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samedi, décembre 01, 2007

Août 2008: Du refuge du Saut au refuge des lacs Merlet...


Cinquième journée: Du refuge du Saut (2138m) au refuge des Lacs Merlet (2459m) en passant par le Col du Fruit (2516m) et celui de Chanrossa (2544m)...







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Mardi 5 Août: Il est à peine 6h30 quand je m'offre une petite sortie sur la terrasse-balcon qui donne accès à l'escalier de secours. Le ciel est à nouveau... bleu mais il fait très froid dans le fond de la vallée. En dessous de moi, quelques randonneurs sont déjà prêts à partir vers le col du Soufre, notre itinéraire d'hier. La vallée du Doron des Allues est encore dans l'ombre mais pas pour longtemps. Ils vont rapidement trouver le soleil.
Au thermomètre extérieur, il fait 7°c. C'est vrai qu'on est à plus de 2000m, mais quand même !
La toilette est très vite faite...hi-hi-hi ! Allez, p'tit dèj. Celui-ci est très correct et copieux.
Ce matin, j'ai envie de m'isoler pour préparer mon sac car je ne veux rien oublier. Je squatte donc une table à l'écart de la terrasse pour être tranquille. Je vide tout mon sac et le re-conditionne tranquillement, poche après poche, en vérifiant tout. Je me dis même que je ne vais pas avoir besoin de mes lunettes de soleil tout de suite car la lumière du matin ne me gène pas trop. Donc, je les mets dans mon capot de sac à l'entrée, près de l'ouverture. J'y suis encore...
7h25: Toute l'équipe est prête et nous demandons à une charmante jeune fille de la famille randonneuse de nous faire le portrait avant le départ (On devrait d'ailleurs les retrouver ce soir à Merlet, puisqu'ils y vont par un itinéraire différent).
Nous prenons le large chemin qui longe le Doron et par lequel une de deux responsables( la plus sympa des deux) du refuge était partie hier soir en quad.
Il fait froid, d'autant plus qu'un léger vent en remet une petite couche...( Là, y' a un jeu de mots...).
Nous descendons, il est donc difficile de se réchauffer. Peu de temps après le départ, à la suite d'une petite cassure de terrain, la vallée s'ouvre...Notre sentier suit le Doron qui se répand en larges méandres au creux d'une large vallée encore à l'ombre mais pas pour longtemps.
Un bon quart d'heure plus tard, nous sommes rattrapés par le sol
eil qui nous réchauffe enfin. Cette vallée, que l'on nomme le Vallon du Fruit, est dominée sur la droite par l'Aiguille du Fruit (3051m) et sur la gauche par les sommets de la station de Méribel qui eux-mêmes surplombent un espace protégé, le Plan de Tuéda. Cette zone est une réserve naturelle, en limite ouest de celle du Parc de la Vanoise dont le tracé suit ici exactement le chemin que nous empruntons.
A ce sujet, nous y
avons rencontré un marcheur avec lequel nous avons eu une conversation très instructive et très conviviale. Son passe-temps favori est de venir très souvent ici pour observer la faune sur ce versant.
J'adore cette ac
tivité pour toutes ces rencontres, pour cette communion d'intérêt entre randonneurs. Décidément, la montagne, ça me gagne ! ( pas nouveau, çà !)
L'eau du Doron est d'un très beau gris clair, impression renforcée par ce soleil omniprésent (C'est le gypse qui est à l'origine de cette couleur, souvenez-vous du Roc du Soufre, hier) .


Sur notre gauche, un petit ruisseau d'eau très claire vit sa vie avant de venir se jeter dans le cours du Doron. L'image du confluent est étonnante. On a l'impression que les deux eaux ne se mélangent pas.


Sylvie en profite pour faire une photo unique. Nous poursuivons notre cheminement en croisant de plus en plus de randonneurs qui montent vers le refuge. Nous savons que pour accéder au sentier qui nous mènera au Col du Fruit, il faudra qu'on passe de l'autre côté du Doron et que tout cela doit se situer aux environs de 2000m. A nouveau, nous suivons les indications la montre- altimètre du chef. Nous passons devant quelques chalets d'alpages et à proximité d'un imposant troupeau de vaches qui ont bien... de la chance de paître dans un tel endroit. La pente s'accentue un peu en même temps que la vallée devient plus étroite et nous sommes à nouveau à l'ombre. D'après la montre KGB, on est pas loin de la bifurcation attendue. En effet, devant nous, il y a une petite variante qui part sur la droite du chemin tout en longeant de près le lit du Doron et 100m plus loin, une passerelle permet de le franchir. Sylvie m'envoie en éclaireur pour vérifier les indications sur les panneaux. C'est bon, à mon tour de traverser ! Henry et Sylvie m'attendent au début de la "grimpette". Quand je les rejoins, on en profite pour faire une adaptation vestimentaire car ça va chauffer dans tous les sens du terme. On va grimper au soleil et c'est un grand "coup de cul" qui nous attend. Rendez-vous en haut, sauf problème, chacun monte à son propre rythme. C'est parti pour le premier hors catégorie de la journée !
Au classement de la montagne, Henry est largement en tête. Son maillot à pois, qu'il ne porte pas d'ailleurs, est inaccessible pour Sylvie et moi-même. Pour l'instant, on est surclassé. Les premiers lacets sont éprouvants, il faut rentrer dans le bon tempo, dans la bonne cadence de pas, bref, ne pas "se mettre dans le rouge".
Le soleil refait son apparition en même temps que le dénivelé augmente. C'est dur car la transition n'est pas progressive. Le pouls part en cavalcade, le rythme respiratoire en halètement et la transpiration en cascade...( j'exagère un peu...)
Je décide de multiplier les pauses car cette montée est vraiment éprouvante. On a comme on le dit " le nez dans les godasses" et c'est peu de le dire. Chacune des pauses est un vrai plaisir, d'abord parce qu'on récupère un peu mais aussi parce que le spectacle est splendide. A chaque arrêt, le paysage qui s'offre à nos yeux est différent et change très vite tellement le dénivelé est important. Même notre chef a besoin de récupérer...
Quand on lève la tête, on
le voit le col. Il est là si près et si loin en même temps. A ma deuxième pause, je m'aperçois qu'en face, de l'autre côté de la vallée, c'est le domaine skiable de Méribel (On voit les remontées mécaniques). Donc, je me dis que dans un tel endroit, il doit y avoir du réseau téléphonique. Je n'ai pu donné de nouvelles à mes proches depuis le début de la rando, donc c'est peut-être possible maintenant. Je pose mon sac. Mon téléphone portable est dans le capot mais au fond de celui-ci. Il faut donc en vider une partie du contenu pour l'atteindre, en particulier mes lunettes de soleil qui sont dans un bel étui couleur verte. Je sens que vous commencez à comprendre...(c'est pour la suite...)
Il y a du réseau, mais je ne peux qu'envoyer un message(qui n'arrivera jamais d'ailleurs). On remet le...tout dans le capot et c'est reparti. La fin de l'ascension se fait en limite d'un énorme éboulis.
Ici, quand on arrive en haut, on comprend tout de suite ce qu'est un col, tellement c'est évident. La ligne de crête est dominée par une énorme aiguille légèrement inclinée. Henry, qui a encore marqué des points pour son maillot à pois, m'attend depuis un moment semble-t-il, et ensemble on assiste à la fin de la montée de notre chef.



Le premier col de la journée a été dur pour tout le monde. En haut, la vue est impressionnante des deux côtés. Sur la vidéo, on voit bien que la ligne de crête n'est pas très large...Un vrai col.
Une pause collective est décidée: Boire, s'alimenter, récupérer et...contempler le paysage autour de nous. Nous venons de monter un peu plus de 500m de dénivelé en un peu moins d'une heure et demie: Pas mal, quand même !















De l'autre côté, on voit très nettement l'amorce de la descente et aussi celle du deuxième col de la journée dont on voit l'échancrure sous le petit nuage sur la photo précédente. Avant de redescendre, il nous faudra monter encore un peu sur la gauche du col pour "accrocher" le flanc ouest du col. Le sentier qui nous conduit dans l'autre vallée est tracé sur ce côté. Descente aisée pendant laquelle nous croisons un nombre important de randonneurs.
En descendant, la vue est intéressante, on "
embrasse" aussi bien une petite partie du domaine skiable de Courchevel que le sommet de l'Aiguille du Fruit qui domine le col de ses 3051m.














On a fini par arriver en bas et par trouver la direction du col de Chanrossa notre second hors catégorie de la journée. A la fin de la descente, une immense coulée de grosses pierres barre le chemin et c'est après avoir slalomé dedans que nous trouvons l'accès vers le col. C'est d'ailleurs normal ce slalom puisqu'on est en bordure des pistes de ski de Courchevel...Très drôle, non ?
12h, il "fait faim et soif" et il est aussi temps de faire une bonne pause. Comme hier, Henry et moi-même sommes investis de la mission qui consiste à trouver LE Coin pas trop au soleil, à l'abri du v
ent etc,etc...On finit par le trouver pratiquement les pieds dans l'eau car un petit ruisseau se faufile au travers de ces gros cailloux.














Chacun d'entre nous s'installe au mieux: On peu
t même mettre nos barquettes de salade au frais...C'est dire si on est bien et puis... ce soleil qui se réfléchit sur ces roches claires me gêne, donc lunettes de soleil tout de suite. Pas de problème, elles sont à l'entrée de mon capot de sac, je n'ai même pas besoin de me lever, juste une fermeture zippée à ouvrir de la main droite...J'ouvre, j'engage la main...Rien. Plus loin...Toujours rien. C'est pas possible, je les avais mises là ce matin. Soudain...C'est l'angoisse ! Où sont mes lunettes de soleil ?
Dès lors, tout se mélange dans ma tête: Les ai-je vraiment rangées là ce matin quand j'ai re-conditionné mon sac? Les ai-je sorties à ma dernière pause en montant le col en cherchant mon téléphone ? Les ai-je tout simplement laissées au refuge?
Actuellement, le mystère n'est toujours pas élucidé
, je les ai remplacées mais ça m'a gâché une bonne partie de l'après-midi et plus encore ( interrogations, coup de téléphone au refuge etc...). J'ai horreur de perdre mes affaires, je suis un peu... matérialiste, vous l'aurez deviné.
Du coup, je n'ai presque rien mangé, moi qui avait très faim et Sylvie insiste pour que je le fasse avant d'attaquer le deuxième col.

"Promis, je ferai !"
La traversée de la vallée se fait sans problème et nous attaquons la montée.
Elle se fait le long d'une piste
...noire qui porte le nom du col mais la fin est très mal balisée, et on se perd un peu dans les cailloux juste avant d'arriver.
Pause...Le col de Chanr
ossa, c'est en fait une double arrivée de télésièges. Nous sommes un peu déçus mais nous ne restons pas très longtemps. La vue des deux côtés est magnifique car on voit d'où on vient et où on va aller: Le col du Fruit derrière sur notre droite et une très belle perspective de La Grande Casse légèrement sur notre gauche.














Après avoir discuté en échangeant quelques options avec un groupe qui nous suivait, nous repartons dans la descente en choisissant de "couper le fromage" en direction du Roc Merlet (2743m). Après un tracé en "balcon descendant", nous passons à son pied avant de retrouver l'itinéraire principal. De cet endroit, la vue est totale sur les sommets et les glaciers de la Vanoise.



Il est 13h30 et il nous reste une toute petite heure de marche avant  le Refuge des Lacs Merlet. Dès lors, c'est une descente en lacets, balisée par des petites cordes pour que chacun respecte l'itinéraire imposé afin de ne pas détériorer la flore et le plantations. Rassurez-vous, tout à l'heure quand nous avons coupé, c'était un itinéraire-bis en quelque sorte...
En arrivant au-dessus du premier lac, l'impression est magique tant la couleur de celui-ci est belle. On ne voit le refuge qu'un peu plus tard dans les lacets qui y mènent. L'endroit est emprein
t de sérénité: Ce tout petit refuge (de 13 places nous a dit Sylvie), cette orientation vers le couchant, la petite fontaine et la vue... La vue. Inoubliable !

Comme souvent, j'ai laissé Henry et Sylvie partir un peu devant, ils sont déjà presque arrivés quand je suis encore en haut du dernier dénivelé et arrivés quand je suis encore à mi-pente.















Mes deux camarades ont déjà posé leurs sacs quand j'arrive. On est au paradis, ici. Il y a juste quel
ques randonneurs près du refuge. Sylvie se présente à l'accueil. Notre hôte est d'un premier abord super- sympa. Allez, il ne faut pas faillir à la tradition...Y'a un p'tit hic, il ne reste plus que très peu de boisson et en plus, elles ne sont pas fraîches. Bien gentiment, la dame (je crois qu'elle s'appelait Corinne) nous explique, en s'excusant, qu'elle vient de prendre sa garde et que ce sera seulement sa deuxième soirée au refuge. Il est bon de se détendre après une belle journée de rando: Deux cols et pas des petits, pas mal de dénivelé et une arrivée dans un endroit superbe.
On range nos sacs sur la terrasse
et on fait le "tour du propriétaire".



















Construction récente, panneaux solaires, toilettes
sèches toutes neuves, petite fontaine...un petit éden et à l'intérieur c'est encore mieux: Dans la grande pièce (Il n'y en a qu'une), le dortoir avec ses couettes colorées et la salle à manger (Deux tables seulement).
Les deux photos qui suivent n'ont pas été prises au moment de notre arrivée mais, un peu plus tard.














Au moment de la réser
vation, Sylvie avait préféré ce refuge plus petit, plus convivial à celui du Grand Plan, proche de celui-ci mais un peu plus bas (2300m) et à 30 mn. L'inconvénient, c'est qu'il fallait aller prendre son repas au Grand Plan avant de revenir dormir ici. Eh bien ce n'est plus d'actualité, car ce soir on pourra diner ici. Corinne nous le confirme, c'est un jeune "stagiaire" qui va aller chercher les repas en bas et les remonter. Elle est pas belle, la vie...?
Mieux, elle nous annonce qu'on peut, dès maintenant, aller prendre une douche (gratuite s'il vous plait...) à l'autre refuge.
Une demi-heure aller en descente et quarante minutes retour en remontant tranquillement pour ne pas perdre le bénéfice de la douche( eh oui, quand ça monte on "chauffe" plus...). "On va s'géner !!"
L'expédition douche est organisée sur le champ et les trois compères dévalent comme un se
ul homme la pente qui mène à la douche bienfaitrice. L'accueil en bas est tout aussi convivial qu'en haut mais le refuge est en travaux et le cadre est nettement moins "chouette" qu'en haut.
En attendant notre tour pour la salle d'eau (Il n'y en a qu'une), on discute avec les gérants et les randonneurs. Moments sympas qu'on ne se refuse pas...
Après la douche, retour a
ux lacs Merlet (En fait, il y en a deux, mais le deuxième n'est pas visible du refuge et je crois savoir qu'on ira y faire un p'tit tour demain matin avant le départ définitif), donc re-grimpette tout doucement, vous savez pourquoi...

Alors que nous sommes en vue du refuge, nous apercevons notre groupe familial de ce matin qui en termine avec sa journée
. Comme disait un ami qui avait le sens des expressions imagées, la fatigue est sur leur dos.
Re-discussion bilan
sur nos journées respectives, installation dans le refuge, soin des petits bobos...L'heure du repas est vite arrivée. Corinne nous avait proposé 18h30.
Au menu: Soupe de légumes, des crozets richement accompagnés, fromages locaux et dessert s'il vous plait, le tout arrosé d'un vin rouge de plus en plus gouleyant vers la fin du pichet.















En fait, Henry avait commandé une bouteille qui s'est "transformée" en pichet complet.
En montagne, chaque journée ne se termine pas sans la sacro-sainte photo du soleil couchant sur les versants des sommets environnants: C'est la spécialité de notre guide...Cadeau !!


Bonne nuit à toutes et tous !
 

A demain !

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