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samedi, décembre 01, 2007

De balcons en terrasses...


DU REFUGE DES EVETTES (2580m) A L'ECOT en passant par LE GLACIER DU GRAND MEAN



Sur la carte Google Maps ne veut pas nous faire aller jusqu'au lac du glacier du Grand Méan (y sait pas c'qui perd le bougre!), alors il vous suffit d'imaginer le point B au bord du lac, c'est pas dur...


Mercredi 12 août

19h...Nous sommes déjà à table après une installation rapide dans le dortoir. Nous n'avons pu obtenir d'avoir Florence et Sylvain avec nous, mais à table pas de problème. L'accueil n'a pas été très chaleureux parait-il, juste professionnel.
Ce refuge a pourtant une situation privilégiée : Il est face à un très beau massif constitué de sommets à plus de 3300m et d'un reste de très grand glacier avec plusieurs langues.
Le repas se passe sans problème avec même un petit coup de génépi à la fin. Pas grand' chose à faire après et je suis "vanné", j'ai besoin de récupérer. Assez vite, je rejoins le dortoir car demain ce sera la dernière journée et elle sera, je pense, surprenante : Il est question de glacier et de haute montagne.
Dans notre dortoir, il y a un
groupe de "glaciéristes" qui vont partir très très tôt. Alors, dodo !
Je suis en haut et la musique diffusée par mon lecteur MP3 m'aide à m'endormir.

...Jeudi 13 août

7h : Notre petit déjeuner est animé par la présence d'un bouquetin qui fait son "show" sur le col des Evettes.




Dehors, le soleil émerge et inonde de lumière le magnifique paysage qui s'offre à nos yeux.












 

Ce matin, nous ne sommes pas très pressés, c'est la dernière journée et ce soir, nous n'avons pas d'horaire d'arrivée imposé. Cette nuit, il n'y aura plus de refuge. Le programme est pourtant copieux puisque Sylvie a prévu une journée sous la forme d' "excursions" autour du refuge : Ce matin, le glacier du Grand Méan, en revenant un aller-retour au lac qui est au fond de la cuvette glaciaire et en fin d'après-midi, la descente vers le hameau de L'Ecot. Pas mal, non?

Départ vers 7h45, en direction des chutes de la Reculaz. Il fait grand beau temps. Pour descendre du promontoire sur lequel le refuge est perché, différents itinéraires sont possibles en slalomant entre les gros rochers posés sur l'herbe. Des petites mares se découvrent...













On profite tous de cette dernière journée pour faire un maximum de photos.


















Arrivés au bord du torrent, nous suivons sa rive gauche et arrivons devant un pont qui va nous permettre de le traverser.
















Derrière ce pont, le torrent plonge dans des gorges profondes et étroites, celles-là même que nous avons longées hier en montant. Evidemment, on va aller voir cette chute d'eau.
C'est cet inst
ant, que mon appareil photo choisit, pour avoir un petit problème que j'espère passager. Heureusement que les "concurrents" sont là...


















Le trou est impressionnant. Le bruit est assourdissant...La lumière irise les gouttes d'eau vaporisées par la puissance naturelle du débit.

















Chaque fois que je me mets au bord d'un espace vide, j'ai toujours cette même sensation indéfinissable de peur et d'attirance. Avec le bruit, c'est pire encore...J'y vais un peu à reculons même si je suis sûr que ce sera beau et c'est beau, même très beau.
Après avoir passé le pont, on prend un sentier dit de ha
ute montagne en direction du glacier. On s'élève rapidement en repérant les cairns les uns après les autres. Le spectacle, autour de nous, prend de l'ampleur. En bas, c'est superbe !

















Le paysage a changé, on n'est plus dans la même dimension. On vient de monter d'un échelon. Ici, c'est la haute montagne. Il suffit de regarder autour de nous pour le constater. On entre dans un domaine qui m'était inconnu jusqu'à ce jour. Je savoure intensément, avec avidité. Plus on monte et plus il devient évident que j'attendais cet instant depuis longtemps. Je me surprends à sourire tout seul. Pendant quelques longues minutes, le hasard fait que je me retrouve devant et ouvrant le chemin pour le groupe.
Je suis heureux d'être là et de pouvoir vivre de tels instants, même si pour le moment, c'est dur et physique.
Etant devant, je suis le premier à le voir mais mon appareil est toujours "off". La scène est inoubliable. Il est là, en haut, au sommet de son rocher, chez lui et il ne bouge pas. Il va même jusqu'à s'étirer sous nos yeux agréablement étonnés...

















Il est beau, fier. Ici, nous sommes vraiment "ailleurs". Quelle chance nous avons de voir ce bouquetin de cette façon ! Cette scène étonnante touche tout le monde. Comment a-t-il pu nous snober comme ça, sûr de lui ?
Je profite d'une halte boisson-barres vitaminées- récupération pour soigner une ampoule naissante : Ma belle trousse à pharmacie bi
en garnie a enfin servi.
"T'as toujours eu ça avec toi ?" me demande Sylvie qui continue sa lutte pour l'allègement maximum.
J'ai cette trousse depuis l'a
n passé. Notre chef ne le savait pas...Maintenant, c'est "râpé"...
Peu avant midi, nous faisons les dernières longueurs. Nous sommes dans un véritable amphithéâtre naturel à ciel ouvert. Un randonneur a posé sa tente rouge à même la roche. Il a sûrement dû bivouaquer là cette nuit. Sa tente est maintenue au sol par des pierres. Le matériel, utilisé pour le glacier, sèche au soleil. Je me prends à rêver...Et si ?..........Je l'envie.
Quelques instants plus tard, c'est le choc, l'image qui vous laisse sur le "derrière", celle qui vous catapulte dans un autre monde, celle que vous attendiez sans savoir qu'une telle chose existait.
D'un seul coup, vous avez l'impression de vous vider...On a soudain besoin d'être seul.
Le glacier est là avec sa paroi frontale qui tombe dans un lac d'un bleu irréel. La lumière de cet instant renforce l'immense beauté de ce spectacle de la nature.




























Comme les bonnes cho
ses n'arrivent jamais seules, mon appareil photo veut bien reprendre du service en reconnaissant à nouveau sa carte-mémoire.
A partir de cet instant, je ne sais plus ce qui s'est passé, si on s'est parlé, ce qu'on a fait, je crois que je n'ai pas dit grand-chose tellemen
t l'émotion m'envahissait. J'ai posé mon sac, peut-être avec ceux du groupe et je suis descendu, attiré, vers le bord du petit lac.




















Au bout, j'ai vu qu'on pouvait traverser sur des pierres qui formaient comme un petit gôa ou gois (il y en a un à Noirmoutier) et j'ai poursuivi sur le bord, avec prudence, jusqu'à ce que je sois au pied du glacier. Là, j'ai trouvé une belle roche plate qui s'avançait un peu dans l'eau, je m'y suis assis face au spectacle qui s'offrait à mes yeux.
Maintenant, tu peux pleurer, personne ne
verra cette émotion qui te submerge, personne ne le saura. Je pleure des larmes de bonheur. Je n'arrive pas à me calmer. Je suis envahi par des spasmes successifs de pleurs incontrôlables.
C'est vrai que je suis fatigué mais,
à cet instant elle n'existe plus la fatigue. Je suis tout seul, "c'est pas bien", mais je sais que mes amis ne m'en voudront pas. J'espère qu'en lisant ces lignes, ils me pardonneront ces instants d'isolement volontaire et totalement égoïste.
Je retrouve progressivement un peu de calme, un peu de sérénité...Je regarde enfin autour et derrière moi.
Les uns après les autres, je vois mes amis descendre de l'endroit où on a posé nos sacs vers le passage où on peut traverser le lac. Henry y va en premier puis Sylvain et Florence. Sylvie suit, peu après, tout doucement, avec Marie-Jo.
De "mon" rocher, je prends ces trois nouvelles photos...
































Je sais qu'ils progressent vers l'endroit où je me trouve mais ils ne viennent pas vers moi. Peut-être, ont-il
s compris ce qui se passait. Sylvie va venir, j'en suis sûr, je la connais trop bien, car elle, elle sait vraiment ce qui se passe et attend le moment propice pour être avec moi. D'ailleurs, elle prend deux photos qui le prouve, je les ai retrouvées.


















J'entends des bruits derrière
moi : Florence et Sylvain se sont rapprochés eux aussi du front du glacier pour prendre des photos, mais juste derrière moi à deux-trois mètres, il y a quelqu'un et ce quelqu'un, ne peut être que Sylvie. Elle attend, en silence, que je me retourne et que je l'invite à venir partager cet instant particulier. Je reste assis en levant mon bras pour l'accueillir. Elle vient s'asseoir à côté de moi en se nichant sous mon bras. Je pleure à nouveau en lui bredouillant un merci et sans doute, en lui disant que c'est beau.
Ces mots sont pour toi, Sylvie : " Merci, mon amie d'avoir été celle qui m'a permis de partager ta montagne, celle que tu aimes, celle que tu sais nous
faire aimer, celle que tu voudrais
qu'elle reste telle que tu l'as découverte avec ton papa et tes amis montagnards, celle qui restera à jamais dans nos mémoires et dans nos coeurs."






Ensuite, nous sommes repartis vers l'endroit où nous avions laissé nos sacs afin d'y prendre notre repas de mi-journée. Joyeux bien sûr, vous pensez, avec une telle "aquarelle" sous nos pieds. La petite boite de "Tic-Tac" contenant le sel, depuis trois ans, pour les tomates ne circulera plus entre nous.
Vers 12h45, nous sommes prêts à poursuivre cet
te belle journée de rando qui a magnifiquement commencé.
"Tiens, le grimpeur solitaire est parti !..."
Pendant notre séjour autour du lac, d'autres randonneurs sont arrivés sur le site : Des familles, des petits groupes et tout ce petit monde commence ,lui aussi, à descendre.
Notre retour vers le plateau est prudent, presque lent. Sylvie souffre, c'est évident, elle a mal à ses genoux et au droit en particulier. On reste en "convoi " sécurisé en précédant légèrement notre chef et en ajustant notre tempo au sien. Dans cette situation de souffrance physique, Sylvie est comme moi, elle aime bien rester seule. Alors, on gère.
Pour nous faire rire un peu, Florence s'improvise en...cairn humain.


















Vers le bas de la descente, un peu avant d'arriv
er sur le plateau, la genouillère est à nouveau de sortie.
On progresse, la preuve : Le petit lac grossit à vue d'oeil...D'ailleurs, quand on va arriver en bas, on devrait mettre le clignotant à gauche et aller voir ce lac.























Arrivés en bas, changement de pro
gramme : Henry propose de nous offrir un pot au refuge...Manifestement, cette décision ne fait pas l'unanimité mais le groupe s'exécute.
Cette dernière situation m'a un peu contrarié et j'ai envie de me faire "mal" pour monter au refuge. Allez, c'est parti ! Personne ne m'en voudra sur ce coup-là, on a rendez-vous en haut.

















Arrivé sur la terrasse, j'ai perdu 1/4 de litre d'eau mais ça va mieux. Je regretterai ce "sprint" dans les heures q
ui vont suivre mais pour l'instant c'est fête. Il fait chaud au soleil sur cette terrasse. On investit la seule table à l'ombre après avoir posé pour la photo traditionnelle.

















Vers 15h45, nous quittons une dernière fois tout cet espace montagnard, la faune, la flore, les roches, les névés, les glaciers, les torrents et tous les gens qui s'y sentent bien. La descent
e commence de façon très décontractée, le chemin est large et permet de marcher de front. Bref, on papote gentiment... Tout de suite après le passage du col, on a une vue superbe sur la vallée. Cet endroit est vraiment magnifique. Le chemin-autoroute devient rapidement chemin-route départementale et la file "indienne" devient évidente. Depuis quelques instants, j'ai mal au genou droit moi aussi. Ma bonne vieille" tendinite de l'Arpont" réapparait. Tiens, tiens...
Heureusement que nous
n'avons pas encore cinq heures de marche.















Pendant cette descente, il dev
ient évident qu'on ne peut pas quitter Florence et Sylvain comme ça. Leur voiture est à Bonneval et la bifurcation n'est plus bien loin. On a vécu trop de bonnes choses ensemble. Cette amitié naissante est réelle et touchante.
Sylvie les invite au mobile-home pour la nuit. Ils passeront la dernière soirée avec nous à Aussois et ils ne rentreront chez eux que demain matin. A l'embranchement, donc, ils partiront vers Bonneval et nous vers L'Ecot qu'on aperçoit déjà tout en bas. Ensuite, nous les rejoindrons à Bonneval après avoir récupéré la petite "Ferrari" rouge de Sylvie que Marie-Jo a laissée sur le parking . Et voilà, c'est pas compliqué. Avant de se séparer provisoirement, on prend une dernière photo "in situ".















Ce qui est très drôle, c'est que mo
ins d'une demi-heure après leur départ, nous les retrouvons dans la dernière partie de la descente. Leur chemin ne devait pas être le bon. On commence à bien voir le village en bas. Nous traversons un dernier torrent.



















Nos jeunes amis passent la "sur
multipliée". Ils ont plus de route à faire que nous. Le rendez-vous est fixé près de l'église de Bonneval. Sylvie, surtout, et moi-même gérons notre mal de genoux. Le village est très beau vu d'ici. Une fois en bas, il est question d'aller y faire un tour.

















Nous sommes enfin en bas...

Nous retrouvons la voiture, y chargeons nos sacs et décidons d'aller voir à quoi ressemble ce village. Le retour à la "civilisation" se fait sans transition. On se demande presque ce qu'on fait ici. C'est drôle cette impression qu'on a toujours quand on termine une semaine aussi "remplie". On ressent comme un vide.
Cet ancien village est en pleine r
estauration. On reste cependant un peu sur notre faim car celle-ci est un peu trop "propre". Les maisons sont presque toutes vides.













































Après la visite un peu décevante de cet étonnant village, nous retrouvons Florence et Sylvain à l'endroit convenu. On poursuit avec une découverte éclair cette petite station de sports d'hiver. Nous tentons de prendre un pot à une terrasse. Devant l'évidente mauvaise volonté des gérants à nous servir, nous quittons les lieux pour rejoindre Aussois et son camping où une bonne douche nous attend.
Vous le savez, vous qui êtes des lecteurs fidèles de ce blog, que toutes de nos randonnées se terminent le dernier soir, autour de la table d'un restaurant. Pas de sanglier, ni de cervoise tiède au menu, ni même de barde-chanteur bâillonné et perché dans un chêne, mais de la joie, de l'amitié et la perspective de se retrouver, peut-être, l'an prochain pour une nouvelle...aventure.






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