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samedi, décembre 01, 2007

De balcons en terrasses ...



DU REFUGE DE LA FEMMA (2359 m) AU REFUGE DU FOND DES FOURS (2538 m)



...Dimanche 09 août

Une des premières choses que Sylvie
avait faite hier en arrivant au refuge, c'était de se renseigner auprès de la gardienne sur l'itinéraire d'aujourd'hui. Sur sa carte, comme sur la mienne d'ailleurs, le tracé qu'on souhaitait emprunter est en pointillé d'où une petite inquiétude...Il est toujours inressant de prendre des informations auprès de ces professionnels qui connaissent parfaitement toutes les particularités de leur secteur. Il ne faut pas oublier non plus, que Sylvie découvre ce parcours et n'en est que plus prudente...
" Pas de problème, le sentier est assez récent mais il est bien balisé par des cairns".
On avait aussi l'intention de "se faire" un plus de 3000 m, n'ayant jamais pu jusqu'ici dépasser cette altitude : On en avait eu l'opportunité en 2006 lors de la première "expédition". C'était, dès le premier jour, au col d'Aussois, on aurait bien voulu monter à la Pointe de l'Observatoire(3015 m), mais ce jour-là, un 13 août (!), il neigeait, il faisait froid et la "visi" était quasi nulle.
Aujourd'hui, nous avons une vraie possibilité avec la pointe du Pisset( 3033 m) que l'on pourrait atteindre à partir du col de la Rocheure( 2911 m).

...7h30 : Nous sommes fin prêts, et pourtant presque les derniers à quitter le refuge, mais notre chef dit que c'est bien. Le ciel est, pour l'instant, totalement dégagé. La température est idéale. Nous partons dans un écrin de verdure.
Deux marmottes "discutent" du programme de leur journée.

















Le sentier monte lentement pour l'instant à travers les alpages. Quand on se retourne le panorama est de toute beauté. Même la lune est de la partie...On rencontre notre premier troupeau de vaches, l'ambiance est complètement bucolique, le bonheur est total.

















J'en profite pour prendre un peu d'avance sur mes petits camarades...





Nous traversons quelques petits ruisseaux tous plus beaux les uns que les autres. Ce début de montée au col répond à toutes nos attentes : On baigne dans ce que la montagne a de plus beau. On est bien là où on est...
To
ut en bas près du refuge, une personne tout de blanc vêtue attaque la montée, nous pensons reconnaitre un de nos voisins de table avec qui nous avions drôlement sympathisé hier soir. Il progresse bien et a un programme plus chargé que le nôtre aujourd'hui.


















Vers 2600 m, l'harmonie des verts cèdera sa place aux cailloux et aux névés. Quand on se retourne, c'est de plus en plus beau. On commence à sentir un peu de vent.


















On profite d'une petite pause pour faire l'inventaire...au conditionnel du panorama.





La sensation du col est là, notre premier névé est là à portée de bâton... Avec Henry, on ne résiste pas à l'idée d'aller... dessus. Que voulez-vous, nous, on est breton et cette neige au mois d'août à portée de main, ça nous rappelle les rares occasions de neige, l'hiver, en Bretagne. On vient de perdre 50 ans en quelques secondes, la magie de la montagne, une fois de plus...
Sylvie nous cueille en pleine "re-création".

















Avant le col, le lac et ses glaces...
















Le temps qu'on en termine avec notre névé, Sylvie est arrivée au lac avant nous et prend cette photo de ses deux acolytes y arrivant. Sylvie adore les photos de reflets et celle-là est très sympa. Je ne manque pas de lui rendre la pareille, mais avec un peu moins de réussite.


















Sylvie est déjà au col quand nous y arrivons à notre tour. Un col, c'est formidable, parce qu'en haut, on aperçoit enfin ce qu'on avait envie de voir avec tout l'effet de surprise en plus et , en plus, on voit sous un autre angle ce qu'on vient de parcourir. Le col de la Rocheure est à 2911 m et le panorama y est grandiose. Le groupe des "bourguignons" est là depuis un moment semble-t-il et envisage, lui aussi, de monter à la pointe du Pisset.





C'est vrai, y'a plus moche
mais c'est pas ici ! Alors que nous profitons du point de vue, notre "voisin de table" arrive alors que les "bourguignons" s'en vont : Commentaires, photos et un salut amical car notre homme est pressé, il a une grosse étape à faire.
En ce qui nous concerne, décision collégiale de faire le "petit" 3000 m qui n' attend que nous.

















En prenant un peu de hauteur, c'est encore mieux.






Sur le sentier de "notre" 3000m, nous apercevons les "bourguignons" qui ont posé leurs sacs près d'un cairn, à la bifurcation en direction du sommet. Pour les rejoindre, on a un dernier névé à traverser. Je fais le "tampon" avec Henry...





Nous aussi, nous posons nos sacs et analysons un peu la situation tout en nous désaltérant et en ingurgitant une ou deux barres énergétiques.
... La trace pour aller jusqu'au so
mmet n'a pas l'air évidente et le sol est très "fuyant".
Notre groupe attaque le premier. Sans le sac, j'ai l'impression trop brève de décoller mais la forte pente me ramène progressivement à la dure réalité de la montagne.
Nous voilà sur ce qu'on appelle l'arête sommitale. La pente y est très raide et la largeur de plus en plus faible au fur et à mesure qu'on monte. Sylvie et Henry sont derrière et je sens que je ne vais pas tarder à "caler": Il y a du gaz des deux côtés et c'est très impressionnant...



A un peu plus de 3020 m, mon instinct de survie prend le dessus et me bloque. Je m'assois pour laisser passer Henry qui est juste derrière moi, mais je suis étonné de constater qu'il fait la même analyse que moi ou qu'il a les mêmes "sensations". Il s'arrête lui aussi...





La photo, au-dessus, a été prise nettement sous le sommet...ça se voit, un peu plus haut, je ne souriais sûrement pas !...





Et de deux ! Voilà, j'ai bien compris, je ne suis pas le seul avoir les "pétoches"...
Sylvie ne peut pas ne pas aller voir comment c'est là-haut. C'est dans sa nature, c'est une fonceuse, elle n'a pas peur ou du moins ne l'affiche pas. Elle nous passe, l'air décidé, pose ses bâtons un peu plus loin et termine ....à "quatre pattes" avec son appareil photo en bandoulière. Les chefs, c'est comme ça !



















J'ai pris la photo de droite alors que Sylvie est redescendue un peu sous le sommet, contente de l'avoir fait (ça se
voit)...L'autre a été prise par Sylvie elle-même alors qu'elle posait un petit caillou sur le cairn au sommet...





Ici, la joie s'entend, mais on est pas super à l'aise, quand même !


Nous entamons la descente qui va être un peu "anarchique": On ne redescend pas par où on est monté et donc, c'est à l'impro...On "surfe" un peu sur le sol qui se dérobe sous nos chaussures. Avec un peu de pratique, c'est presque rigolo.
On récupère nos sacs et on entame la partie en pointillé sur la carte. Nous disons momentanément au revoir au massif du Mont-Blanc.




Un petit regard aussi à droite, pour saluer une dernière fois cette pointe du Pisset qui nous a donné tant d'émotions... Vue avec cette perspective et de loin, elle parait pourtant bien anodine...

















Le paysage est maintenant presque lunaire. Par endroit, le sol est rouge. Le rocher est en pleine délitescence.





Le sol semble gorgé d'eau c
omme si, il n'y a pas si longtemps que ça, il avait été recouvert de neige ou de glace.








D'ailleurs, les névés sont nombreux et nous en empruntons quelques-uns.





Depuis la fin de la matinée, le ciel
se couvre par le sud-ouest et les nuages sont de plus en plus sombres; ça ne plait à personne et à Sylvie encore moins. Nous ne cessons de monter et de descendre, le paysage manque de limpidité. C'est rude, âpre, rocailleux, acéré.
Dans l'amorce de la descente ver
s le fond des Fours, on choisit un groupe de rochers pour nous accueillir au repas de mi-journée. Nous sommes parfois au soleil et c'est bien agréable.
Pe
u de groupes passent pendant notre repas. Les "bourguignons" se sont arrêtés un peu au-dessus de nous. La reprise est dure, ça descend tout de suite et sec !
















A présent, nous contournons par la droite, une barre rocheuse( 2848 m) avant d'arriver dans le cirque glaciaire des Fours. L'abrupt est important et impressionnant. Il ne reste plus grand chose du glacier des Fours mais le volume du cirque est difficilement imaginable : Il faut le voir pour croire ce qu'on voit...

J'ai pris une ou deux vidéos mais je ne suis pas sûr qu'elles vous restitueront cette impression de volume démesuré.





C'est seulement, arrivés en bas, au bord du cirque, qu'on prend conscience de l'immensité du site. Personnellement, je n'avais jamais vu une telle chose, ça ne vous laisse pas sans voix, la preuve sur la vidéo mais ça le pourrait.





La végétation revient prendre sa place progressivement. Des petites touffes apparaissent ici et là.




Je n'ai encore jamais eu la chance d'aller sur la Lune, autreme
nt, vous seriez au courant, mais ici, ça doit y ressembler. Là-haut, quand on doit être dans un de ces gigantesques cratères formés par les impacts des météorites, on doit avoir la même impression...








Un petit...torr
ent s'est formé au centre du cirque glaciaire. Nous le traversons pour rester sur sa rive droite jusqu'au début de la vallée glaciaire un peu plus bas.






Un énorme cairn a été érigé au bord du sentier.







Il est 13h44 et nous sommes à une grosse demi-heure du refuge. Demain, nous avons une grosse étape, ça va faire du bien de se poser un peu cet après-midi ou bien d'aller faire un p'tit tour si le temps le permet.




Un peu plus loin, la vallée glaciaire, dont la largeur s'amenuise petit à petit, est barrée par un énorme "verro
u" qu'il nous faut escalader par la droite. Le torrent, lui, passe par la gauche en creusant une profonde saillie dans la roche et en devenant une belle cascade derrière.
En haut de la faille du verrou, la vue est un peu vertigineuse...Nous attaquons la descente sur un sentier bien pentu et parfois glissant. Le refuge est là à nos pieds. L'endroit est particulièrement beau.


















"Y'a plus qu'à ! ". Il est juste un peu plus de 14h et l'étape est presque terminée mais quelle belle journée...On se laisse "glisser" dans la pente jusqu'en bas.

La vue d'en bas, en direction du verrou, est très parlante et très instructive : On voit vraiment bien comment est constitué un verrou. Ici, ça pourrait être un amas de roches un peu plus dures que les autres, qui auraient fait barrage à la progression du glacier, mais il y a différents types de verrous, et malgré les recherches faites, je ne suis sûr de rien.
... Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'ici, on comprend mieux...Le vocabulaire géographique a, non seulement un sens, mais aussi une image concrète.







La fin du parcours n'est qu'une petite formalité...Le Refuge du Fond des Fours a trois bâtiments comme celui de la Femma mais ici, ils sont de taille identique.

















Il est un peu plus de 14h15 et nous sommes déjà attablés, à l'abri du vent, sur la terrasse, histoire de prendre un petit "reconstituant". Il fait de plus en plus froid. Le vent est de plus en plus fort,
les nuages sont bien noirs maintenant. Serait-on proche de la pluie?
Il n'y a pratiquement personne ici hormis 2 ou 3 randonneurs de passage qui ne vont pas tarder à descendre vers Val d'Isère.

L'accueil ne semble pas très chaleureux.
Nous nous installons dans le dortoir qui est en "bas flancs" classique avec un étage. On nous a réservé les places n°10 ,11 ,12 en bas...















Une première petite salle sert de "sas" pour les sacs et chaussures.




Sur cette dernière photo, on voit bien la situation du refuge par rapport au verrou qui est situé juste au milieu entre les bâtiments (on voit la faille à gauche et la cascade à droite). L'ensemble est construit sur un éperon à l'abri d'éventuelles coulées de neige et bien sûr d'un "gonflement" du torrent.

Une fois installés dans le dortoir, Sylvie et Henry optent pour une petite ballade du côté du torrent. Personnellement, je m'installe dans la salle à manger qui est aussi une salle à vivre: j'y feuillette quelques revues sur la nature et la montagne.
Les "bourguignons" sont arrivés et viennent à leur tour bénéficier de la chaleur relative du réfectoire. Un couple vient d'arriver et s'est installé à son tour dans le dortoir.
Sylvie et Henry, surpris dans leur exploration par les premières gouttes de pluie, ne tardent pas à compléter le tableau. Notre chef revient avec une très belle photo du torrent prise en-des
sous du refuge.



Sylvie s'associe avec les "bourguignonnes" afin de mettre un nom sur les différentes fleurs photographiées : On a sorti le grand jeu, les livres et documents etc. Henry se joint à moi au coin lecture.
Le nouveau couple du dortoir est arrivé dans la salle peu avant le repas. Dehors, il pleut à verse !


19h : On ne dine pas tard dans les refuges. Nous sommes huit en tout. Nous mettons ensemble le couvert sur la table commune. Il fait un peu froid dans cette salle. On nous propose de mettre quelques bûches dans le poêle : Adopté à l'unanimité !
Le repas est très convivial et un peu surprenant en ce qui concerne le menu : Après une bonne soupe, on nous sert en guise de spécialité "locale", un plat de harengs "marinés" aux oignons accompagné de lentilles tout juste chaudes, suivi d'un peu de fromage et d'un petit dessert.
Pour les "bourguignons", c'est retour dans la vallée demain. Le jeune couple en bout de table prend part progressivement à la conversation générale. La jeune femme fait sa première expérience de rando avec son mari.
Et bien, figurez-vous qu'ils envisagent de faire la même étape que nous demain. Tiens, donc !!
Et...si...?
A la fin du repas, il est presque décidé, que nous partirons demain à la même heure.
Ils paraissent adorables : Elle, semble un peu stressée et manquant de confiance en elle. Lui, est charmant et doit être un randonneur confirmé.
Un peu plus tard, on se retrouve tous les huit au dortoir. L'attribution des lits prévue par les gardiens est mise à mal et certains, dont je fais partie, améliorent leur confort en gagnant un peu d'espace autour de leur couche.

Rendez-vous est pris demain matin...

Très bonne nuit !



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