Grâce au petit somnifère magique qui vous laisse les idées claires quand vous vous réveillez et qui vous permet de dormir au moins 6h d'une traite, je me sens assez en forme ce matin. Il fait encore nuit quand je sors de la tente que je partage avec Joël.
Le petit déjeuner est déjà en route. On s'installe: Toasts grillés au miel, pancakes à la banane, thé.
Départ vers 6h30: On reprend l'itinéraire qui nous a conduit aux sources chaudes, c'est à dire qu'on va à nouveau faire du saute-rochers glissants mais cette fois-ci, avec les sacs sur le dos...
Cette fois-ci, on prend à gauche avant la descente vers les sources chaudes et on longe la rive du lac sur un tracé qui emprunte les différentes roches qui bordent le lac.
Interdit de tomber à l'eau !
Ce début de parcours un peu acrobatique (je me demande comment les porteurs peuvent passer dans de tels endroits avec leurs charges.) nous amène sur un espace herbeux au sud du lac au milieu duquel des pêcheurs ont planté leur tente rudimentaire.
Première pause...
Après quelques instants passés à observer les fumerolles qui s'échappent des flancs du petit cratère central, on repart en pénétrant plein sud dans la haute végétation qui couvre la paroi escarpée du cratère.
Le sentier, pour une fois, serpente agréablement à travers les hautes herbes de ce sous-bois qui garnit la presque totalité du versant intérieur du cratère.
Deuxième pause dans la pente...
On pourrait être dans n'importe quelle forêt européenne plantée de résineux. La seule différence, c'est la température et l'humidité ambiante. La pente est de plus en plus dure avec des "marches" difficiles à "escalader".
Cette première partie nous permet d'atteindre un petit replat où nous faisons notre troisième pause avant d'attaquer la paroi proprement dite.
Dans cette dernière partie, nous franchissons un passage très abrupt qui nous permet d'accéder à une longue traversée avant l'assaut final.
De cette corniche, les vues sur le lac sont splendides et évoluent à chaque instant...
La dernière partie du parcours ressemble plus à de l'escalade qu'à de la randonnée. La sortie par un petit goulet très étroit, nous permet d'accéder au sommet de la crête et l'accueil est plutôt sympathique.
Il est temps, pour mes pauvres jambes, que cette "grimpette" se termine. Depuis une bonne demi-heure, je me traine en queue de peloton. Mes cuisses ne veulent plus rien "savoir".
Au sommet, le reste du groupe nous attend avant de basculer pour les six dernières heures de descente. Marie-Do est derrière avec notre guide. Je l'attends avant de reprendre ma progression en même temps qu'une partie des porteurs qui nous ont rattrapé.
La traversée de la crête se fait sur un terrain "torturé" où les parties plates n'existent pas. A chaque pas, il faut que je regarde où je mets les pieds.
J'ai trouvé, sur le net, une vidéo qui résume un peu ce qu'on a vécu depuis le bord du lac jusqu'en haut de la crête (nous, on ne s'arrêtera pas sur la crête, mais eux, "ils"viennent du sommet du Rinjani et "ils" marchent depuis 14h..).
http://www.youtube.com/watch?v=iGp_O430A9A
A la fin de cette vidéo vous pouvez avoir accès à une autre de 30s sur le petit cratère: Intéressant...
Il est 10h et il fait très, très chaud sur le sentier. Dans l'ouest, des gros cumulonimbus s'installent progressivement. Avec Marie-Do, nous arrivons à la première pause avec un peu de....retard. J'ai de plus en plus mal aux jambes et la perspective des 4 longues heures de descente qui nous attendent, ne me motivent pas plus que ça. En fait, je suis inquiet pour la suite des évènements.
Nous sommes encore à 2000m .
Après un peu de repos, on repart vers le poste 2. J'ai comme une éclaircie dans ma forme physique et j'arrive à "rester" dans le groupe, mais c'est au prix d'un effort douloureux. Le "mieux" ne dure pas et je suis à nouveau distancé par mes amis. Je décide de rester avec Marie-Do et le guide qui ferme la marche de notre "expédition".
Vers 11h15, on entend nettement le premier grondement de tonnerre alors que le groupe reconstitué entre dans la forêt.
Une demi-heure plus tard, la pluie arrive. Nous sommes pour l'instant et provisoirement à l'abri sous la végétation. En quelques instants, l'intensité de la pluie double et la piste devient très glissante. La cape de pluie sort du sac et je passe mon blouson respirant à Marie-Do dont le sac est porté par le guide. Celui-ci est passé devant nous pour rejoindre au plus vite le poste 2 où il doit aller aider les porteurs à préparer le repas.
Désormais, nous formons le "gruppetto" avec Marie-Do et nous arrivons vers 13h30 au poste 2 après nos camarades.
Nous sommes à 1500m. Il tombe des grosses cordes et nous avons bien du mal à trouver une place sous l'abri-repas afin d'y partager quelques moments de répit et de nous alimenter convenablement.
Je profite de cette pause pour enfiler des guêtres qui s'avèreront bien utiles dans les prochaines heures.
En effet, le chemin ressemble plus maintenant à un petit torrent de temps en temps délesté de son eau grâce à des rigoles composées de grosses branches posées en travers du sentier.
Je n'ai encore pas très faim et pourtant les pâtes sont excellentes, mais je me force un peu, car il le faut.
Il nous reste encore deux bonnes heures d'effort d'après notre guide mais depuis un certain temps, on sait que les heures indonésiennes sont un peu "sous-estimées".
On est reparti depuis plus d'une heure et la pluie se calme un peu.
Avec Marie-Do, on discute beaucoup pour accélérer le temps, on prend des photos, on observe de plus près la végétation et notre environnement.
Vers 16h30, nous arrivons enfin à la porte de sortie du parc naturel. On tient le "bon bout", le guide est là. Il nous attendait. On a le droit à une dernière bouteille d'eau et on s'engouffre dans ce qui pourrait être une voie triomphale.
Les bananiers se "penchent" sur notre passage. On commence à retrouver des habitations, des gens, bref, on sent que le terminus n'est pas loin.
Tout à coup, au bout du chemin, je vois nettement l'image d'un mini-bus blanc garé sur une placette. Marie-do vient de se relever d'une petite chute due sûrement à la décompression. Nous sommes soudain tous les deux, ivres de bonheur, ivres de soulagement, ivres de fatigue, ivres de sensations, ivres des instants qui vont suivre.
On est arrivés. On est rentrés.
A partir de cet instant, on va pouvoir souffler un peu ou beaucoup. On sait tous les deux que le programme à venir ne sera que plaisir.
Les amis sont là depuis un bon moment. Ils nous avaient déjà attendu quelques longues minutes un peu plus haut. Tout le monde est tellement "out" que cette arrivée ne ressemble pas à celle de Jomosson au Népal, mais c'est pas grave. Chacun d'entre nous est accaparé par sa sensation d'inconfort personnel, ça se comprend.
On se parle peu, on fait des allers-retours entre l'abri sous lequel sont regroupés nos six porteurs et notre guide et le bus qui représentent à nos yeux le sas vers le confort, la chaleur, le bien-être, la fin de ce qu'on vient de vivre, même si tout n'était pas négatif dans cette dure expérience.
Avant de monter dans le mini-bus qui va nous emmener vers l'hôtel où nous attendent nos camarades non-trekkeuses, nous remercions chaleureusement et matériellement notre équipe d'encadrement.
Il reste une marche à gravir. On se retrouve, relativement silencieux, chacun dans nos pensées, déjà projetés dans notre arrivée à l'hôtel avec tout ce que cela suppose, se reposer, récupérer, être au sec, prendre une douche chaude.
Pourtant, au bout de quelques secondes, la parole reprend le dessus et on se plait à imaginer notre retour pareil à celui de "survivants" revenus de l'enfer. On en rit ou en sourit, mais ce qu'on ne sait pas c'est que ça va se passer un peu comme ça.
Entrée de l'hôtel en vue. Le bus ralentit et tourne à droite. Cour de l'hôtel. Le petit autocar s'immobilise. Le moteur s'arrête.
"Elles" sont là, telles des groupies, appareil photo au poing et insistent pour une sortie ou une entrée (c'est comme vous voulez) solennelle.
Chacun d'entre nous descend du véhicule et se retrouve immédiatement sous les flashes rassurants et réconfortants des "numériques" de nos trois camarades.
Ai-je versé une larme à cet instant ? Sûrement. Le scénario était trop beau.
Les acteurs, justement, les voici dans l'ordre de leur apparition sur le parking de l'hôtel...







Et voilà, une page est tournée, celle de l'effort, celle du sport. Une autre va s'ouvrir, celle qui va ressembler un peu plus à des vacances. Si vous voulez continuer à suivre notre "aventure" indonésienne, je vous invite à consulter la prochaine séquence...
Ps: J'ai trouvé sur le net, une autre fin de ce trek où la descente s'est faite sous le...soleil.
http://www.youtube.com/watch?v=oK33VYyr_g0
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