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samedi, décembre 01, 2007

Le tour de la "Grande Casse" (16 au 20 juillet 2007)...






































Mercredi 18 juillet 2007, 10h30: Je pleure... Je pleure de peur rétrospective et de bonheur présent. Au sommet de cette faille, à 2680 m entre la pointe de Méribel et la Becca Motta, le plein d'émotion est trop fort.
Depuis hier soir, au refuge du Grand Bec, grâce à une de ces merveilleuses rencontres que nous y avons faites, je savais que cette "petite" modification optionnelle de parcours qui avait reçu évidemment mon plein accord allait me poser quelques problèmes. Ils l'avaient faite, eux...ce jeune couple de randonneurs guère plus expérimentés, alors pourquoi pas nous? Et puis, la perspective d'emprunter ce nouvel itinéraire créé récemment par un gardien de refuge était très séduisante, d'autant plus que le panneau directionnel que mon "chef " avait consulté le soir-même en contrebas du refuge, indiquait: "Pour bons randonneurs, parcours aérien".Vous savez, depuis l'an passé, ma phobie du vide ne s'est pas beaucoup atténuée même si la sympathique expérience de la pratique des "vias ferrata" à Aussois l'an passé y a un peu contribué ( voir la séquence dans le blog sur la rando 2006 : Le tour des glaciers de la Vanoise en 4 jours) . Depuis, je sais ce que veut dire le mot "aérien", je connais aussi le mot "gaz" mais ce que je ne savais pas, c'est ce que cela représenterait en milieu "naturel ", c'est-à-dire sans la présence rassurante du baudrier, du câble sur lequel on s'assure et des petits échelons métalliques pour les pieds et les mains. Dans la dernière partie, je suis "téléguidé" par mon coach qui me rassure et me conseille surtout sur la partie équipée de chaines. On dit que où il y a "d'la chaine y'a pas de plaisir "( c'est d'un drôle .....), mais ici je vous assure que c'est le contraire, heureusement qu'elle était là cette chaine et même pourquoi ne l'ont-ils pas mise plus tôt alors que le sentier était en dévers, qu'il était étroit et qu'il avait plein de "gaz" en-dessous?
Je récupère lentement de cette "trouille" monumentale grâce à une bonne pause "psychologie", alimentation et hydratation : La vue des deux côtés de la brèche est indescriptible tellement elle est magnifique.
Nous venons de quitter en montant (très dur d'ailleurs : on appelle ça un fort dénivelé positif) un paysage minéral et floral parcouru par de nombreuses coulées d'eau pour basculer dans un autre presque lunaire de roches grises et de névés. A partir de cet endroit, nous allons descendre de plus de 1400 m jusqu'à Champagny-le-Haut..............

Du parking de Bellecombe (2312 m) au refuge des Barmettes (2044m)...




 
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Il est à peine 8h30, ce lundi 16 juillet, quand nous quittons le mobil-home qui nous sert de "camp de base" pour notre deuxième expédition alpine. Les sacs sont judicieusement chargés et il nous reste à prendre le pain en passant avant de monter en voiture vers notre lieu de départ.Cette année, nous ne sommes que deux car nos compagnes de l'an passé n'ont pu se joindre à nous. Mon sac de 60l (tout neuf) n'est pas complètement plein et Sylvie, mon coach, me propose généreusement et stratégiquement d'y glisser les deux superbes miches de "campaillou" ...... Le temps est superbe, il fait déjà presque chaud et il y a de l'émotion à nouveau dans l'air quand nous empruntons la mone en lacet à la sortie de Termignon en direction du parking où nous allons laisser la voiture pour 5 jours. La montée dans un paysage de fleurs et d'alpages est longue mais ne sommes-nous pas tout simplement impatients d'en découdre avec la première étape de notre aventure? Il y a déjà beaucoup de véhicules parqués au soleil quand nous arrivons au lieu de départ et les randonneurs sont en pleine préparation.
Nos sacs sont rapid
ement sortis de l'arrière de la voiture et après une ultime vérification de nos chargements respectifs, nous attaquons le premier petit raidillon en direction du nord à la sortie du parking. Je suis heureux et je prends ma place derrière Sylvie qui imprime le rythme de nos premiers pas. Nous sommes à 2312 m et malgré cela je n'ai pas de mal à respirer. Il est vrai que nous avions eu le week-end une bonne adaptation à l'effort en altitude. Sylvie avait réuni quelques amis pour une récolte de génépi: Un bivouac sous tente à 2400m, une montée d'entrainement le samedi soir près du col des Randouillards à 2747 m et la récolte de la précieuse petite plante jaune le dimanche au Mont Froid à 2822 m avaient en quelque sorte amorcé notre préparation....
Après le premier "coup de cul", (c'est comme ça que Sylvie appelle les forts dénivelés positifs) , nous progressons dans un eden végétal parsemé de fleurs de toutes les couleurs ( je vous le promets, vous aurez à nouveau une séquence herbier à la fin mais soyez un peu patients...) où la roche et l'eau s'intègrent de façon harmonieuse.Tout en avançant, j'affine les différents réglages de mon nouveau sac (quel changement par rapport à celui de l'an passé !)
Déjà en toile de fond, nous avons cett
e Grande Casse dont nous allons faire le tour complet en cinq jours. J'ai du mal à m'imaginer que nous allons faire tout ce tour en si peu de temps. Quand Sylvie m'a montré hier soir l'itinéraire "prévisionnel" sur ses cartes de détail, elle était très confiante et c'est donc avec enthousiasme que nous nous dirigeons vers notre premier "waypoint ": Le refuge du Plan du Lac. Le chemin est pratiquement plat et multiple. J'ai aussi investi cette année dans une paire de bâtons télescopiques et très légers qui , je le souhaite très fortement me fera définitivement oublier mes problèmes handicapant de tendinite qui m'avaient tant fait mal l'année dernière. Donc, tout va pour le mieux et nous profitons de cette première heure de marche pour nous mettre dans le "bain". Du bonheur, rien que du bonheur !
A la petite fontaine du refuge, nous en profitons pour nous rafraichir ( sans boire, car cette eau est trop froide et pourrait nous créer des problèmes d'estomac ou d'intestins) avant de basculer dans la vallée de la Rocheure.

Une première descente va me permettre de tester mes genoux et mes tendons d'Achille qui ont souffert il y a trois semaines pour avoir voulu m'intégrer, en fin d'année scolaire avec mes élèves de sixième, dans un jeu que j'ai bien évidemment pris en route sans échauffement (Pour un professionnel , c'est pas très fort me direz-vous, mais on ne se refait pas au niveau de l'enthousiasme...) On salut en passant la belle petite chapelle de St-Barthélémy, en croisant la route qui monte au refuge et en descendant à travers les alpages vers le fond de la vallée( 300 m de dénivelé négatif celui-là). Sylvie en profite d'ailleurs pour faire une pause-pipi et repart sur un itinéraire très pentu sans le vouloir vraiment. On se retrouve finalement un peu avant le petit pont qui enjambe le vallon. Il y a beaucoup d'eau contrairement à l'an passé et c'est très agréable d'entendre ce "rugissement "au lieu d'un tout petit gargouillis : C'est vivant ! Nous franchissons le pont non sans avoir fait quelques photos et attaquons la montée plein nord vers le refuge d'Entre-Deux-Eaux que nous laissons à tribord, pardon sur notre droite, avant de nous diriger toujours plein nord vers le pont de Croé-Vie qui enjambe lui la vallée de la Leisse par laquelle nous reviendrons à la fin de notre périple. Nous sommes en terrain presque connu car l'an passé, nous étions passés en haut lors de l'étape qui nous menait au refuge de l'Arpon. Et justement, il va nous falloir y retourner là-haut pour reprendre le col de la Vanoise et son enfilade de petits lacs dans l'autre sens. Sur le pont , nous faisons la pause-banane car nous avons pris les deux dernières au mobil-home à cet effet ( intransportables en sac plus d'un jour, les bananes...). Au pied de la seule véritable difficulté du jour (Tiens, je parle comme si je commentais le Tour de France cycliste), chacun de nous deux fait un inventaire sur sa condition physique, l'une (honneur aux dames) se dit qu'elle va payer cher son récent retour à la consommation de tabac et l'autre espère que ses récents excès d'enthousiasme avec ses petits élèves ne va pas se payer cash dès le premier jour. Même si les deux mises en jambes du "week-end génépi " nous ont un peu rassuré sur nos états, personnellement, je n'en mène pas large au moment où nous attaquons les 300 m de dénivelé. Sylvie dit que quoiqu'il arrive, elle ira au bout. Vous avez sans doute remarqué que j'emploie un peu plus ce mot.... dénivelé cette année: L'explication est très simple, Sylvie a emprunté cette année la montre hyperperfectionnée de son fils et celle-ci "fait"altimètre donc après l'avoir étalonnée en début de parcours, nous savons en permanence de combien de mètres nous avons descendu (ça, c'est le négatif) et aussi de combien de mètres nous nous sommes élevés (ça,c'est le positif) bref, vous avez tout compris, la high-technologie nous a envahi. Et ce n'est pas fini, mais nous reverrons cela plus tard...
Après la pause banane et boissons, nous attaquons donc le premier "coup de cul" en plein soleil sur un sentier dont on voit chacune des courbes dès le départ (vous savez, c'est comme une montée en lacet dans le tour de France, vu de l'hélicoptère c'est un peu écrasé et on a du mal à évaluer la pente, mais ici, pas de problème, on l'évalue très bien....). Sylvie a dit "Chacun monte à son rythme et attend l'autre, mais pas dans deux heures.."
Premiers gros efforts, premi
ers gros essoufflements et premiers gros battements du "palpitant". Que c'est dur, mais il faut tenir, un pas plus un pas plus un autre, une petite pause plus une autre et petit à petit, on monte. Avant le haut, je rattrape un couple de randonneurs à l'arrêt, l'appareil photo est sorti car légèrement au-dessus, près de la stèle qui marque la fin de la "grimpette", on distingue un groupe de bouquetins qui paissent tranquillement sans être particulièrement dérangés par notre présence. Dès lors, un regroupement de randonneurs se fait et chacun s'applique pour prendre "la" belle photo. Avec Sylvie, on ne s'en prive pas non plus car ces animaux sont très coopératifs et posent presque devant les objectifs..Enfin en haut!
On en profite pour se désaltérer un peu, c'est vrai que vu d'en haut ce premier raidillon est impressionnant et le panorama nous permet de voir exactement notre cheminement pour arriver jusqu'à la stèle. Nous sommes à 2348 m et nous progressons à présent vers le nord-ouest en direction du col de la Vanoise que nous allons prendre cette année dans l'autre sens et le paysage est totalement différent de celui de 2006. D'abord parce qu'il fait très beau, la luminosité est totale et ensuite parce les perspectives sont modifiées du fait que nous montons. Nous croisons aussi beaucoup de monde. Cette "haute" vallée est splendide et parsemée de fleurs diverses. Une jeune femme briançonnaise rencontrée à l'aller dans le TGV m'avait annoncé un véritable régal dans ce domaine, la floraison étant à son maximum pendant cette période. Nous retrouvons aussi la succession de petits plans d'eau alimentés par un ruisseau plus "en forme" que l'an passé. Nous faisons le projet de nous arrêter pour la pause-repas au bord d'un de ces lacs dans lesquels la couleur du ciel bleu se reflète pour donner des verts très variés. C'est presque paradisiaque, on a du mal à croire à tant de beauté et vous allez le voir par la suite , ce n'est que le commencement. Vers 13h30, on pose nos sacs au bord de ce que nous croyons être le lac Rond. Pause-repas bien venue...
Cette année, nous avons un peu modifié les menus du midi car nous n'avons pas d'étape hors-sac et donc un peu plus de place pour stocker notre ravitaillement: La nouveauté, ce sont des petites salades toutes faites bien pratiques dans de telles occasions car faciles à utiliser. Au menu, ce midi : Tomate croque-au-sel avec du pain( pas de beurre, facile à comprendre pour le transport mais difficile à admettre pour le breton que je suis), des restes de saucisson et de jambon blanc du week-end "génépi" (faut pas gâcher...), une ronde de fromage suivie d'une pomme ou de petites prunes. Nous nous sommes installés très à l'écart du sentier sur lequel le" trafic "est décidément important, près d'un gros rocher percé d'un trou" façon falaise d' Etretat". On est bien et comme le disait un de mes anciens collègues: "Mieux, on serait plus mal..."A la fin de notre repas, une marmotte se permet de venir faire la curieuse, histoire sans de voir si par le plus grand des hasards nous n'aurions pas un p'tit quelque chose pour elle."Gonflée, la mémère!". Il est l'heure de repartir et de rechausser les sacs en veillant à ne rien avoir "oublié" sur le terrain. Ce n'est qu'après la grimpette suivante que nous verrons le lac Rond, qui porte bien son nom d'ailleurs, et que nous commencerons à apercevoir l'aiguille de la Vanoise qui domine le col du haut de ses 2796 m. "Majestueux!". Sur notre droite, la Grande Casse (3855 m) nous écrase de toute sa puissance. Sylvie me fait remarquer à juste titre qu'il a moins de neige que l'an passé, mais nous avions eu de la neige pendant la rando...Il nous faut moins d'une demi-heure pour atteindre le col et le refuge Félix Faure que nous laissons sur notre gauche avant de basculer derrière l'aiguille de la Vanoise en direction de notre premier objectif. Le lac Long au pied de la Pointe de la Grande Glière (3392 m) est bien fourni en eau. Nous amorçons notre descente en le longeant en même temps que nous continuons à rencontrer de nombreux randonneurs qui finissent leur montée par le Gr 55 depuis Pralognan-la-Vanoise. Une photo souvenir du refuge s'impose: ce fut un des très bons souvenirs de l'année dernière. Nous sommes largement dans le timing et pendant la descente on se permet d'herboriser un maximum. Le chemin est large mais très caillouteux. En marchant sur ce sentier qui peut être emprunté par des 4x4, nous avons une vue très plongeante sur un lieu un peu insolite qui est le lac des Vaches: Ce lac est coupé en deux dans son axe médian par une espèce de gué composé de grandes pierres plates juxtaposées qui permettent ainsi aux randonneurs que nous sommes de traverser à pied sec. Sur notre gauche, la paroi de l'aiguille de la Vanoise est impressionnante de verticalité, mais on se dit avec Sylvie en la contemplant: "Pas pour nous!". Au niveau du lac, il y a plein de monde. Ce sera d'ailleurs une des nouveautés de cette année, c'est le nombre important de randonneurs que nous rencontrerons sur les différents itinéraires sauf.........un et vous devinez déjà lequel. Une petite précision, peut-être........?
Dès la sortie du lac des Vaches, nous apercevons le refuge qui va nous accueillir ce soir. Pour le rejoindre, chacun d'entre nous prend un itinéraire différent: Sylvie reste sur le chemin "central" mais celui-ci bien que moins pentu est caillouteux à souhait. Je choisis, sans le connaitre celui qui reste à flanc de montagne, qui est aussi plus pentu dans sa phase finale, mais dont le "revêtement" est plus doux au pied même si de temps à autre, il y a quelques grosses pierres à franchir. Les dernières longueurs passent à travers des massifs de rhododendrons(c'est la bonne orthographe!) sauvages rouges. Sylvie veut épargner ses genoux en évitant les grosses déclivités, je la comprends. Nous nous rejoignons à nouveau en bas comme dans la première descente de la journée et c'est ensemble que nous arrivons au
Refuge des Barmettes vers 16H30. Ce refuge est situé en haut d'une des pistes de Pralognan-la-Vanoise à côté d'un tout nouveau télésiège à six places. En arrivant, l'impression est bizarre car le bâtiment extérieur est encore en restructuration, le mur nord-est n'étant pas encore totalement recouvert de pierres mais en y regardant de plus près et en l'imaginant fini, ce refuge, qui fait aussi restaurant d'altitude pendant la saison de ski, est superbe. Avant d'y pénétrer, dès notre accueil (très sympathique d'ailleurs), nous commençons par prendre une bonne bière en profitant des derniers rayons de soleil. Le vent balaie la terrasse avec force. Le refuge borde la Glière sur laquelle une petite centrale hydroélectrique a été installée. Grâce à un petit barrage, cette structure fournit suffisamment d'énergie pour alimenter en électricité une ville de 13000 habitants. Etonnant, non!
Notre hôte nous présente le dortoir que nous partagerons avec six autres randonneurs et après une bonne douche chaude, nous nous retrouvons ensemble à table dans la superbe salle à manger: Il est 19 heures. Au menu ce soir: Quiches avec de la salade verte et des tomates suivies d'un quasi quart de poulet accompagné de courgettes en dés et de pâtes. Royal !...Et le dessert me direz-vous? Tout simplement une coupe de fromage blanc et de fruits rouges frais. Si après tout ça on réussit à dormir?
Nous partageons le repas avec trois groupes différents :
- Le premier, c'est un couple sympathique qui randonne donc rien de spécial.

- Le deuxième est composé de trois personnes : La grand-mère qui a 80 ans, la fille une quarantaine et son fils largement moins de dix ans et bien sûr tout le monde randonne. Ces deux dames vont nous fournir des renseignements précieux et précis pour peaufiner notre itinéraire du lendemain.
-Le troisième, c'est un jeune homme d'une trentaine d'années qui compte mettre 25 jours pour rallier le lac Léman à Nice et tout cela par le GR. Ce jour-là par exemple, il avait marché plus de 14 heures en faisant l'équivalent de plus de deux de nos étapes ; ça laisse pantois, non?
On ne se couchera pas tard ce soir-là, et pas tard aussi les autres soirs, mais je me suis dit en rentrant dans mon sac de couchage que notre rando avait pris une autre dimension cette année.....mais laquelle?

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