Préambule
Mai 2008, échange téléphonique: "Tu sais, pour cette année, j'ai trouvé une "tyrolienne" très longue, je pense que ça te plaira, j'me renseigne."
Ma gorge est déjà nouée d'angoisse, comme si une tyrolienne toute simple, ça ne suffisait pas. Ah, ce ris de "confort", il est encore bien présent dans l'crâne de la lyonnaise. C'est sûr...! Lol...bien sûr !
Première journée: "Voyage voyage"...
Vendredi 1er Août 2008, 9h25, gare de Rennes:
On est dans le TGV depuis trois minutes. Je dis on, parce que cette année je ne pars pas tout seul. Henry, une relation amicale de l'association Cesson Vacances Nature dont je suis adhérent, m'accompagne. Henry est sportif (ski, roller etc) et s'entretient, pas comme moi. Cette rando "tombe" juste après mon encadrement du stage de voile de juillet (voir les séquences précédentes). Donc, je suis en forme et ce dernier mercredi, avant le départ, nous nous sommes offerts une petite mise en condition sur les bords de la Vilaine ( 6h de marche en plein soleil, quand même).
Cette année, Marie-Jo sera peut-être de retour. Elle viendrait avec un ami, amateur lui aussi de randonnée en montagne, mais aux dernières nouvelles, rien encore de bien défini.
L'arrivée à Lyon se fait sous une pluie torrentielle et faire le ravitaillement à l'abri au Carrefour près de la gare, se transforme en un vrai plaisir. Sylvie a l'air en pleine forme.
Trajet en voiture sans problème excepté une pluie quasi continuelle.
L'accueil météo d'Aussois n'est pas meilleur et il fait bon s'installer au sec dans le mobile-home de Sylvie, qui depuis deux ans, nous sert de camp de base.
Un peu plus tard, dans le début de
Soirée retrouvailles, souvenirs etc...
Les acteurs sont arrivés ( De gauche à droite, votre serviteur, Sylvie la lyonnaise de l'Ain, Marie-Jo, le joker de l'équipe, Henry, et Yann), place à l'action...Sylvie profite de cette première soirée pour nous "briefer" sur l'itinéraire de la rando et sur "l'apéritif" du lendemain. Apparemment, c'est tout nouveau. Il s'agit d'un important site d'acro-branches agrémenté de différents parcours de "tyroliennes". C'est sa deuxième année d'existence.
Ah, les "tyroliennes", j'adooooore ! J'vais encore pas beaucoup dormir cette nuit.
Deuxième journée: Acrobaties en tous genres...
Samedi 02 Août: Après une matinée très relax, on s'organise pour la journée "on s'envoie-en-l'air", mais avant tout, un p'tit rappel pour mémoire du panorama vu de la terrasse du mobile-home.
C'est beau, n'est-ce-pas ? Et puis, vous avez vu le temps? Vous avez le droit à une photo en prime...
Il y a encore pas mal de neige sur la Dent Parachée, le ciel est presque totalement dégagé et la fraicheur matinale est annonciatrice du beau temps enfin revenu. Bref, la "mise en bouche" s'annonce sous de bons hospices...
Vers 9h30, le groupe est prêt pour affronter cette journée de folles acrobaties aériennes. Après avoir stationné le véhicule sur le parking d'accès aux vias ferrata, on descend tranquillement vers le fond de la vallée en direction du pont du Diable. L'ambiance est super détendue, on est en vacances, non !
La petite route se transforme en sentier avec des lacets et au détour de l'un d'eux, le bruit de la poulie sur le câble nous indique qu'elle est là, la "grande tyrolienne"...
Il y a justement une personne qui finit sa traversée...Impressionnant ! J'ai presque un haut-le-coeur tellement ça m'angoisse d'emblée. De savoir qu'il va falloir dire oui ou non, y aller ou non, tout cela me fait mal et ce ne sont pas les commentaires d'une dame sur les effets du vertige qui me rassurent. Sylvie, à cet instant, j'ai mal ! Mal de savoir à l'avance que ce sera non ( pour l'instant, c'est évident) et que pour le reste, ce s'ra pas dans la poche. Je me sens agressé dans toute ma personne, physique et mentale, c'est dur !
Ecrire ce que je ressens me fait du bien, c'est comme une thérapie. Je suis partagé entre l'envie d'y aller en balayant toutes mes craintes et celle de déserter la place.
L'accueil au parc est sympa et professionnel.
Après un petit parcours d'initiation et un briefing sécurité encadrés par une animatrice du parc, nous sommes lâchés sur les différents parcours. Au début, ça va presque bien, je suis le groupe qui me coache, ainsi que Marie-Jo, psychologiquement en nous encourageant. Avant la pause repas, c'est assez simple, et je suis content de ce que j'ai fait.
De l'endroit où nous pique-niquons, on a une vue superbe sur le fort et la montagne derrière. On s'offre un p'tit café et on repart sur les parcours.
Le groupe choisit le rouge pour continuer. Pour moi, c'est trop aérien. Je m'engage sur le parcours et fait demi-tour rapidement. Bref, je capitule en même temps que Marie-Jo et quand le groupe enchaine sur celui des tyroliennes violettes ( c'est avant la noire... vous savez, celle qui traverse la vallée), c'est à nouveau le blocage, la Bérésina. D'acteur, nous devenons spectateurs mais je suis mal, je me sens presque coupable d'avoir rompu quelque chose, comme un contrat, comme un engagement avec moi-même. Je me retrouve en bas avec Marie-Jo, dépité, démoralisé, battu et abattu.
Sylvie n'est pas particulièrement à l'aise aussi mais elle assure sur le pont de singe qu'elle n'aime pourtant pas du tout. Les autres en font de même.
Eux, ils se disent, en ce moment, que s'ils passent celle-là, ils seront mûrs pour LA Grande.
Marie-Jo essaie de nous réconforter. Les autres s'éclatent sur le parcours violet qu'ils terminent sans problème. Maintenant, ils ont leur passeport pour la dernière. Et dire que les gens font la queue pour y accéder....!
C'est le moment du grand saut pour nos compagnons: eux en haut, nous en bas ( on prend des photos et on filme). Il faut avouer que c'est impressionnant ce départ. Jugez vous mêmes !
Et d'un...
Et de deux...
Et de trois...
Avec Marie-Jo en bas, on se refait petit à petit "l'analyse" de nos échecs et on se dit qu'on va se "faire" la violette "les doigts dans le nez", elle devant en conseiller psychologique et moi derrière en bon patient désirant coûte que coûte réussir même en me faisant souffrance. En tous cas, on est gonflé à bloc. J'ai promis à Marie-Jo de ne pas craquer et d'y aller, c'est vous dire si c'est du sérieux. Vous auriez du nous voir ou nous entendre nous auto-motiver au pied de la toile d'araignée qui permettait l'accès à la première tyrolienne violette. C'était...bien !
Marie-Jo passe avec succès la première tyrolienne ( Y'a un peu de d'air quand même) et m'attend sur la plate-forme: "Allez, Jean-Charles, tu peux y aller, si je l'ai fait, alors toi aussi, tu le peux".
C'est presque tragicomique mais, j'y vais. Et d'une ! Les arbres oscillent avec le vent et même sur les refuges, ça bouge. Mais on y va et je me dis à chaque départ que c'est magnifique ce qu'on fait. On est presque heureux là-haut. Je me dis aussi que les autres vont bientôt remonter de leur traversée de la gorge ( Bravo à tous les trois !) et qu'ils vont nous chercher...
Alors que je suis à la dernière tyrolienne du parcours violet, j'entends des voix familières en-dessous, ils sont là et nous ont vu dans les arbres. A partir de cet instant, c'est du bonheur partagé. Deux d'entre eux nous rejoignent en haut pour nous faire le "pas"de conduite comme une escorte que l'on fait à des gens qu'on aime bien pour les encourager. C'est la fête, une vraie fête amicale et partagée avec une franche complicité simple et sincère.
Je me suis lâché sur la dernière de la violette, celle où on prend pas mal de vitesse alors qu'on descend accroché au câble au milieu des arbres et où on ne sait pas où on va, ni comment ça se termine... Je crie fort, très fort comme pour me vider d'une tension interne, c'est une espèce de cri primal, libérateur. C'est bon cette sensation de se faire peur mais de façon sécurisée. C'est bon mais c'est aussi douloureux. Il y a un gros effort mental, une introspection importante pour accéder à cette sensation. Se lancer ou pas ne tient qu'à un ....fil. Le moment décisionnel est ténu mais intense. Pourquoi on y va ou pas, il n'y a vraiment pas grand-chose qui fait basculer d'un côté ou de l'autre.
A cet instant, en-dessous de moi, mais je ne le sais pas, il y a cette photographe qui travaille
Au moment où je termine cette dernière tyrolienne du parcours violet, mon bonheur est total. Pour le plaisir, car il y a du plaisir maintenant, on en refait une autre.
Pendant ces sept heures passées dans ce parc, j'ai vaincu une partie de mes démons, j'ai partagé avec mes amis des moments intenses, d'une grande communion. Avant notre départ, une des employées du centre nous propose de faire une photo de notre groupe.
La soirée sera consacrée à la préparation de notre départ en rando. On fera nos sacs, on ventilera le ravitaillement. On s'imbibera du parcours et des différentes étapes. A ce sujet, Marie-Jo et Yann ont pris la décision de ne pas faire la rando avec nous. Marie-Jo est fatiguée de son année de stage et préfère faire des petites sorties à la journée. Elle pense qu'elle ne suivra pas... Ils nous accompagneront demain jusqu'au col de Chavière et le dernier jour, ils viendront à notre rencontre. C'est dommage..!
Au fait, vous savez comment on l'appelle la "big" tyrolienne là-bas ?
C'est la tyrolienne des anges, ça ne s'invente pas !!
Et le nom de ce parc?
C'est le Parc du Diable ! Si,si.
Eh bien, ce soir, les anges, les angelots(...) et les diablotins vous saluent et vous disent à demain pour cette nouvelle aventure...
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