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samedi, décembre 01, 2007

Le "TGC" ( 16 au 20 juillet 2007)...

Du refuge du col du Palet (2652m) au parking de Bellecombe (2312m) en passant par le col de La Leisse (2761 m)...



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Il est très tôt ce vendredi 20 Juillet, quand je me réveille. J'essaie de faire le minimum de bruit en rassemblant toutes mes affaires pour sortir du dortoir dans lequel pour l'instant rien ne bouge. J'avais déjà tout prépa hier soir pour que ce soit plus rapide et plus efficace ce matin. J'ai un très bon professeur..... Sylvie dort encore, je la réveille tout doucement avant de sortir discrètement. Mon passage pourtant silencieux déclenche quelques mouvements à l'entrée du dortoir. Eh oui, c'est l'heure pour beaucoup de randonneurs qui aiment commencer leur course à la"fraiche". Dehors, c'est le grand beau mis à part deux ou trois petits nuages inoffensifs, mais il fait très frais et la rosée est omniprésente.

Tout autour du refuge le spectacle est total. Le soleil commence à illuminer le haut des sommets environnants. J'en profite pour faire quelques photos. Quand je retourne sur la terrasse où j'ai déjà déposé mes affaires sur une des tables, je suis rejoint par quelques "collègues" qui s'apprêtent à fair
e la même chose que moi : La préparation quasi scientifique du sac, rangement-équilibrage-répartition-fonctionnalité. Nous avons commandé le petit déjeuner pour 7 h et c'est le moment d'y aller. Sylvie arrive à cet instant. Elle a juste le temps de poser son sac sur une table et de nous suivre vers la salle à manger. Pendant le premier repas de la journée, c'est l'heure de la concentration et aussi celle de la discussion. Je raconte à Sylvie mon épisode nocturne ; ça la fait sourire, mais je sais qu'elle pense sincèrement qu'il m'arrive des choses pas ordinaires. Je suis un grand naïf et tout m'émerveille. C'est comme ça depuis plus de cinquante ans. Quand on provoque les évènements, il y a forcément à un moment ou un autre des retours...Aujourd'hui, c'est à mon tour de régler l'addition et j'espère bien dire à cette jeune fille qui nous a accueillis hier combien elle a été désagréable, mais je n'en aurai pas l'occasion car c'est la gardienne du refuge qui me présente la note. Malgré tout, je ne manque pas de l'informer sur le comportement déplaisant de son employée. En sortant de la salle, avant de rejoindre Sylvie qui m'attend dehors, je croise la jeune femme espagnole qui me remercie à nouveau de l'avoir aidée cette nuit... Au départ, j'ai envie d'attaquer par le petit raidillon qui mène directement au col. J'ai la grande forme ce matin. Finalement, on prend la montée en lacet qui nous permet de faire un au-revoir plus long au dernier refuge- étape de cette randonnée.
Il nous faut seulement dix minutes pour atteindre le col et commencer la bascule sur Tignes et le Val-Claret. Descente très facile, ponctuée de petits replats dans lesquels s'étendent quelques superbes petits lacs aux eaux vert-foncé. C'est très insolite de retrouver sur les pistes de Tignes à la sortie du sentier tout en sachant que je n'y viendrai sans doute jamais l'hiver car les usines à ski, c'est pas ma tasse de thé. On s'oriente comme on peut, vers le bas, en direction du Val-Claret car on sait que la trace qui monte vers le col de la Leisse part de là et surtout, on ne veut pas descendre trop pour raccourcir le long trajet qui nous attend et aussi surtout pour ne pas avoir à supporter trop longtemps la vue de cet ensemble immobilier qui est une toute autre représentation de l'image que je me fais d'un village montagnard.. Et bien, on sera puni car il nous faudra descendre jusqu'au-dessus de l'entrée du funiculaire. La chose positive, c'est qu'on marche dans un parterre de fleurs multicolores et une herbe presque rase ce qui est très agréable. Drôle d'image que celle de ces skieurs qui à 9h, skis sur l'épaule, se présentent à l'entrée des caisses pour prendre leurs billets direction le glacier de la Grande Motte. Univers décalé ou simplement réalité des choses?
Au Val-Claret à 2130m, on attaque la montée dans la vallée escarpée du Retord, un petit torrent qui descend de la Tovière à 2695m au-dessus et dans l'est de la station. Un premier "coup-de-cul" nous monte au niveau du col de Fresse à 2541m qui permet de basculer sur Val-d'Isère. Nous, nous continuons vers le sud-ouest et le col, mais aussi vers le glacier de la Grande Motte. Depuis notre rencontre au refuge du Grand Bec, nous savons que c'est bientôt et dans la montée du col que nous allons revoir le jeune couple qui nous avait si bien renseigné sur le passage de la fameuse brèche qui m'a causé tant d'émotion. J'ai une forme olympique aujourd'hui et Sylvie dit que je cours comme un lapin. Pour elle, c'est un peu moins bien et elle me demande de partir devant car ça l'énerve de m'avoir dans ses talons. Il fait bon sur les pentes du col et au niveau du col de Fresse, nous rencontrons la première marmotte du jour. On la surprend à l'entrée de son terrier et notre présence ne l'embarrasse pas du tout. Elle est chez elle......
A partir de cet instant, je pars en "éclaireur" et quelques instants plus tard, après le passage d'un gros névé tâché de rouge orangé, j'aperçois nos jeunes amis qui descendent tranquillement du col. Sylvie nous rejoint quelques instants plus tard. Nous discutons sur nos expériences respectives de ces derniers jours. Comme nous , ils sont un peu déçus de ce cadre de ski estival. Le glacier serait tellement plus beau sans sa panoplie de remontées mécaniques et surtout sans ces bruits de moteur qui dénaturent le site. Après un au revoir empreint de nostalgie, nous en terminons avec les dernières longueurs qui nous mènent au col où nous faisons une pause vitamines et boisson. La grande Casse est maintenant dans le sud-ouest sur notre droite et nous offre sa face Est. Que de chemin parcouru en si peu de temps! Notre pause ne dure pas très longtemps car il y a beaucoup de vent au col de la Leisse et il y fait froid. Nous sommes quand même à 2761m.... Nous prenons un peu de temps pour regarder sur le glacier les prouesses de quelques skieurs qui, pour arriver au bas d'une remontée mécanique, skient sur la glace vive. Après une toute petite descente, nous traversons un névé avant d'entamer notre descente progressive dans la vallée de la Leisse naissante en direction du refuge du même nom. La vallée s'élargit et nous découvrons une succession de petits lacs tous plus verts les uns que les autres. C'est peut-être le plus beau paysage qui va se dérouler sous nos yeux et à nos pieds depuis le début de la rando. C'est une immense vallée minérale que nous offre cette nature montagnarde, si généreuse, si sereine, si respectable. Dans cet endroit, un peu plus bas, elle va nous permettre d'être les témoins d'une magnifique naissance: Celle de la Leisse, un petit torrent qui va devenir grand avant de se jeter dans son voisin la Rocheure dans la vallée d'à côté. C'est beau parce que ça existe et que ça vit là au milieu de nulle part, loin de tout et que nous, nous ne pouvons que le constater mais surtout ne rien changer. Le sentier est facile avec une succession de petits dénivelés et de replats où on trouve les petits lacs. Cette descente ne se raconte pas, elle se vit car elle est très variée et très agréable à l'oeil. C'est un feu d'artifice de pureté, de calme uniquement troublé par le chuchotis d'un premier petit ruisseau qui doit alimenter le prochain lac et au bord duquel les marmottes ont installé leur vie. Instinctivement, nous descendons tout doucement d'abord pour économiser nos genoux mais aussi parce que nous voulons profiter au maximum de cette belle vallée. Petit à petit, les dernières traces de neige disparaissent au profit de fleurs aux couleurs magnifiques et variées (Je vous promets, vous aurez comme l'an passé une séquence uniquement consacrée aux plantes et fleurs que nous avons rencontrées lors de cette rando). Un replat plus bas, c'est le lac du plan des Nettes qui apparait. On se dit avec Sylvie qu'on y ferait bien du modélisme nautique tellement il est calme avec ses petites criques, ses petites îles, ses cailloux, bref une mer intérieure en miniature. On le longe même avant de basculer définitivement dans la vallée de la Leisse. Au bout du lac, on fait une pause vitamines et boisson (encore une) et on se retourne une dernière fois avant de quitter ce domaine où nature rime avec virginité. Quelques minutes de descente plus tard, nous arrivons au refuge de la Leisse. Ce refuge qui comprend trois bâtiments est juché sur un éperon rocheux juste au-dessus des sources du torrent. Ses toits sont recouverts de tuiles en bois. C'est la même architecture que celle du refuge du Grand Bec. On avait un bonjour à faire à la gardienne de la part d'une charmante dame randonneuse rencontrée dans l'ascension du col de la Croix des Frètes, mais cette gardienne n'exerce plus là. Tant pis...mais on y a pensé. Un peu plus bas, c'est la naissance espérée sous nos yeux, je suis sûr que la Leisse nait là, à partir de ces petits filets d'eaux et petit à petit, elle va grossir grâce à l'alimentation des névés qui fondent sur les deux versants et qui génèrent d'autres petits filets d'eau qui vont créer ce magnifique torrent que nous allons longer jusqu'au pont de Croé-Vie où nous finirons la boucle dans sa totalité. C'est drôle parce que cette photo, c'est la dernière que Sylvie ait prise (plus de batterie), symbole ou coïncidence?
La naissance d'un cours d'eau si petit soit-il, ça m'a toujours intrigué voire même ému. Je ne sais toujours pas pourquoi, peut-être parce qu'il y a un début et une fin mais depuis mon enfance c'est une fascination. Nous allons donc accompagner ce torrent dans toutes les phases de sa vie avant qu'il ne la donne pour enrichir le cours de son voisin...Emouvant non?
En fond d'écran à ce scénario, la Pointe de la Béchasse domine du haut de ses 3212m. Tout cela sent bougrement l'écurie. D'ailleurs Sylvie, devant, a considérablement augmenté la cadence et il faudra que j'insiste pour faire la pause repas du midi. Pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour. Notre bébé torrent grandit en faisant sa petite saillie dans la vallée. On progresse vite, très vite. Par moment, je trottine presque car comme c'est moi le seul reporter-photo à présent, je suis obligé de m'arrêter pour prendre les photos essentielles car je n'ai malheureusement pas de stabilisateur d'image sur mon appareil......(Bien sûr, Sylvie, c'est pour rire......). Maintenant, c'est Leisse- express! "Ma parole....à quoi elle marche la "pitaine"?
A peine le temps de se retourner pour voir d'où nous venons. Le matelot a faim mais il s'accroche, il sait qu'on va forcément s'arrêter dans un moment. Le bébé torrent a grandi, c'est maintenant un bel enfant juste un peu fougueux. L'adolescent se dessine alors que la vallée se creuse. Il fait beaucoup de bruit pour pas grand chose, il veut qu'on le remarque, qu'on l'aime, qu'on le reconnaisse alors il en fait des tonnes, il serpente, se cache , se "tape" un névé histoire de voir qui est le plus fort et c'est lui qui gagne le droit de devenir l'adulte que nous retrouvons pour son dernier tronçon. Il est fort maintenant le gars, il rugit, joue des épaules et fonce tête baissée.
C'est décidé, après le névé, on s'arrête nous aussi. Il est 13h30 et on a faim. A l'entrée du névé, Sylvie m'attend pour sécuriser cette dernière traversée. Après, c'est promis on s'arrête....Pause près d'un gros caillou d'éboulis égaré de sa trajectoire. On finit pratiquement tout, même le fromage qui commence à avancer tout seul mais on garde quelques barres et fruits secs pour les derniers efforts car il va nous falloir remonter au refuge du Plan du Lac, le dernier "coup-de-cul" avant de pouvoir savourer notre arrivée. On ne s'arrête que 35 mn pour ne pas casser notre rythme et aussi parce qu'il nous reste pas mal de route à faire. La reprise est difficile, les jambes sont raides et les genoux un peu douloureux, mais c'est reparti de plus belle jusqu'à ce qu'on aperçoive sur notre droite cette cascade qu'on connait bien puisqu'on la voit du Pont de Croé-Vie. Notre torrent adulte est là sous le pont et nous, on a finit la" boule" du ballon (le tour de la Grande Casse) comme le dit si bien Sylvie, mais maintenant, il nous reste la" ficelle".....(la partie aller-retour jusqu'au pont). Sylvie est fatiguée et à partir de maintenant, je reste à côté d'elle, nous sommes partagés entre la joie du presque fini et la douleur du mal partout. En attaquant notre dernier raidillon pour accéder au Plan du Lac, elle se reproche plein de choses, de ne pas aller assez vite, d'avoir mal partout, de ne pouvoir m'offrir plus en performances physiques, mais qu'est-ce- que ça peut bien faire, tu m'as offert les deux plus merveilleuses vacances que j'aie jamais eues depuis bien longtemps. Je suis derrière toi dans cette montée qui n'en finit pas et j'ai mis le "replay" de ces derniers jours, tu sais, ça aide vraiment. On dit adieu à notre grand adulte torrent qui a fini par se sacrifier pour en faire vivre un plus grand en y joignant ses propres forces. Quelques petites gouttes de pluie nous contraignent à "bâcher" pendant quelques minutes et c'est la délivrance après une halte près de la petite chapelle St-Barthélémy. La tradition l'emporte malgré notre fatigue après ces longues heures de marche et nous fêtons cette victoire sur nous-mêmes à la terrasse du refuge comme il se doit. Il nous reste à peine 30 mn de marche avant d'atteindre "la petite voiture rouge qui nous attend sur son parking". La fin du parcours est pratiquement plate en longeant une dernière fois le lac du Plan. Sylvie est en tête et je savoure intensément ces instants qui concluent une aventure magnifique, pleine d'émotion, de rencontres, d'amitié et aussi de vrai plaisir... Sur la fin du trajet, on "dépose" un groupe de randonneurs, mais non, on est pas fatigués, on est juste.....heureux et ce bonheur nous donne des ailes à tous les deux. 16h25........Le parking en contre-bas, la derrière descente, la joie profonde. Main dans la main comme de vieux amis que nous sommes, nous franchissons les derniers mètres du retour, on est heureux comme des gosses. Je suis fier pour toi et de toi Sylvie, tu as formé un nouvel adepte de TA montagne, celle que tu chéries profondément et celle... que j'aime aussi maintenant passionnément.










MERCI, Sylvie et...à l'année prochaine pour de nouvelles aventures !

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