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samedi, décembre 01, 2007

Iles Scilly du 13 au 25 juillet 2008: Penzance - Iles Scilly.



SEPTIEME JOUR: PENZANCE - ILES SCILLY


Samedi matin 19 juillet: Il fait à peine jour ce matin quand je fais glisser discrètement le panneau de la descente et ma première préoccupation, c'est de regarder d'où vient le vent et l'état du ciel. Soulagement, concernant le vent, il est orienté ouest-nord-ouest plus exactement au 290° et le ciel commence à se "dégriser", je crois même apercevoir quelques "culottes de gendarmes" en formation ce qui est très bon signe. Géant, ça va être géant ! Je sors tout doucement et file rapidement vers la "capitainerie" qui est sûrement ouverte à cette heure car les sorties peuvent se faire depuis presque une heure... C'est ouvert et le harbour-master est là, décontracté, dans son fauteuil, il sirote, je suppose, du café au lait dans un mug: Très british !
S
uper sympa quand je lui demande s'il a une météo récente, il me répond qu'il en aura une " in five minutes". J'en profite pour retourner au bateau pour réveiller "la fine équipe" qui aujourd'hui devrait vivre des heures exaltantes. Pas la peine, ils sont déjà sur le "pied de guerre" (pensez donc...) et le p'tit dèj est lancé. On avait prévenu nos voisins hier soir qu'on larguerait les amarres vers 8h et donc comme deux autres bateaux sont à notre couple, qu' il nous faudrait nécessairement leurs aides pour manoeuvrer. Le "village flottant" s'éveille. Je prends donc mon p'tit dèj vite fait et je retourne prestement à la météo: " ouest 5-6 mollissant 4 en virant nord-ouest avec des éclaircies et une mer peu agitée."
Pour l'instant, on n'a pas ça mais vous savez.....les prévisions sont a
vant tout.... des prévisions.
La manoeuvre de sortie se passe bien, à part le fait que notre voisin de quai pense un moment qu'on lui a "piqué" un pare-battage, mais tout rentre dans l'ordre et Hélène, qui est avec Edith de service manoeuvre du bateau le sort sans problème. Le ciel est maintenant partiellement dégagé et le soleil joue à cache-cache avec le Mont-St-Michel local. On envoie la grand'voile avec un ris car il y a des "claques" sous le vent de la côte et puis, c'est une configuration qui nous va bien au vu et su des prévisions. On ne déroule pas totalement le génois pour la même raison et on met le cap vers Land's End et de la fameuse bouée Runnelstone en longeant la côte à bonne distance. On se permet de raser les moustaches du bateau garde-côtes qui est en stand-by au mouillage dans la baie devant Newlyn. Il est 7h45 locales et Penzance s'éveille et nous, on n'a pas sommeil, car on est gonflé à bloc (n'est-ce-pas Jean-Pierre ? Hip-hip-hip....hourrah !). La vitesse est bonne et on atteint rapidement Mousehole, le dernier abri avant la fin des terres. Le phare de Tater-Du est en vue et croyez-moi, ça sent déjà le large. Le ciel se dégage de plus en plus et le vent se stabilise malgré quelques petites risées "effet venturi ". Je regarde cet équipage avec délices. Il est heureux car il sait qu'il va vivre un moment inoubliable: Entrer dans le mythe de Land's End et la magie de ses grands phares, c'est comme entrer en religion, c'est du "sacré" pur jus pour qui aime naviguer.
Dans la petite vidéo suivante, il y a un p'tit couac à la fin mais je vous l'offre quand même: Elle traduit bien l'ambiance de l'instant.





Dans moins d'une demi-heure, Chadburn va dépasser la pointe de Land's End et s'offrir la houle de l'Atlantique en pleine "tronche". Ce bateau est un excellent bateau sécurisant, puissant et nous allons vivre de merveilleux instants de mer pendant les heures qui suivent. Sur tribord, au nord le passage de Long Ships vers, pourquoi pas l'Irlande, avec le superbe phare de Longship et son homologue à bâbord des Seven Stones qui a vu la coque du pétrolier Olympic Bravery se fracasser sur ses roches. "Jean-Charles, on voit Runnelstone et......Longship ". On est dans le vif du sujet depuis quelques instants, Edith est à la barre et....regardez.




"Chadburn" s'ébroue, galope, prend la mesure de cette mer qu'il affectionne tant. Il est à l'aise dans ce clapot, il suffit de le placer au sommet de la vague et d'abattre un peu en haut pour qu'il ne tape pas et le relancer de plus belle. Nous avons le vent contre le courant pour l'instant, mais le speedo, lui, témoigne d'une sacrée santé : 7-7,5nds. C'est tout bon, ça ! On fait pour l'instant du 230-235° sur le fond, à moins de 20° de la route directe et en plus, dans 3 heures, le courant va nous "dépaler" vers le nord. Dans trois heures et demie, on n'aura qu'un petit contre-bord à tirer pour se replacer dans l'est des iles Scilly. Un peu plus d'une heure après Runnelstone, on laisse le phare de Wolf Rock à un mille au vent. Puis c'est le tour du rail montant des navires qui vont vers le canal St-Georges et le nord. Nous ne croiserons qu'un seul bateau dans le descendant qui s'est semble-t-il dérouté pour ne pas nous gêner (photo).
Vers le milieu de l'après-midi, on "LES" voit dans
notre nord-ouest. Le courant va nous porter au nord......On vire. On se retrouve bâbord amure, il est l'heure de faire une petite sieste après le grignotage que l'on vient de s'offrir (Enfin, pas pour tout le monde). Dans un peu plus d'une heure, on pourra à nouveau virer et faire route presque directe. Le vent force pendant ce bord pour monter à plus de 25 nds. Une sieste plus tard, il est temps de faire le dernier bord rapprochant....




L'objectif est en vue, il nous reste seulement à parachever cette magnifique navigation par quelques petits bords qui nous permettront de rentrer à l'intérieur de l'archipel. Vous avez vu sur cette dernière vidéo le signe de bras de Dominique, le barreur, c'est un signe de victoire comme seuls les gens qui sont en train de réaliser un rêve savent le faire. La "fine équipe" sait maintenant qu'elle a gagné même si le vent monte encore, elle a atteint ce pourquoi elle était montée à bord de ce bateau à St-Malo. Le vent monte encore, on enroule encore un peu de génois, on laisse un peu de charriot de barre d'écoute sous le vent et on détend un peu le hale-bas de bôme pour ouvrir le haut de la grand voile, mais sous le vent des iles, la mer est moins dure et le lourd clapot s'est amorti.





Nous choisiss
ons maintenant nos bords et leurs durées, comme si on voulait prolonger cet instant de la découverte. Les contours et les détails des iles se définissent de plus en plus et se transforment en amers remarquables. Jean-Pierre jubile, il a "potassé" ça une partie de la nuit et essaie de reconnaitre chaque ile, chaque passage. Nous allons donc aborder l'archipel en empruntant le chenal de St-Mary qui est dominé au sud par la pointe de Penninis sur laquelle on repère très vite son phare blanc. Nous sommes plutôt dans le sud, donc nous n'avons pas à craindre la roche isolée de Glistone qui découvre dans l'est du phare. On identifie assez vite aussi la cardinale Est située dans le sud du Sound ainsi que le bâbord de Bartholomew. On y est....On a un peu de courant contre nous dans le passage. On va quand même aller voir au port de Hugh Town comment est le mouillage avec ce vent un peu orienté nord-ouest, mais je ne fais pas beaucoup d'illusions.
On se paie même le luxe de virer au pied du p
hare presque à toucher les cailloux. L'ambiance à bord est archi-super-détendue, comme on peut le constater sur la photo de gauche: C'est Byzance. A notre vent, on voit nettement le mouillage de Port-Cressa où, je pense, on viendra se mettre dans un peu plus d'une heure. A la latérale bâbord, on est à la sortie du sound de St-Mary et on peut mettre le cap vers Hugh Town en arrondissant un peu vers le nord-ouest. On a pas besoin d'aller plus près du port pour constater que le mouillage est inconfortable et, au vu du faible nombre de bateaux sur corps-morts et de leur roulis respectif, on est vite renseigné.
Demi-tour et direction Port-Cressa qui avait l'air un peu fréquenté mais tel
lement plus confortable. On se trouvera bien une petite place. A l'entrée du mouillage, on met le moteur en route, on enroule le génois et on affale la grand voile. On prépare notre ancre à poste sur le davier et on branche le guindeau électrique. C'est Dominique qui se charge de faire la manoeuvre. Après un tour de repérage parmi les bateaux déjà en place, on choisit notre place en tenant compte de la perte de hauteur d'eau (4m50) et de notre zone d'évitage par rapport aux autres.
Il est 1
7h45 locales, les 25m de chaine sont au fond, l'ancre a "rappelé" sec, le bateau ne bouge pas, nous sommes bien placés par rapport aux autres bateaux, on assure le guindeau et la chaine avec un bout. Que dire de plus ?
"Wouah, on y est et c'est super !"On peut couper le moteur et savourer cet instant..... Eh bien, non ! Hélène se met à briquer le cockpit, les deux garçons étudient la nav de demain pour l'ile de Tresco et Edith nous prépare certainement un de ses apéritifs plein d'affection et de gentillesse. Quel équipage ! Que voulez-vous? C'est la "FINE EQUIPE" et ils sont.....SUPERS. Je ne vous parle même pas de la soirée, on se la garde pour nous. La nuit va être magnifique ("Chadburn" bouge à peine et de moins en moins avec le jusant) et la journée de demain sûrement extraordinaire car nous irons à Tresco, alors ? 
En direct de Port Cressa...Le samedi 19 juillet 2008.

Il est maintenant 20h39, heure locale et on est bien...





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