...Lundi 10 août
7h05 : Le dortoir commence à se réveiller. Hier soir, la pluie avait cessé de tomber au moment du coucher.
Je récupère mes affaires de toilette dans le petit panier, prévu à cet effet, que j'avais monté hier soir à mes côtés. Je descends discrètement de mon étage mais ça commence à bouger un peu partout. J'ai décidé ce matin de me laver dehors à la fontaine, histoire de me préparer de façon tonique à cette grande journée.
Eh bien, c'est tonique et saisissant mais tellement bon.
Il fait très frais et le ciel est partiellement bleu. Le soleil commence à éclairer les sommets environnants. Nous attendons pour le petit déjeuner qui avait été négocié à 7h30.


Nous prenons notre premier repas de la journée ensemble. L'ambiance est conviviale et sereine.
Après un au revoir chaleureux, nous quittons nos "bourguignons" qui en terminent aujourd'hui et descendent vers Val d'Isère.
Peu après, les sacs sont à...dos et nous nous mettons en marche vers le col, première difficulté de la journée. On reprend pour une centaine de mètres le tracé d'arrivée d'hier avant de bifurquer vers le col.
...450m de dénivelé à 8h30, c'est pas rien! On est super-motivés d'autant plus que ce matin, nous sommes cinq. Le jeune couple s'est joint à nous et on envisage de marcher ensemble aujourd'hui.
Elle s'appelle Florence et lui , Sylvain.


Dans la montée du col, chacun se place dans le groupe en fonction de sa vitesse. Finalement, notre nouvelle équipe est très homogène dans sa progression. La montée est classique en lacets. On voit l'objectif d'en bas, à chaque instant. Un peu en-dessous du col, nous apercevons nos premiers.....chamois ou bouquetins...image trop fugitive pour avoir le temps de les identifier.

Un des gardiens du refuge nous avez dit hier qu'il n'y avait pas de bouquetins dans le secteur donc, ça pourrait être des chamois...
Un peu avant d'arriver en haut, nous dépassons un drôle de cairn..
Oh, capitaine ! Oh, notre capitaine !
Il nous faut à peine une heure pour arriver en haut. Pas mal ! J'vous l'ai déjà dit, on a une super "pêche" ce matin. La brèche du col n'est pas large mais offre encore un panorama à couper le souffle. Ah, cette montagne !
On est encadré au nord par le Pelaou Blanc(3135 m) et au sud la Pointe des Fours(3072m). A nos pieds, un lac presque transparent... Sur l'arête, un gros cairn avec une...boite aux lettres dedans, dans laquelle on peut laisser les messages !! Etonnant !

On souffle un peu quand même !
Allez, on ouvre ses petits yeux ! C'est beau, non ?


Le versant est est abrupt. Le sentier précis dans un premier temps, laisse la place à une sente au tracé approximatif à travers quelques névés où le repérage des cairns n'est pas évident.
Alors qu'on contourne une hauteur par la gauche, une deuxième apparition animale ponctue notre progression. Alors...Chamois ou bouquetin ?
Moi je vote pour le un. Magnifique ! Mais je suis sûr que Sylvie, qui prend cette photo est, à cet instant, préoccupée par autre chose. Vous avez vu la dernière vidéo...Eh bien, on va tomber dedans ! La preuve ci-dessous...


Pour l'instant, c'est pas bien méchant mais ça pourrait le devenir et le pire c'est qu'on a oublié...la corne de brume ! Nous avons consigne de serrer les rangs. Pendant cette période de...black-out, nous allons croiser deux groupes qui montent et nous ne les verrons qu'au dernier moment alors qu'on les entendait depuis longtemps. Un petit échange d'infos avec eux nous apprend que c'est seulement local et qu'en bas vers le Pont de la Neige, c'est clair...Ouf ! On descend actuellement presque plein nord vers la route qui mène au col de l'Iseran. Le ciel se dégage tout doucement.
Depuis quelques instants, le brouillard s'est dissipé, quelques gouttes de pluie prennent le relais, mais ça n'est que passager. Le pont de la Neige est en vue : On croise de nombreux groupes qui entame leur rando à la journée( Ils ont des petits sacs à dos).
Un briefing-boisson-barres énergétiques se met en place près du parking de voitures. Sylvie et Sylvain, en fins stratèges, déplient les cartes et cogitent : Route goudronnée or not route goudronnée ? That is la question du moment, parce que nous, on n'aime pas les routes goudronnées, on a "horreur" des routes goudronnées. Tous ces gens avec leurs engins à quatre roues, "y" font que du bruit et "y" nous cassent notre éthique de randonneur .
Eh bien, la fumée blanche est sortie...Ce sera route goudronnée pendant à peine 1 km jusqu'à un autre parking, l'Ouglietta à partir duquel on attaquera un balcon très montant avec 200m de dénivelé en direction du Plan des Eaux( 2674 m).
" Chef, on marche à droite ou à gauche ?"..." T'en penses quoi toi, Henry et toi, Sylvain ?
"Quand on regarde vers le nord, c'est à dire la montée, on voit le haut du col de l'Iseran, mais nous on va descendre un peu. Allez, chacun pour soi et au diable le code de la route ! C'est beau à droite, alors, allons à droite...

Sylvie est partie "plein pot" devant. Sans doute veut-elle expédier cette portion le plus vite possible ! On se fait dépasser par des cyclistes-randonneurs super-équipés...
" Tiens, les gens sont en vacances! ". Y'a plein de camping-cars en vadrouille, des italiens, des belges, des français...On nous regarde comme si on était des extra-terrestres avec nos gros sacs sur le dos et nos grosses godasses. Pour l'instant, le spectacle est à droite dans le "trou". Sur la route, c'est un peu "grosse" pagaille. Le capitaine, "y" doit pas être content. Je dirais même plus, "y" doit pas être content du tout ! Sur la photo en-dessous, on est tous à droite, mais ça n'a pas toujours été le cas !


Je précise quand même pour des lecteurs non avertis que nous n'avons pris aucun risque, ni mis personne en danger dans ce parcours routier. J'aime bien, dans mon récit, employer de temps en temps, un ton humoristique...
Au parking de l'Ouglietta, nous faisons une pause "changement de vêtements dans le genre allègement". Il fait chaud dans cette vallée même s'il n'est même pas 11h. On a bien avancé. J'vous avais dit, on est super-top aujourd'hui !
Plus légèrement vêtus, désaltérés, vitaminés et décidés, on entame la dernière portion de la journée. En guise de portion, c'est plutôt le plat de résistance qui nous attend mais notre petit doigt nous a dit que c'était la plus belle qui soit. On est donc très motivé parce que beau, on sait ce que c'est, plus beau, on sait aussi, mais le plus beau, on est impatient de voir. La montée commence par deux grands lacets sur un sentier bien tracé.

Même avec cet angle encore faible, le panorama est grandiose. En face, c'est déjà magnifique !
Vers 11h45, on arrive au point de vue du Plan des Eaux à 2674m. Une chose curieuse, c'est qu'à endroit, le tracé sort pour quelques hectomètres des limites du parc naturel de la Vanoise dans lequel nous randonnons depuis 3ans.




Sur la dernière photo de gauche, on aperçoit la route que nous venons d'emprunter. A partir de cet endroit, on a du mal à regarder où on met ses chaussures, tellement c'est beau en face.
Nous ne sommes plus sur un balcon mais sur une terrasse avec vue directe, sans obstacle, sur la ligne des sommets qui sont en réalité la frontière naturelle que nous avons avec l'Italie.
Sur notre gauche, au-dessus de nous, la Ouille Noire(3357m) et ses différents sommets adjacents...Ouille en savoyard signifie eau courante et noire, parce que son sommet est recouvert de schistes noirs. De l'autre côté, nos capitaines de route ont identifié presque sûrement l'Albaron(3637m). Bien sûr, il y a d'autres sommets, d'autres glaciers, d'autres cirques, d'autres pointes, mais ce n'est vraiment pas facile de mettre un nom dessus.



En terrain pratiquement plat, nous progressons rapidement. Le décor change vite sur cette large "terrasse": On passe du petit ruisseau à traverser, à l'ilot de rochers à contourner...

Etant partis tôt ce matin, la halte pour le repas de mi-journée est légèrement avancée. Trouver un endroit à l'abri du vent dans ce décor, n'est pas une mince affaire. Finalement, on le choisit peu après le passage du petit gué. Il fait de plus en plus froid pendant cet instant. On vient de perdre plusieurs degrés en quelques minutes : Les polaires sont de sortie, les coupe-vents aussi et même les bonnets. A la reprise, la cadence monte d'un cran : On a froid, que voulez-vous !
Florence et Sylvain ont enfilé des ponchos imperméables et il ne nous manque plus qu'une musique d' Ennio Moriconne pour accompagner nos pas. Et en plus, j'ai mis mon bonnet "péruvien" doublé en polaire. J'ai froid à mes gambettes. On accélère...
On parvient dans une zone humide qu'il faut franchir.


Ce qui est motivant en montagne, ce sont ces changements d'environnement. On se dirige maintenant vers les Reys(2639m) où il y a une bifurcation qui permet de descendre vers... l'Ecot. On sait depuis peu que la vallée que nous surplombons actuellement, on va l'emprunter bientôt...Sous la Ouille des Reys(3081m), on part plein nord en attaquant un énorme "coup-de-cul" en lacet, qui nous permet de "grimper" d'un étage. Cet ascenseur naturel nous permet d'atteindre le petit lac du Py.


Les deux photos ci-dessus sont prises en direction du sud-est. Nous avons abordé le lac sur la rive opposée. Celles qui suivent, c'est au-dessus du lac et en-dessous...


Après une brève pause (photos, boisson, vitamines...), on repart pour quelques grands lacets qui vont nous conduire derrière un gros "téton". Une espèce de petit col nous ouvre la porte vers l'autre versant qui est adossé à l'Ouille de Gontière (3181m) elle-même, au pied de la Grande Aiguille Rousse (3482m). Tenez, souvenez-vous de ce nom...
Depuis le début de notre remontée vers le nord, on voit notre objectif : A l'aide des quatre photos qui suivent, je vais essayer de vous expliquer la fin de notre parcours...
J'ai pris ces deux photos l'une après l'autre pour que vous puissiez comprendre. Comme vous le constatez, celle de droite est la suite de celle de gauche. Actuellement, nous sommes sur le versant diamétralement opposé au versant sur la photo de droite. Sur la photo de gauche, l'Ouille de Gontière est le sommet rond de droite ou...... celui de gauche sur la photo de droite. Notre sentier nous fait faire le tour de cet arc en restant à la limite du "vert" et passe derrière le dôme vert qui est au pied du sommet central (la Grande Aiguille Rousse). Sur la photo de droite, le refuge est au-dessus de la cascade au centre de la photo, légèrement à gauche, dans la bande au soleil.
Les deux photos qui suivent, vont vous éclairer définitivement. Je n'ai pas de téléobjectif. Sylvie et Sylvain en ont un. Surtout, Sylvain qui a du gros calibre parait-il.....!!!


Les deux photos qui suivent, sont les suites des deux premières en allant de plus en plus vers l'est. Elles pourraient être celles de la vallée du Grand Fond qui remontent jusqu'aux sources de l'Arc.


Allez, assez fait d'explications, si on avançait un peu. Au passage du petit "col" derrière le téton, on rencontre un couple qui se reposait, loin du tout et surtout loin du temps qu'il leur fallait pour revenir dans la vallée...Dans le fond de la dernière combe que nous contournons, un important troupeau de moutons s'émeut à peine de notre passage. Nous arrivons à la bifurcation qui permet de descendre directement dans la vallée vers Bonneval-sur-Arc.
Il est un peu plus de 15h, nous avons avancé comme des fusées. Nous sommes, normalement, à moins d'une heure du but.
Nous nous engageons sur le sentier qui nous mène directement au refuge. Quand Sylvie nous avait parlé de cette étape, je l'avais imaginée différente, plus longue, plus dure. Cette journée s'est déroulée dans une grande légèreté. La motivation était continuellement sous nos yeux. Les paysages magnifiques ont été un moteur formidable.
Nous passons sous une énorme pierre en équilibre. Sylvie emmène le groupe des échappés.
"Finir une journée de rando pour préparer la suivante !" Je me souviendrai toujours de cette réflexion à notre arrivée, il y a trois ans, au refuge Félix Faure, alors qu'on trainait un peu derrière avec Marie-Jo.
Un dernier franchissement humide et on y est presque. Henry a un petit problème de sac et "n'embraye" pas !

"C'est tout bon, on le voit !" On termine à travers un amas de grosses dalles de pierre. Ce Refuge du Carro est et ressemble vraiment à un refuge de haute montagne : Il est splendide !
Il est 16h15 et on se fait la photo d'arrivée (Belles têtes de vainqueurs, non ?).


Terrasse avec tables et chaises longues, panneaux photo-voltaïques, y'a du récent dans ce refuge...Autour, c'est pas mal non plus ! Derrière, il y a le lac Noir et le lac Blanc...Superbe ! Personnellement, le blanc, je le vois plutôt bleu. Le noir, j'veux bien !

"On rentre par où ?"......... "Si on essayait la terrasse? "
Je regarde par la porte vitrée. Une jeune femme est assise dans une chaise longue dans ce qui semble être la cuisine. Elle se lève, vient vers moi, et avec un large sourire, répond à mon bonjour et me dit qu'il faut qu'on entre en bas, par la droite du bâtiment.
Nous voilà dans la salle principale, les traditionnelles claquettes aux pieds. Accueil souriant, très aimable et prévenant. La jeune femme monte avec nous à l'étage, nous attribue nos chambres, des vraies. En plus, on pourra prendre des douches chaudes gratuites avant 18h30, heure à laquelle la cuisine se met en route. On négocie une seule chambre avec Florence et Sylvain, au lieu de deux prévues. Six lits, donc un lit pour servir de débarras. Tout est "nickel", les sanitaires sont pratiquement neufs. Rendez-vous est pris en bas pour prendre en bas le pot de l'arrivée.
On se retrouve quelques temps plus tard dans la salle commune. Ce soir, j'offre le pot et ça tombe bien parce que la gardienne nous propose de la bière belge en 75 cl . On va se gêner !!! La commande est passée, on trinque... A la vôtre !
" Tiens, j'ai un message de Marie-Jo..!" nous dit Sylvie en consultant son portable qui a sonné.
" Et elle dit quoi?"
" Elle dit qu'elle a décidé de nous rejoindre ici et qu'elle est partie de l'Ecot, il y a deux heures..."
Pour une nouvelle, c'en est une, inattendue mais sympathique quand même.
Et de six, notre fin de rando va prendre un autre tour.
Dix minutes plus tard, Marie-Jo est là et se joint à nous.
Au repas de ce soir, il se passera plein de choses imprévues, mais, si vous le voulez bien, je vous en parlerai demain...Il sera toujours temps de le faire...
En fin d'après-midi, Sylvain a pris quelques belles photos. Je ne résiste pas à l'envie d'en partager une avec vous.

A demain et...Bonne nuit quand même !
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