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samedi, décembre 01, 2007

Le tour des Annapurnas (2010) : High Camp - Thorung La Pass - Muktinath...


HIGH CAMP (4925m) - THORUNG LA PASS (5416m) - MUKTINATH (3760m)






Agrandir le plan


 A: High Camp.
 B: " 5000m, Jean-Charles ! "
 C: Thorong La Pass.
 D: Muktinath. 



Mercredi 21 avril : Il est 3h30, quand je retrouve Tanguy ainsi que les "toulousaines" dans une des deux salles de repas. Bien entendu, dehors, il fait encore nuit et il fait très froid, comme dans la pièce dans laquelle nous allons prendre le petit déjeuner. Un faible éclairage donne un côté irréel à l'ambiance qui règne déjà dans cet endroit. Le mélange de vapeur d'eau créée par les boissons chaudes et les condensations de respiration des trekkeurs ajoutent un côté évènementiel à l'instant. Le reste de notre équipe arrive en ordre dispersé.
Hier soir avec Joël, on s'était préparé sérieusement pour ce départ de nuit : Caleçon, grandes chaussettes, gants appropriés, couche de vêtement supplémentaire, genouillère pour moi... Il fait sûrement en dessous de 0°c mais c'est supportable, c'est un froid sec et on est bien équipés...
Après un p'tit dèj consistant, omelette-toasts-thé ou café, on décolle vers 4h45. La frontale n'est plus vraiment nécessaire. Tout le monde est là, concentré et motivé pour cette grande journée, celle qu'on attendait tous.
















 

La mise en jambes et en "souffle" se fait sur les premiers lacets qu'on voyait du promontoire où j'étais hier. Il y a déjà pas mal de randonneurs sur le parcours, c'est normal, aujourd'hui, tout le monde va passer le col à peu près en même temps à une ou deux heures près. Devant, le tempo est donné par Pradip. Le jour est maintenant en place. On se fait doubler par des concurrents de l'épreuve " Maurice Herzog".

Sur la vidéo suivante, l'altitude annoncée est optimiste...En fait, on doit
être très légèrement en-dessous des 5000m. Sorry !





5h30 : Dans le sud, l' Annapurna III est encore dans l'ombre...On fait notre deuxième pause. On est bien ! Le rythme proposé par notre guide, nous convient. Marie-Do est un peu en retrait avec Babu.



Le Syagang...




Sur notre gauche, dans une trouée, le Syagang (6026m) s'illumine...C'est un des sommets qui encadrent à gauche, c'est à dire dans le sud, la Thorung Pass.
A 6h, nous atteignons les 5000m...Troisième pause : Que vous dire d'autre? C'est dur, mais nous "baignons" dans le bonheur, n'est-ce pas, Bernard ? Ah, si, il fait froid dès qu'on s'arrête, car on est encore à l'ombre.





Et maintenant, regardez bien la vidéo qui suit et écoutez bien les commentaires de notre guide Pradip. Il nomme distinctement les trois sommets qui encadrent la Pass. Après cette vidéo, je lui ai demandé une nouvelle fois de confirmer : Le Thorung Peak est bien au nord de la Pass...Vous avez bien entendu : Au sud, le Syagang (6026m), puis le beau dôme enneigé, le Khatungkang (6484m) puis la Thorung Pass et enfin, au nord, le Thurung Peak (6482m). Nous faisons notre quatrième pause...






On avance bien mais on souhaiterait arriver en haut tous en même temps et ça, ça va être difficile compte tenu de la façon de fonctionner qu'on avait jusque là. On décide d'attendre Babu et Marie-Do.


Chacun son petit caillou...
Hé oui Tanguy, c'est par là !

















Pendant cette pause, plusieurs évènements:

- En regardant en-dessous de nous, on constate qu'Eva est en difficulté. Elle est soutenue par son guide et avance péniblement. Elle s'arrête à notre hauteur: Eva n'a pas mangé ce matin ou pas assez et, est en hypoglycémie. Notre équipe lui donne des sucres rapides pendant qu'elle se repose. Ouf ! Ce n'est pas le MAM ! Elle repartira sans problème.
- Des coureurs passent...assis sur le dos de mules ! Tiens, tiens !
- Le groupe Allibert est là, légèrement en-dessous de nous.
Oh, n'allez surtout pas croire qu'on fait la compétition avec eux !
Nous savons simplement qu'ils o
nt dans leur groupe une personne qui a un peu de mal et qu'ils calquent leur tempo sur l'allure de cette personne, ça nous permet d'estimer notre progression.





Lichen...
Encore un p'tit effort ! Nous sommes repartis sans Marie-Do qui avance à son rythme en compagnie de Babu. Depuis notre dernière pause, le paysage s'est ouvert, plus de végétation mis à part quelques lichens. Je m'arrête pour faire une pause alimentation et pour satisfaire un besoin naturel. Je repars derrière le groupe Allibert, les double puis rejoint mes camarades de ..."cordée".





Ma petite pause alimentation m'a donné un coup d'énergie alors que je recolle au groupe, je pass
e tout doucement sur leur gauche pour les toutes dernières longueurs...
Tanguy est déjà arrivé, je le sens plus que je ne le vois sur ma gauche, il est assis et me regarde en finir. Nous y sommes, j'y suis. Je ne vois que les drapeaux et aussi la plaque. Cette arrivée, vous avez l'impression qu'elle vous saute au visage.
"Mais,,,,, y'a deux plaques
? "
"Y'en a une autre à gauche !"
Laquelle est la bonne ? Je ne comprends pas ce qui est écrit sur celle de droite, je crois seulement voir 5416m. J'entends dans une "semi-conscience" Tanguy me dire quelque chose, mais je suis trop "ailleurs" pour comprendre ce qu'il me dit.
Je suis fou de joie, ivre de bonheur, je pleure d'émotion, de fatigue de l'instant, d'avoir du mal à respirer, de l'impression d'avoir m
al partout, mais surtout d'avoir réussi.
"Tiens, celle de gauche est écrite en anglais, c'est celle-là que je connais, je l'ai déjà vu sur tous les blogs, c'est la bonne, je ne vois plus qu'elle, seulement elle, plus rien d'autre, pas même un groupe (Tanguy me le dira après qu'ils sont espagnols) qui est en train de se faire prendre en photo devant. Je ne me rends même pas compte que je bouscule presque leur photographe. Je suis "ailleurs"...
Oh ! Pardon, le
s gars, je ne sais plus ce que je fais...Je suis "ailleurs", mais je sais bien où je suis à cet instant, surtout le "où"...
Je me retrouve, le nez sur la plaque, l'APN au bout de mon bras tendu. Comme disait Jackson dans le fim "La voie Jackson" ( il existe un très bon bouquin sur une tragédie-fiction en montagne), je suis "exphrôn" ce qui voudrait dire "être hors de l'état de raison".
"Qu'est-ce que tu as du te marrer, Tanguy !"
La vidéo qui suit, j'en ai un peu honte maintenant, mais elle relate un instant bien particulier dans un contexte précis et pas un acte volontaire de ma part...






Après avoir "récupéré" un peu, c'est l'heure des photos-souvenir et chaque groupe organise sa propre mise en scène...
Marie-Do vient d'arriver peu de temps après nous. J'apprendrai un peu plus tard que Babu et elle, avaient négocié l'aide d'un muletier qui, parait-il, passe une partie de son temps à repérer les "secourables" sur le trajet et à proposer ses services le moment venu...Malin !


Une belle équipe, non ?






Gagné !...













Merci, Ratna !




" Tu vois Joël, on y est !!!"























Drapeaux de prières...









 















Le Nord épaule le Sud...



















Belles gueules de vainqueurs...





















Il va être temps maintenant de quitter la Thorung Pass, car il faut éviter de rester trop longtemps à cette altitude et en plus, nous avons encore pas mal de "route" à faire.





...1600m de dénivelé, chemin de terre ou rocailleux, pourcentage variable avec des ruptures de pente importantes, si on observe les courbes de niveau sur la carte.
Le vent ne va pas tarder à se lever, ça ne va pas être du gâteau pour le piètre descendeur que je suis. Heureusement que j'ai mis ma genouillère !


















Marie-Do "bascule" vers l'oues
t derrière la crête, le Khatungkang nous accompagne dans le début de cette descente.

Vous voulez que je vous dise...Oui, quelque chose a changé !

Tout cet investissement, pour ces quelques minutes de "folie".
Comme tous les instants qui suivent les grands évènements pour lesquels on s'est beaucoup investi, il y a un moment de dépression et aussi de décompression. J'entame la descente tel un zombie, en queue de peloton, me retournant sans cesse pour ne pas "partir" trop vite. C'est vrai, je suis un peu malheureux dans cet immense bonheur qui m'assaille.
Pourtant, un peu plus tard, je m'arrête un instant pour serrer très fort mes lacets sur la tige de mes chaussures; ça, ça veut dire
que je vais m'y remettre, peut-être pas tout de suite mais, ça va revenir. Il me faudra un peu de temps et je pense que pour tous les autres, c'est la même chose. Il y a pas mal d'images à "digérer". La motivation de la montée est un peu tombée. C'est vrai que, physiquement, ce n'est plus pareil, l'effort est infiniment plus faible.
Pour l'instant, je descends derrière Marie-Do...







Il est un peu plus de 9h30 et on ne sera pas à Muktinath avant 14h ou 15h peut-être. En face, ce qu'on découvre n'est pas mal non plus !


 















Vers 11h, deuxième pause de la descente: On l'appellera la "pause-carpette" si vous le voulez bien. Il y aurait comme une double "attaque générale de paupières", comme diraient nos amis suisses, c'est sûûûr !!





















Après une autre rupture de pente importante, on aperçoit, en contrebas, ce qui pourrait "être" notre halte de mi-journée.

















Petit à petit, je suis revenu sur le groupe et c'est presque ensemble qu'on arrive sur la terrasse ensoleillée du lodge. Apparemment, cet arrêt n'était pas prévu, mais nous, il nous convient bien. Il fait chaud maintenant, très chaud et les "sous-couches" vestimentaires sont superflues. La terrasse se transforme un peu en vestiaire. Nous sommes pourtant encore à 4235m. Au menu, pâtes chinoises avec des légumes.

Une heure et demie plus tard, on a "remis en route".




















Derrière nous, le temps se gâte sur le col, alors que ça se maintient dans la vallée devant nous. Le paysage est totalement différent, mais tout aussi magnifique. Le panorama est très ouvert, immense.
Les lignes de crêtes se superposent.
Les perspectives semblent sans limites. Cette région est pas mal coupée de l'action des moussons par la chaine des Annapurnas. C'est aride, sec, nous ne sommes pas loin des portes du Mustang. Au fil de la descente, on retrouve petit à petit de la végétation. Nous sommes pourtant encore à plus de 4000m.
Un peu avant d'arriver à l'étape,
Marylène soigne la grosse ampoule de Tanguy avec en prime, cette fois-ci, un léger arrachementarçon !

Derrière nous... "Tiens, deux fois !"


















Derrière nous ( "Tiens, trois fois !" ), le sentier laisse son histoire. Dans les prochains j
ours, le programme promet d'être tout aussi passionnant, mais c'est évident qu'en ce moment se ferme une "porte" avec l'image de ce col qui s'éloigne inexorablement...
Vingt-cinq minutes plus tard, après un p'tit "contour" (un virage en Suisse), on découvre Muktinath.

Il est à peine 14h, on est un peu... fatigué mais on décide de visiter le temple qui est un haut lieu de pèlerinage. Il est fréquenté aussi bien par les hindouistes que par les bouddhistes. Certains riches indiens y viennent, parait-il, en hélicoptère.

















A l'extérieur, des drapeaux de prières bouddhistes tapissent la montagne. Dans l'enceinte du temple, l'eau sacrée d'une centaine de petites fontaines (108 exactement) permet aux pèlerins de se purifier.


































Après une visite sympathique et instructive (Merci, Bernard !) , nous quittons le temple pour le village. Il faut nous rendre à l'évidence, nous sommes revenus dans la "civilisation". Trois 4X4 rutilants sont stationnés à l'entrée du temple et on peut entendre en contrebas la douce pétarade de quelques motos. Il nous reste quelques minutes de marche pour atteindre le village que nous distinguons nettement, un peu plus bas.
















Aurons- nous assez de ces quelques m
inutes pour "sasser", pour nous mettre dans une autre configuration ?
Nous sommes encore à presque 3800m mais la perception est toute autre. On a vraiment l'impression d'arriver au "far-east": Pas de rue principale étroite et dallée. Ici, c'est tout le contraire: C'est bien poussiéreux, bien large !

Les maisons ne sont pas alignées sur le bord de la "main-street", mais posées de façon un peu anarchique.
Notre hôtel est presque à l'entrée du village qui s'étire sur presque un kilomètre.

Nous sommes au Mona Lisa (ça ne s'invente pas !). Il y a, parait-il des douches...chaudes. On va certainement apprécier: Personnellement, ça fait 3 jours que je "fonctionne" à la lingette bébé à l'aloé vera, j'vous recommande, mais, une douche chaude, c'est mieux, non?...
La construction est en briques et en bois peinte en... rose. Il est situé entre le "Bob Marley" en blanc et le "Mont Kailash" (c'est un sommet en Inde qui est le centre de l'univers bouddhiste, tout un symbole...) en bleu "jouet".
 
Le Mont Kailash...
 Vous ne pouvez pas le manquer si vous allez par là un jour.
Ambiance quasi "époque coloniale" ou " époque saloon", au choix avec une terrasse donnant sur la rue et un
e autre sur l'arrière-pays.
















Après une installation dans des chambres minuscules, c'est l'heure de la...douche pour laquelle, nous nous organ
isons à notre étage. Avec Tanguy, nous faisons sécher nos sacs et leurs contenus, car Ratna a chuté dans l'eau en traversant le torrent qui descendait du col. Il était tout "retourné" le pauvre (pendant et après !) et met tout en oeuvre pour faciliter le séchage. Heureusement, la tendance orageuse est partie et c'est maintenant, un grand soleil chaud qui inonde la terrasse.
Le fait d'avoir tout protégé dans des grands sacs plastiques comme l'avait si bien recommandé notre "chef", a minimisé les dégâts.
APN en main, c'est pour moi, l'heure de découvrir ce village. Il fait encore très chaud et je sens que cette balade va être très agréable. Nous avons un pot dans une heure, j'ai juste le temps.

A vous de découvrir...












































 


Dans cette promenade-découverte, je vais voir le temple qui est tout récent, je me "risque" dans des petits ruelles, à l'écart de la rue centrale. Bref, je me surprends moi-même en petit "découvreur", car je n'ai jamais été très hardi dans ce genre de situation. Dans ce domaine, je reste quelqu'un de très conventionnel. 
Derrière le temple, on a une très belle vue sur l'arrière-pays.

















Ces superpositions de lignes de crêtes sont belles et la profondeur de ce paysage est la promesse, pour demain, d'en avoir, à nouveau, plein les yeux...
Il est l'heure de rentrer à l'hôtel si je ne veux pas être en retard pour savourer notre première bière depuis Lower Pisang, si je ne me trompe pas. Et, en terrasse, s'il vous plait et ce sera notre toute première San Miguel. Depuis le temps qu'on en parle, de cette bière !



















Il faut avouer qu'elle se laisse boire...


18h30 : Nous avons invité les "toulousaines", Eva et Nicolas, un jeune québécois à notre traditionnel apéro-pastis-saucisson avec lequel nous renouons ce soir. Les porteurs ne sont joints à nous. Exceptés un américain et son guide, il n'y a que nous ce soir au Mona Lisa. La soirée promet d'être très chaleureuse, on va sûrement chanter pour marquer cette très, très grande journée qui a tenu toutes ses promesses. Mais si vous le permettez, je me la garde, celle-là.

Nostalgie, quand tu nous tiens !


Au repas, ce soir : Soupe de champignons, gros momos avec des frites plus les ananas au sirop dont les boîtes ont passé le col sur le dos de nos porteurs comme tous les fruits depuis le début du trek. Bravo Exotic Treks ! Et, merci à tous nos porteurs pour tant de gentillesse !

A demain !






1 commentaire:

Unknown a dit…

Vous ne le trouvez pas mignon, le ptit Dan avec son bonnet d'anniversaire ?