PENZANCE-PENZANCE puis PENZANCE-LAND'S END
Dimanche 19 juillet
...Alors que nous prenons ce que nous pensons être notre dernier petit déjeuner anglais, nous sommes loin d'imaginer de quoi notre journée sera faite. La météo de ce matin confirme les prévisions antérieures: Le vent est ouest force 5.
Ce que nous savons c'est que nous sortirons vers 13h30, que le vent sera encore fort dehors au moins jusqu'à 18-19h, que nous allons certainement nous faire secouer au passage de Land's End avant de rentrer en mer Celtique, que le bateau sera super prêt, nettoyé, rangé, que nous sommes prêts psychologiquement, que nous avons envie d'en découdre ( Tiens... pourquoi ce mot...).
Le reste, nous l'ignorons.
Bateau impeccable:
N'est-ce pas ??
Au repas de ce midi, ce sera salade de crudités...
14h10: Marie revient au bateau avec la rallonge électrique, le moteur est en marche depuis 5 mn. Notre "voisin de tribord", le catamaran anglais est parti hier en direction de Falmouth. Notre manoeuvre de départ sera simple, une "garde arrière" et ce sera bon. Il y a peu de vent dans le port qui est bien abrité des vents d'ouest.
A 14h38, nous franchissons la porte, pleins d'émotion mais heureux de faire enfin quelque chose.
...Notre manoeuvre d'envoi de la grand'voile se fait en 2 fois, nous sommes peut-être un peu "rouillés". Grand'voile enfin hissée à 1 ris, nous partons au moteur vent arrière, bôme dans l'axe, barre d'écoute au milieu vers le lieu où nous allons nous mettre en route à la voile. Pour y aller la grand'voile doit empanner, le trajet de la bôme est réduit d'un bord à l'autre et pourtant pendant cette manoeuvre peu violente, notre grand'voile se découd en haut à la première laize et un coulisseau s'arrache au-dessus du premier ris.......J'en pleurerai presque car nous n'avons pas d'autre solution que de revenir dans le bassin pour réparer et éventuellement repartir cette nuit.
Nous sommes dimanche. Je sais donc que nous ne pourrons compter que sur nos propres ressources, notre propre énergie et notre propre autonomie.
On ferle tout et on revient vers la porte que nous passons sous l'étonnement des responsables du port que nous informons avec des gestes de notre problème. On reprend notre place mais inversée.
Une fois à nouveau amarrés, le timing est serré. Très vite la grand'voile est "désendraillée" et l'atelier de couture se met en place au pied du mât. Nous avons de la chance dans notre malheur.
Grâce à l'aide technique et matérielle d'un voisin anglais lui-même maitre-voilier, Marie et Dominique, qui se sont portés volontaires, commencent la réparation vers 15h. Notre voisin nous propose en plus de l'autocollant double face pour bien travailler bord à bord sans décaler et il nous conseille sur le type de points qu'il faut faire car la voile est seulement décousue. Il nous prête aussi une paumelle. Je pense d'ailleurs que la voile a dû "cuire" avec le soleil depuis que notre ''easy-bag" a perdu l'hermétisme de sa fermeture.
Vous vous souvenez sûrement de notre mésaventure, l'an passé: Notre génois s'était décousu aussi lors de passage du Cap Lizard. Edith et Dominique semblent abonnés à ce genre d'incident.
... Pendant que mes équipiers jouent de la pommelle, je remplace et répare le coulisseau cassé. J'en profite pour optimiser le point d'écoute de grand'voile, remettre en état les lazy-jacks, visser les pieds de chandeliers et nettoyer encore ça et là...
A 17h, Marie et Dominique ont fait la moitié du travail et quel travail !!
... A 19h, la réparation se termine avec l'aide d'Edith, qui s'y met elle aussi, et je sais maintenant que nous pourrons vraiment à nouveau partir à 3h cette nuit, heure à laquelle la porte de sortie sera ouverte.
C'est pas du bon boulot, ça !! Du vrai travail de pros!! Merci à tous les trois !!
Pendant l'apéro qui fête cette victoire sur l'adversité, on se dit que finalement, on a eu de la chance d'avoir eu cet incident à la sortie du port et non pas au large où nous n'aurions pu réparer...no comment !
Au repas ce soir, potage et pasta-party suivi d'un dodo à 21h.
Cette nuit, réveil à 2h.... à toute à l'heure ! Allons-nous vraiment dormir?
Lundi 20 juillet
2h15: Nous partons enfin pour l'Irlande cette nuit, oui, cette nuit...Je sors de ma cabine discrètement et monte sur le pont pour regarder le ciel. Il est presque totalement dégagé, le vent a baissé très sérieusement et a tourné à l'ouest-sud-ouest. Que c'est bon tout ça ! J'ai l'impression de vivre un grand moment tant attendu par tout l'équipage. Maintenant, je peux les réveiller. Dominique est le premier à sortir puis c'est le tour de Marie et enfin Edith...Ensuite, je ne sais plus ce que nous avons fait, avons-nous mangé quelque chose ? Une seule chose m'obsède, partir et aller de l'avant, quitter "positivement" cet endroit, faire avancer le bateau vers ce but que nous rêvons tous d'atteindre... En gros, c'est d'aller de la carte de la photo de gauche à celle de la photo de droite.
3h15: Sortie discrète et solitaire du port. On envoie la grand voile haute et on marche un peu avec le moteur en direction de la cardinale est, avec comme gros point de repère le garde-côtes qui est mouillé dans la baie depuis qu'on est arrivé.
10mn plus tard, on déroule le génois pour monter au près vers la cardinale sud de Runnelstone.
Ambiance départ à bord (Baie de Penzance)...
...Il est maintenant 3h30, nous sommes en route à la voile, la côte défile à notre vent, nous repérons le phare de la jetée de Newlyn, nous voyons le Lizard sous notre vent, nous faisons un cap au 205 et nous avançons à 4,5nds...Il fait presque tiède, l'ambiance est... électrique. Tous ces jours d'attente pour cet instant rendu encore plus magique par ce départ de nuit. Alors que nous identifions déjà les lumières du petit port de Mousehole, le phare de Tater-Du fait son apparition dans notre champ visuel.
Il y a apparemment pas mal de trafic dans le rail devant Land's End. Il y a aussi quelques bateaux de pêche dans la baie dont un que nous croisons alors qu'il rentre sans doute sur Newlyn.
En trois grands bords de près, nous sommes dans les parages de Runnelstone mais le vent n'est pas très fort et alors que nous pouvons mettre en route directe vers Cork au 310-315, nous nous retrouvons face au flot (courant de marée montante) qui est assez costaud à cet endroit précis.
Il est 6h23 et nous laissons la cardinale sur tribord.
Depuis 5mn, nous nous "appuyons" au moteur pour contrer efficacement la vaillance du courant contraire.
Marie est aux commandes depuis quelques instants, le jour est déjà bien présent et la lumière est extraordinaire sous le vent.
Nous ne sommes plus dans le secteur rouge du phare de Longship, nous sommes passés dans son secteur blanc avant qu'il ne s'éteigne avec le jour, nous avançons...
A partir de cet instant, nous avons pratiquement 24 h de navigation devant nous.....
A suivre !
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