Iles Scilly du 13 au 25 juillet 2008: Hugh Town - Aberwrac'h

NEUVIEME ET DIXIEME JOUR: HUGH TOWN - ABERWRAC'H

Le vent n'a pas tourné à l'ouest comme prévu pendant la nuit mais sa rotation au nord n'a pas rendu le mouillage inconfortable. On a bien dormi: C'est important, parce que ce soir, on sera en plein milieu de la Manche en nav de nuit. Ce matin, il fait à nouveau très beau. Nous sommes le lundi 21 juillet, il est 7h23, heure française.



Ce matin, nous avons beaucoup de choses à faire: Tout d'abord, petit-déjeuner, puis aller au port pour une douche bien méritée. Ensuite, on aura un complément d'avitaillement à faire, plus évidemment, des courses personnelles de dernière minute avant de rentrer chez nous. Tout le monde est très motivé et fait vite si bien que nous sommes rapidement dans l'annexe en direction du débarcadère au fond du port. Il y a plein de volontaires pour la pagaie...On arrive assez vite au pied du pub le "Mermaid" où on laisse notre annexe amarrée avec une grande longueur de bout car on est sur le jusant. Direction...les douches du port (très propres et spacieuses). Une fois brillants comme des sous neufs, nous allons régler notre nuit au port auprès du harbour-master super-sympa qui nous donne une météo complète pour les 5 jours à venir. Nous ne manquons pas de la regarder avec attention et on constate qu'il est question de vents d'est dans trois jours à venir en Manche. Vous comprendrez que cela ne nous enchante guère si ça doit se confirmer. Du vent dans le nez pour remonter vers St-Malo...Enfin, on verra bien...
Je vais un peu abréger l'emploi du temps de la matinée: Après les courses collectives et personnelles, je m'offre une petite incursion à la maison de naissance d'Arthur mon pavillon perso. Je ne connaissais pas ce lieu qui est un atelier de fabrication de d'objets en toile (sacs en tous genres, etc). Les deux employées travaillent avec vue directe sur le port. Pas mal !
Il est pratiquement midi quand nous revenons à l'annexe. L'équipage n'a bien sûr pas manqué de passer par la boutique 49° 55 N, 6° 19 W pour y acheter quelques t-shirts, sweat, casquette ou vareuse. Je sais, je fais de la pub gratos, mais cette boutique mérite un détour. Bref, on est bien chargé.



Retour au bateau. Rangement, préparation du repas, dégonflage et pliage de l'annexe. Après le repas, il faudra préparer le bateau ( pont, navigation...) pour le départ.
Il est presque 14h quand nous larguons la double amarre de pointe. Edith est à la barre et sort le bateau du mouillage en slalomant au mieux. Il y a surement, à cet instant, un peu de nostalgie à bord mais le programme qui nous attend est tout aussi motivant. Mais, il faut l'avouer, quitter un tel endroit après l'avoir apprécié dans ces conditions idéales, n'est pas chose facile.
Les voiles sont envoyées et réglées rapidement comme si on avait hâte d'être déjà au large. Je crois bien que c'est un peu ça d'ailleurs. A la sortie de la passe entre St-Agnès et St-Mary, on prend le cap qui va nous permettre d'envoyer le spi avec la meilleure efficacité et un bon angle par rapport au vent en tenant compte aussi du courant. Le vent est orienté nord et pour l'instant on a à peine 10nds.
Cap au 200°. A préparer et envoyer "Blue Peter" notre spi bleu.
Il est presque 15h, le spi est à poste, réglé avec des "barber-heulers", la retenue de bôme est en place et bridée, nous sommes tribord amure et nous avançons à un p'tit 4nds sur le fond. Nous savons que nous en avons pour quelques heures sous cette allure et dans cette configuration. Les relais à la barre se font à peu près toutes les 45 minutes car barrer sous spi avec un peu de clapot venant de l'arrière, demande une attention soutenue, bref ce n'est pas facile de garder la voile gonflée... Dans notre dos, les iles s'éloignent petit à petit. Bientôt , dans moins d'une heure, nous traverserons les deux rails des cargos orientés vers le nord.



L'enchainement des quarts de barre égraine cette longue période sous spi. Le vent est irrégulier en force mais pas en direction. Ce serait bien s'il prenait un peu d'ouest ou d'est ?
Premiers châteaux de passerelle à l'horizon, premières trajectoires de cargos à gérer..




La fin de l'après-midi s'installe sans grand changement sur le bateau. On grignote beaucoup et surtout, on se fait des petits breaks sieste en prévision de la prochaine nuit de veille.










Vers 20h, c'est l'heure du repas, on désigne l'ordre des quarts et on décide qu'on affalera le spi vers 22h30, puis on empannera pour venir au 140-150° pendant le reste de la nuit sur une allure de grand-largue un peu plus stable et équilibrée que le vent arrière. Le soleil nous offre une magnifique lumière pour son coucher.



L'équipage se rassemble une dernière fois après le repas et avant le début des quarts, on affale le spi, on empanne, on supprime la retenue de bôme qui n'a plus d'utilité. Le premier quart prend ses marques presque solennellement. La nuit s'installe sur Chadburn. Elle promet d'être magnifique avec une lune très présente et un ciel superbement étoilé, mais certainement un peu fraiche.















Premier quart...




Pendant la nuit, le vent va monter un peu en puissance en tournant vers le nord-est puis vers l'est pour s'évanouir complètement avec le lever du jour ce qui va compromettre définitivement notre projet Ouessant. Le courant va nous porter vers l'est pour les six dernières heures de navigation, donc, pas d'angle pour faire avancer le bateau et en plus, s'il faut y aller au moteur contre le courant, c'est pas "fun"...


























Mardi 22 juillet: Il est presque 11h, il fait grand beau temps, il n'y a plus un souffle d'air. C'est la deuxième fois après celle du premier soir de ce périple. Nous sommes au moteur depuis plus d'une heure, on aperçoit Ouessant et la tour de vigie du Stiff dans notre sud-ouest. Le courant va commencer à nous emporter vers l'est et nous n'allons pas tarder à voir le profil de la côte devant nous.






Pour animer notre progression, un duo de dauphins vient batifoler en passant sur notre tribord. Puis on commence à voir la tour immense et remarquable du phare de l'Ile Vierge sur notre bâbord.












Grâce à la précision du GPS et aussi en réfléchissant un peu, on "adapte" notre cap pour arriver directement dans l'axe du chenal du Libenter . En observant la côte avec des jumelles, on observe deux choses intéressantes: Les éoliennes qui sont sur les hauteurs tournent et la couleur de la mer n'est pas la même. Comme dirait une amie montagnarde et navigatrice quand elle est, comme nous, en attente de vent, "ça frisotte". A un plus plus d'un mille devant nous, un voilier progresse à la voile. Enfin, un peu de vent !
Oh ! Il n'est pas fort mais suffisant pour nous permettre de finir à la voile. C'est une bonne nouvelle.
Est-Nord-Est, 12nds, on envoie donc la toile illico presto pour se "faire" l'entrée et l'arrivée à la voile. Les choses se décantent progressivement. On voit nettement maintenant le phare de l'ile Vierge noyé dans son amas de roches à l'entrée de l'Aber Wrac'h.
Après, tout va très vite...
La cardinale ouest du Libenter est repérée et identifiée à la jumelle sur bâbord.




On y est presque...





Un vieux gréement sous voiles croise notre route juste avant qu'on atteigne la Libenter...

Ce n'est pas le premier qu'on voit depuis cette dernière demi-heure.






Top... Libenter à plus de 6nds. L'équipage a bien préparé l'entrée et repère bien le balisage au fur et à mesure.



Le chenal est très encombré car nous sommes en début d'après-midi et ici, c'est le fief de l'UCPA , un très gros centre de voile légère et c'est l'heure de la reprise des cours. Il y en partout, de la planche à voile au cata de sport...
A la fin du chenal, on démarre le moteur.
Sur Chadburn, il y a deux panneaux photo-voltaïques qui entretiennent très bien la charge du pack de batteries mais en navigation, j'isole toujours la batterie moteur. Il part donc très facilement à chaque fois. Quand nous avons bien rangé le bateau, cordages lovés, "easy-bag"de grand'voile fermé etc, nous approchons du port mais là, je ne reconnais plus rien. Ma dernière escale à l'Aber Wrac'h date d'il y a trois ans lors d'un retour des Scilly avec notre Bavaria 38, Lysablue. A cette époque, il n'y avait qu'un ponton où il était difficile de trouver une place au catway. A sa place, je vois un ponton en béton coupé en deux par ce qui semble être une entrée de port balisée en latéral. Cela ressemble bougrement à un port à flot.
C'est vrai que je n'ai moi-même consulté aucun document, avant d'entrer ici aujourd'hui. Erreur impardonnable donc... mais si je l'avais fait en consultant le Bloc Marine 2008, j'aurai été très étonné de constater l'erreur qui y figure. En effet, ce port y est décrit comme un port d'échouage et non pas un bassin à flot.
Autre nouveauté, on nous accueille et on nous conseille une place. Le nouveau port est superbe et très bien abrité. La place qu'on nous propose nous permet de faire une manoeuvre d'entrainement supplémentaire. Super !
Nous sommes très heureux d'être là, d'abord parce que nous sommes bien arrivés, ensuite parce que nous avons fait une belle traversée et ensuite, que ce que nous avons vécu jusqu'ici a été réussi de belle manière même si nous avons eu de la chance, il faut l'admettre côté météo... Un seul bémol, on a pas eu Ouessant mais l'équipage aura la possibilité d'y aller un jour. Nous sommes heureux aussi ce soir parce qu'aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Edith. Ce soir, comme à Penzance avec l'anniversaire d'Hélène, ce sera fête à bord mais on restera discret là-dessus. Toutefois, vous aurez le droit à l'apéro. Et puisque vous avez lu cette séquence jusqu'au bout....Un peu plus mais...Pas plus. (C'est la photo de gauche...)
NB: Tard dans la soirée, une demi douzaine de vieux gréements se sont posés à l'extérieur du ponton visiteurs. Principalement anglais ou irlandais, ils revenaient du rassemblement de Douarnenez.

A demain !


PS: Demain, lever...5h30. Ne soyez pas en retard !