Translate

samedi, décembre 01, 2007

Le tour des Annapurnas (2010) : Ledar - Thorung Phedi - High Camp...



LEDAR (4200m) - THORUNG PHEDI (4450m) - BASE CAMP ou HIGH CAMP (4925m)





Agrandir le plan

A: Ledar.
B: Thorung Phedi.
C: High Camp.

Mardi 20 avril : 6h.

Grâce au cachet pris hier soir, j'ai encore dormi au moins 6h d'une seule traite. Pas de difficulté au réveil et je me sens en grande forme à nouveau.
Vers 7h, p'tit dèj thé-oeufs sur le plat-galette-frites.
























Le départ se fait vers 7h30, sous un ciel gris et couvert. Il fait suffisamment froid pour mettre des gants en polaire. J'ai mis aussi ma grosse... polaire: C'est la première fois.
Le sentier part en balcon montant mais progressif et
facile.










Boucaille dans le sud...














L'effort est intense mais pas violent, c'est bon...Aujourd'hui, on va marcher au-dessus de 4500m. Je ne m'habitue pas, je suis hilare. Quelle expérience magnifique ! Du bonheur !
Et dire que j'aurai pu louper tout ça !!!








NB: Ce n'est pas le Thorung Phedi qui est à 4900m, mais le High Camp...Le Thorung Phedi est à 4450m. Sorry !

On est rapidement dans la sensation presque agréable de l'effort. Depuis ce matin, on est vraiment dedans: C'est ça qu'on est venu chercher. Pour l'instant, on progresse à l'ombre, mais on n'a plus froid. Une très bonne nouvelle, le temps se dégage sur notre secteur. Je fais route avec Daniel G. On ne va pas tarder à passer de l'autre côté de la Kone Khola, peut-être la dernière passerelle?

De l'autre côté, justement, ça repart "grave" en "coup de cul". Je n'ai pas besoin de vous faire l'article.

"T'es quand même un peu essoufflé là, Jean-Charles ?"





Vers 9h, on est plus bien loin de Thorong Phedi. J'ai rejoint Bernard et Marylène qui marchent de concert...Sans vouloir faire de jeux de mots, c'est normal, ils chantent dans la même chorale !!...

Thorong Phedi en vue...









C'est exactement comme je l'imaginais après avoir lu tant et tant de blogs déjà écrits sur notre périple. L'émotion est là, malgré tout, car être dedans, c'est pas pareil, n'est-ce-pas ?

















Petit à petit, le groupe se reconstitue. Dans notre équipe, chacun d'entre nous avance à son rythme et donc, les arrivées sont échelonnées. C'est maintenant l'heure d'une bonne boisson chaude que nous prenons à l'abri du vent et donc du froid, sur la terrasse couverte.

















On en profite pour grignoter quelques fruits secs, histoire de prendre quelques calories avant le gros dénivelé.
Le soleil est maintenant dominant et le versant qu'on va "attaquer", va être très exposé...
Pendant cette pause, j'ai un peu mal à la tête et ça m'inquiète un peu, pourvu que?....Je ne parle pas beaucoup pendant ces 45 minutes de répit. J'ai un peu l'esprit ailleurs car je n'ai pas envie que mon rêve se brise. J'espère que ces petits élancements vont se calmer.
Une solution : Partir très lentement dans le dénivelé.
Dans un premier temps, j'accompagne Marie-Do en attendant que Babu qui doit redescendre, arrive: Babu est en quelque sorte son "chevalier marchant". Ce garçon est d'une gentillesse sans nom.
Le Gangapurna ne cesse de nous dire au revoir, toujours plus majestueux, plus imposant.



Vue vers le sud-est...
Le Gangapurna...





















On voit qu'il a neigé tout e
n haut. Il n'y a pas de rupture dans la blancheur, on ne voit presque plus de rochers affleurants, comme si on avait saupoudré les sommets de façon régulière. C'est beau !
J'aperçois Babu qui, en redescendant, croise les amis qui sont à deux lacets au-dessus de moi. Je prends congé de Marie- Do avec son accord et j'entame ma lente remontée. Mon mal de tête a disparu et je suis bien à nouveau. Restons prudents !





Je ne ferai pas de pause après avoir laissé Marie-Do. C'est mon intention, mon challenge. J'ai trouvé un régime de croisière qui me permet d'être bien dans mon effort. Je suis satisfait de cette sensation. Je rattrape mes camarades et continue sur ma lancée pendant q
u'ils font leur pause, regroupés autour de Pradip. Je monte bien, je gère mon effort.
Quelques gros lacets plus tard, à la sortie d'un passage étroit obstrué par un énorme rocher, je vois les bâtiments du High Camp.
Mes yeux s'embuent un peu
plus, j'ai un peu de mal à déglutir, l'émotion est là, incontrôlable, très forte...

J'ouvre mon APN en mode caméra...






Mon bonheur est intense, total, mais qu'est-ce-que ça va être demain?
Dans le film " Le cercle de poètes disparus", il était question de "c
arpe diem". Alors,"carpe diem"!
Ratna est là en haut, il a regardé notre arrivée (Daniel M est légèrement devant). Il sourit comme si notre plaisir était aussi le sien. Il le sait bien, lui qui a porté nos gros sacs jusqu'ici. Lui, a fait son travail et moi, j'ai assouvi un rêve et des envies. Quand nos deux regards se sont croisés, j'ai vu dans le sien qu'il avait compris et qu'il était fier de nous avoir aidé à les réaliser.


Shree, Karsan, Jean-Charles, Ratna...
L'AIII, le Gangapurna et votre serviteur...


















Allez un peu d'auto-satisfaction :
C'est pas tous les jours qu'on fait une arrivée à 4900m en rando, non ?
"Levez la main, ceux qui l'on déjà fait ! "


Après, je ne sais plus trop bien ce que
j'ai fait. Ah si, je suis allé voir Tanguy à l'intérieur du bâtiment, pour lui faire partager ma joie. Ensuite, la photo avec les porteurs et, bien sûr cette vidéo...





Et une interview à chaud...C'est parti !







Quand on arrive dans un endroit nouveau, on fait un peu le tour du propriétaire:
- Ici, on peut déjà avoir un oeil sur ce qui nous attend. Il suffit de regarder un peu vers l'ouest en levant la tête.Vous avez devinez, c'est le début du chemin vers LE col.
- Pour le reste, vu d'un peu plus haut, c'est encore mieux.
Figurez-vous que le simple fait de monter sur ce petit promontoire m'a demandé un bel effort respiratoire. Eh, oui, on est à 4900m !

















Très vite se pose la question du parcours d'acclimatation. C'est vrai, on est pas arrivé depuis très longtemps. Il va pourtant falloir y aller...

Tanguy est partant pour tout de suite. Je pense que je vais y aller aussi. C'est vrai, j'ai la "pêche".
Un dénivelé d'un peu plus de 100m, à plus de 4900m, en guise d'apéro, c'est pas mal, non ?

Allez, en route !






Après pratiquement dix minutes de grimpe, une autre récompense nous attend en haut...






Vous trouvez ça comment ? De là-haut, c'est impressionnant...
Près du cairn sommital, re-rencontre et petite discussion avec les "toulousaines", confirmation de notre altitude sur leur GPS-altimètre. Le vent monte en puissance. Il est temps maintenant de redescendre. Je commence aussi à avoir un peu faim...





Vers 12h30, c'est l'heure du repas (Soupe à l'ail, rosties avec une sauce "dynamisante", galettes de légumes, thé) puis du briefing avant que tout le monde aille se reposer. Normalement, il n'y a pas le droit de faire la sieste pour mieux dormir cette nuit. Babu sera chargé de veiller au respect de la bonne exécution des con
seils de Pradip. C'est qu'on ne rigole plus...
Mais si, on rigole, certains ont quand même joué le jeu. D'autres, que je ne nommerai pas, ont été "flashé
s" en plein excès de "roupillon", ce qui leur vaudra 2 points en moins sur leur permis de trek ! Non, mais !




















 

Le plus drôle, c'est qu'on a jamais su si la consigne était vraiment sérieuse et applicable. Babu et Pradip doivent en rigoler encore...
Personnellement, je vais respecter la...consigne: Remarquez, je n'ai pas trop de mal, car je fais rarement la sieste sauf en navigation quand j'ai passé la nuit d'avant, sur le pont.
Après avoir pris un peu l'air, vers 14h, je me retrouve dans la salle commune en compagnie de quelques porteurs avec lesquels je vais passer des moments de grande convivialité.

Regardez et écoutez: Des moments trop courts de
pur plaisir (Karsang en chef de chorale)...





Et aussi cette séquence plus rythmée (Pradip, excellent gardien du tempo)...







C'est vrai, qu'au High Camp, quand vous avez fait votre parcours d'acclimatation, préparer et ranger vos affaires, manger, il ne vous reste plus grand chose à faire...
Deux heures plus tard, et quelques points de trek en moins, notre petit monde se retrouve sur la place centrale devant la porte des chambres, au soleil et à l'abri du vent. Bernard a
pris la guitare...






" Tiens, voilà Eva qui arrive à la fin de son parcours d'acclimatation!" Elle nous dit n'avoir trouvé de chambre qu'au Thorong Phedi. Le groupe Allibert est arrivé, lui aussi, et récupère de son parcours d'acclimatation. Ils doivent être logés en bas aussi à Phedi. Demain, ils partiront certainement une heure plus tôt que nous et aurons les 550m de dénivelé en plus, pour entamer la journée ! Bernard "craque": Et une "complainte du p'tit phoque, une ! "





Ainsi va la vie au High Camp à 4900m, vous voyez, que du bonheur ! Ce soir, nos porteurs auront des chambres comme les nôtres, c'est bien et c'est normal.

" Tiens, c'est quoi, les bestioles, là, au-dessus de nous ?"


















Oui, au fait, c'est quoi, ces animaux ? Alors ?
Eh bien, ce seraient des chèvres de montagnes, sauvages bien sûr
. On les appelle aussi Bharals. Elles font partie de la famille des "caprids" (en anglais, of course) ou chèvre-antilopes. On les trouve surtout en haute altitude.

Il est un peu plus de 17h et le soleil a quitté la plate-forme d
u High Camp depuis quelques minutes. Nous savons tous que le grand moment approche, celui pour lequel on s'est investi, celui pour lequel nous sommes tous là, celui pour lequel nous sommes prêts à donner encore un peu plus de notre personne.
A cet instant, je sens le besoin de m'isoler un peu...
Pour moi, ce trek n'est pas une simple péripétie. C'est l'accomplissement d'un rêve, d'une envie qui "dormait " en moi depuis longtemps. Vous vous souvenez, mon premier livre d'a
ventures vécues, alors que j'étais "ado" : Annapurna 8000m.

Jusqu'à cet instant, j'ai savouré chaque seconde, chaque infime détail de cette "aventure" collective, j'ai "enregistré" chaque mètre de chemin, j'ai apprécié chaque pose de pied.
Mais, je n'ai pas marché seul.
J'ai quelques amis avec moi : Ceux qui le sont devenus ces derniers jours ou qui l'étaient déjà avant, mais aussi, ceux qui ne sont pas là,
et qui ont "marché" à mes côtés, en particulier, Sylvie, mon amie montagnarde, qui m'a tout appris de "sa" montagne, celle-là même, qu'elle avait découverte avec son père (voir dans ce blog, les séquences consacrées à la rando).
Il y a bien sûr, mon autre amie Marie-Jo qui "vit affectivement" chaque instant de notre périple.
Il y a aussi, Valérie, mon amie-collègue de travail qui suit notre parcours jour après jour, là-bas, en vaca
nces de l'autre côté de l'Atlantique.

Vous savez, en montagne, c'est comme en mer sur un bateau : Vous pouvez vous y faire des vrais amis pour toute votre vie à venir. Mais si vous partagez ces activités avec des amis de longue date, c'est là, dans ce partage de l'effort, que vous verrez si ces gens sont des vrais amis...

Derrière le bâtiment, il faut monter un peu et il fait déjà froid, le soleil éclaire encore les crêtes de la chaine des Cholus.



























































Après ces quelques photos, je rejoins mes amis dans la salle commune. Pas d'apéro-pastis-saucisson ce soir. Demain, sans doute, après... Tout le monde discute tranquillement autour d'une table, histoire aussi, de la "réserver" pour le repas.
En fait, chacun d'entre eux est aussi dans son "trip", le même que le mien, sans doute. On évite "d'en" parler ouvertement, bien sûr, ou alors superficiellement, mais "il" est là présent dans tous les esprits.

 Entre le mutisme des uns et la pseudo-allégresse des autres, une chose est certaine, on y pense.
En croisière, j'observe la même réaction avec les équipages de débutants quand j'annonce, en fin d'après-midi, qu'on va naviguer de nuit (là, c'est une surprise, même si l'équipage savait que ça pouvait arriver mais pas quand). Bien souvent, les gens se regroupent et "verbalisent" leur trop plein dans un mélange d'excitation et d'appréhension à la fois. Il y a très souvent des plaisanteries, des ricanements nerveux, des silences. C'est généralement comme ça, avant une première "nav" de nuit.
Face à ce qu'on va vivre demain, nous sommes tous presque...débutants. Aucun d'entre nous n'est monté à cette altitude, même si certains l'ont déjà approchée. Et puis, même si aucun d'entre nous n'a ressenti les premiers prémices du MAM, on n'est pas encore à l'abri.


Au fait, ce soir ce sera : Soupe à l'ail (très bon pour lutter contre le MAM, parait-il ?) - "jardinière de légumes" avec du riz - poires au sirop - thé.


















Demain, debout à 3h30...

A 19h30, nous sommes tous dans nos duvets car ce soir, il fait bien froid dans nos petites chambres.

Mais, au fait, qu'est-ce que j' fais encore là, moi ? Allez, au lit !
A plus ! 

Il me tarde d'être à demain...

Aucun commentaire: