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samedi, décembre 01, 2007

Iles Scilly du 13 au 25 juillet 2008: Aberwrac'h - Ploumanac'h.



ONZIEME JOUR: ABERWRAC'H - PLOUMANAC'H


Mercredi 23 juillet : 5h15. Il fait encore nuit quand je monte "humer" l'air sur le pont. Le silence est total dans l'aber. Pour l'instant, il n'y a pratiquement pas de vent. Je sais que ça va être un peu dur de les réveiller ce matin même si l'après-midi de pause hier a été la bienvenue. Il y a eu quand même quelques courses d'appoint à faire à Landéda le village qui est à 2kms au-dessus du port ( Merci Edith et Jean-Pierre).
Allez, un p'tit CD de Katie Mellua dans le lecteur et tout le monde sera debout. A ce sujet, chaque matin, Edith ne bouge pas avant d'avoir entendu le "réveil musical". Ce sera encore le cas ce matin.
Cet équipage est incroyable, "i
ls" font des heures de mer depuis le début de cette croisière et "ils" sont toujours partants, pas le moindre signe de fatigue ou de lassitude. J'avais posé la question à l'un d'entre eux qui m'avait tout simplement répondu qu'il avait payé justement pour ça...!!
Ah, cette" fine équi
pe", quelle belle équipe, parce que, ce qu'ils ne savent pas, comme moi d'ailleurs, c'est qu'aujourd'hui, on va à nouveau atteindre des sommets concernant le temps de navigation.
A 6h 10, Chadburn sort du port tout
doucement sans faire de bruit. Il y a un certain nombre de vieux gréements au mouillage. La sortie, dans le chenal, en direction de la passe de la Malouine est inqualifiable, tellement c'est beau. Les premiers rougeoiements du soleil s'incrustent dans les roches autour du phare de l'Ile Vierge. C'est tout simplement magique.
On se prépare pour se mettre dans l'alignement d'entrée du chenal de la Malouine, il y a quand même un autre bateau devant, aussi matinal que nous, et déjà engagé dans la passe.





Dans cette séquence, vous aurez beaucoup de vidéos parce que cette grande journée de navigation le méritait largement.

C'est toujours impressionnant d'emprunter cette sortie qui est un bon raccourci par rapport à la Libenter si on va vers l'est ,



d'où son nom d'ailleurs, un peu exclusif tout de même. On rase vraiment les têtes de roches. Le vent d'est annoncé rentre vraiment alors qu'on envoie la grand'voile à la sortie de la Malouine. "Lucky boys !"...
Le lever de
soleil sur l'Ile vierge est...Je ne sais que vous dire, regardez vous-mêmes... Nous partons donc tribord amure pour notre premier bord de près de la journée en direction de la cardinale nord Lizen ven Est. Ce ne sera pas le dernier...On aura du courant favorable quelque soit le bord que nous ferons pendant un peu plus de six heures, mais ce premier bord au large nous semble être le plus rapprochant. Donc le contre-bord sera celui à terre.

Pour l'instant, nous avons toute la toile et ça avance bien : 7,5 nds sur le fond pour un début, c'est bien car nous ne sommes encore qu'à la fin du premier douzième. Quand on va être dans les deux fois trois douzièmes ça va être quelque chose...
Je me dois de vous expliquer quand même cette fameuse "règle des douzièmes". C'est très simple, on divise l'amplitude par 12 (c'est la différence entre la hauteur d'eau à la pleine mer et celle de la basse mer, on appelle ça aussi le marnage). Ensuite, la règle nous dit que pendant la première heure-marée (qui ne fait pas forcément 60 minutes), la mer monte ou descend d'un douzième de son amplitude, puis 2/12 èmes, l'heure suivante, puis 3, puis à nouveau 3, puis 2, et enfin 1/12ème pour la dernière heure-marée. Donc, entre le début de la 3ème heure-marée et la fin de la 4ème, la moitié de l'amplitude s'écoule, c'est donc pendant ces deux heures qu'il y a le plus de courant. En vives eaux (gros coefficient supérieur à 90), c'est phénoménal dans des endroits comme la côte de Bretagne nord où nous naviguons ce matin. Il peut y avoir beaucoup plus de trois noeuds de courant au large et près de 5 noeuds dans certains coins le long de la côte. Donc, si vous comprenez bien, non seulement nous allons vite sur chaque bord mais en plus, on gagne dans l'est sur chacun d'entre eux. Bref, pour un marin, du bonheur et de l'efficacité. Bien sûr, nous aurions peut-être préféré faire une route directe, mais nous allons vivre sans le savoir encore de grands moments de voile. Et puis, Chadburn remonte assez bien au près...
A 13h45, nous sommes dans le nord-est de l'ile de Batz quand le courant non seulement nous abandonne mais devient contraire. L'option devient alors évidente, on va aller tirer nos bords dans la baie de Lannion un peu plus à l'abri du courant qui lui, va d'une pointe à l'autre, et qui est moins fort à l'intérieur des baies. C'est la première fois que j'ai l'occasion de prendre cette option en passant sous le plateau de la Méloine. A 14 h, on tire un long bord bâbord amure au-dessus de Roscoff et du terminal-ferry de Bloscon. On laisse la balise est d'Astan sur tribord, puis la nord-est Pot de Fer. On est à l'ouvert de la baie de Morlaix quand le vent adonne franchement en montant au nord et nous permet de faire plus d'est. C'est normal, il est plus de 14 h et donc plus de midi au soleil. Nous avions pensé aussi qu'en venant à terre, nous aurions une composante "thermique". Et bien, elle est là. Actuellement, on tient un bon 100°-105°. Hélène est à la barre et annonce progressivement le cap qui monte vers l'est. "95....90..", c'est bon pour nous tout ça et en plus la vitesse est très bonne. Le vent a nettement forcé de puis une demi-heure, on a pris un ris et enroulé un peu de génois ce qui facilite les virements de bord. Chadburn fait du rase-cailloux au nord des Chaises de Primel. On décide de faire un contre-bord de sécurité vers le large. Au loin devant nous le côtre "Le Renard" (la réplique malouine du bateau de Surcouf, le corsaire du roi) qui rentre sans doute de Douarnenez lui aussi, monte plein est au moteur, c'est vrai que ce genre de bateau remonte très mal au près. Un quart d'heure plus tard, on envoie à nouveau vers le fond de la baie de Lannion. Sur ce bord, qui va être beaucoup plus long, se met en place une compétition de vitesse entre les différents barreurs: Pour l'instant, le "club filles" mènent largement avec 7,9 nds au speedo ce qui doit être pas mal sur le fond même si nous avons un peu de courant contre nous à cet endroit (1,5nds). Il est un peu plus de 15h.




Au niveau de la Pointe de Locquirec, on envoie tribord vers le nord de la baie et donc vers le large.




16h15...




16h30....





Sur tribord, on aperçoit nettement le radôme de Pleumeur-Bodou.
Le sillage nous prouve à chaque instant qu'on ne traine pas, la vague d'étrave sous le vent, aussi, d'ailleurs. Cette remontée de la baie se fera en trois bords pour faire, à la fin, route presque directe sur le plateau des Triagoz. Les barreurs successifs se régalent. La puissance de Chadburn est évidente dans ces conditions de vent et de mer. On se rapproche...


16h40...  Apparition de la "bisquine" de Cancale qui, ne remontant pas bien au vent, vient du nord-ouest, au large. Elle croise notre route en descendant vers le radôme. On essaie une stratégie pour croiser sa route à son prochain bord car elle est superbe sous voiles. Sur son foc, on lit distinctement qu'ils soutiennent celle de Granville (mais je ne sais toujours pas pourquoi ce soutien) .

16h45...





16h50...  Ambiance à bord.




17h...  Décidément, on a pas de la chance, pendant son virement, " ils" affalent progressivem
ent et mettent le moteur eux aussi. On continue notre bord pour venir nous positionner au sud de Bar ar Gall, une cardinale que vous connaissez sûrement à la sortie nord-est de la baie. C'est la dernière marque avant les Sept Iles. Après, on y sera pratiquement car le courant va maintenant à nouveau s'inverser mais cette fois-ci en notre faveur. Re-ambiance à bord...





Il est maintenant largement plus de 17h, on est parti depuis près de 11 h...Et le moral est toujours au top. Ce bord va se terminer dans l'est des Triagoz, plus pour la photo que pour le reste d'ailleurs.."N'est-ce- pas Edith"? , qui est toujours en compétition pour le concours-photos.



(En fait, sur cette dernière vidéo, il est 18h30 au lieu de 19h30)

On fera de
même sur l'avant-dernier bord en direction des Sept Iles, et après ce sera le der des der avec un courant qui est vraiment renversé et qui nous contraint à abattre un peu, puis de plus en plus, au fur et à mesure qu'on se rapproche de la côte.



















Maintenant, il nous faut repérer l'entrée de Ploumanac'h, et plus précisément Mean Ruz, son magnifique
phare d'entrée qui est, comme le granit qui l'entoure.......rose, évidemment. Jumelles... Dans un premier temps, je crois l'identifier, mais ce que je vois est trop à l'est et trop petit.
"Ah ! Le voilà près de la petite maison..." C'est drôle, je le voyais plus bas. A partir de cet instant, la même ambiance électriqu
e regagne le bord comme à chaque arrivée. C'est normal car je les avais un peu "briefés" sur l'entrée dans les cailloux roses au couchant et justement, nous sommes au couchant et la lumière sur le granit rose est magnifique. Il est temps d'enrouler le génois, de démarrer le moteur et de se préparer pour embouquer ce fameux chenal de Ploumanac'h.
Dominique, notre n°1 est déjà prêt à aider la grand'voile à descendre dans "l'easy-bag". La preuve....!!





Edith prend LA photo de l'entrée...Autre preuve...



Après avoir affalé la grand'voile, l'équipage repère facilement le début du balisage latéral qui va nous conduir
e jusqu'au port. La première fois que vous emprunterez ce chenal dans des conditions semblables, vous n'en croirez pas vos yeux. Cette côte de granit a quelque chose de magique. On se croirait dans le sud, quelque part du côté de l'Ile de Cavallo ou des Iles Lavezzi dans le sud-est de la Corse. " Tiens, la bisquine est là, mouillée dans le chenal...! " Les rochers ressemblent à des gros bonbons.



















On avance tout doucement dans le courant, en savourant cette entr
ée comme si chaque longueur était une gourmandise.
On passe l'ancien bateau de pêche en le rasant pour mieux le contempler. L'équipage prend l'apéro tranquillement sur le pont. Ambiance..!
















Le seuil de l'entrée est proche: On a fait notre calcul de hauteur d'eau depuis longtemps, avec Dominique, on devrait avoir 2m50, mais malgré tout on le franchit avec prudence.















On repère une belle place à couple d'un bateau anglais, mais une fois les pointes avant et arrière frappées, on s'aperçoit qu'
on ne pourra aller mettre les pointes sur les deux bouées pour s'embosser sans mettre l'annexe à l'eau, alors que de l'autre côté , on le pourra en "squattant" l'annexe d'un autre bateau. A la manoeuvre, et de deux !!




On est immobilisé maintenant et bien amarré. Jean-Pierre a joué les acrobates sur une annexe voisine pour aller passer les aller-retours sur les bouées d'embossa
ge( Embosser est le fait de s'amarrer devant-derrière, par ex dans une rivière quand il y a du courant..). Ce port est un cocon de douceur et d'authenticité. A moins d'un mille de la mer, c'est une superbe escale à préférer à Perros-Guirec par ex, qui est un port agréable mais qui n'a pas le cachet de ce petit bassin pratiquement fermé, même s'il vous fera gonfler l'annexe pour aller à terre. Si vous "calez" plus d'1m80, l'accueil vous trouvera une place quand même. Nos jeunes voisins sont très sympathiques et la soirée s'annonce belle.
Le coucher de soleil va encore nous réserver un spectacle de grande qualité.

































Je n'ai pas pu me décider pour l'une ou l'autre des deux photos, alors, vous avez le droit aux deux. Bandes de p'tits veinards.
La soirée? Devinez....
Demain, il ne faudra pas manquer notre rendez-vous aux Héaux de Bréhat avant la renverse du courant mais c'est dans plus de douze heures, alors....!!


Bonne nuit à toutes et à tous !



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