que du bonheur.Pendant quelques instants, notre pas est accompagné par le tintement des clarines d'un petit troupeau de quelques vaches. Au niveau du refuge, nouveau ressaut en direction des Planettes que nous voyons à peine car le plafond nuageux est descendu en-dessous de 2800m. Il devient de plus en plus évident que nous aurons de la neige en haut au col mais celà ne semble pas inquiéter notre chef d'expédition. Celle-ci apparait au sol assez vite.






La température baisse de plus en plus. My-Jo en profite pour arborer un magnifique bonnet bolivien et chacun d'entre nous sa propre protection pour la tête et les oreilles. Il n'est plus question d'herbe maintenant, c'est plutôt très rocailleux et presque glissant. Je suis très satisfait de mes chaussures de rando-raid. Elles sont confortables, imperméables et " tiennent bien la route". La montée est de plus en plus technique. La neige est maintenant en permanence sur le sol. Le dernier ressaut va être long et difficile pour tout le monde. Le paysage change, c'est l'hiver en 20 mn. Nous marchons dans 10 à 20 cm de neige fraiche et il tombe quelques flocons. L'arrivée au col est magique, j'ai l'impression d'arriver au sommet d'un sommet himalayien et de fouler un espace vierge. Je crois même que j'ai même versé une petite larme de bonheur. Mais ça, je le dis seulement maintenant. Dans les grands moments de ma vie, mon émotion a souvent été intérieure et ici, c'est un grand moment. Un premier merci, Sylvie!


Nous n'avions pas de drapeau tricolore, mais c'était presque comme si....Moment inoubliable : Il fait 2°c, il neige, nous avons un peu froid et....nous sommes heureux. La montagne, ça vous dit toujours...?

Alors suivez-nous dans la séquence n°2.....A plus !



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