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samedi, décembre 01, 2007

12- Le trek du Camp de base de l'Everest (19 avril- 12 mai 2013): Phériche (4240m)-Lobuche (4910m).




Agrandir le plan






Mercredi 1er mai
Chez nous en France, c'est férié et c'est la fête du travail, eh bien ici, nous, on va "travailler". 
Oh, bien sûr, c'est pas le même boulot. Celui-là, on l'a choisi volontairement, on est même venu ici pour ça, donc on est pas à plaindre mais, quand même, ça va "bosser" dur, parait-il, sans vouloir faire de jeu de mots.
A 6h30 pétantes, je suis dans la cour du lodge qui est entourée d'un petit muret, côté ouest, appareil photo en main. Cette fois-ci, pas eu besoin d'écarter le rideau pour voir ce qui se passait dehors, j'ai "senti" que c'était beau parce que dans la chambre, il ne fait pas chaud du tout: Peut-être 5 ou 6°c. Christian a emporté un petit thermomètre et peut donc nous renseigner sur la température dans sa chambre et donc pratiquement de la nôtre. 
Dehors, ça doit être dégagé (c'est comme ça chez nous en Bretagne quand il fait froid les matins d'été).
Justement dehors, "y" fait pas chaud non plus d'ailleurs, on doit être largement en négatif, mais le spectacle vaut la sortie...


Là, c'est vers le sud-est avec le Kangtega (6685m) et le Thamserku, dans une autre perspective...

Et là, c'est vers le nord-ouest, avec le Lobuche Peak (6145m)...
























































C'est quand même pas mal. Y'a plus moche comme panorama ! Mais comme vous êtes "gourmands" et que je suis sympa, je vous ai fait une p'tite vidéo panoramique... Et voilà...







Vous avez constaté que dans cette vidéo, il y a des ignorances, des imprécisions et des erreurs, mais même aujourd'hui, avec la carte sous le nez, je ne suis pas sûr du tout. 
Je vais essayer de préciser, mais tout ce que je vais écrire à suivre, est à prendre au conditionnel, bien sûr: Plan fixe, au fond le Lobuche Peak (6145m); le "triangle" de terre et roches à ses pieds, l'Awi Peak (5245m); première chaine dentelée sans beaucoup de neige, le Pokalde (5806m) et le Nangkar Tshang (5616m);
le premier sommet juste au-dessus du lodge, l'Ama Dablam avec une autre perspective; là où je zoome, le Thamserku (6608m); ensuite vers l'ouest, le Tabuche Peak (6367m), puis à nouveau le premier plan
où on ne voit pas le Pumo Ri (7165m) qui doit être encore à droite du dernier sommet enneigé de droite qui pourrait être le Changri (6027m).
 Mon amie montagnarde Sylvie dit toujours: " Tu vois là-bas, Jean-Charles, ça pourrait être......"
Je regrette de ne pas avoir eu Pradip aux commentaires, ce matin, comme à Manang pour le tour des Annapurnas en 2010.
7h30: Départ.
 Objectif: On ne va pas tout à fait jusqu'au fond de la vallée et à la première bifurcation à droite (une p'tite rue en pente), on tourne. 
A la sortie du village, rencontre sympathique: Madame yak (on dit une nak) et son rejeton.
 

Attendrissant, non, mais je ne m'approche pas plus, car la rencontre pourrait ne pas rester sympathique...

Les deux pointes du Thamserku...

  Après la traversée du village, je m'arrête pour faire ces deux photos qui semblent confirmer la vidéo.


Ama Dablam et Thamserku tout à droite...
Pause photo...

 L'Ama Dablam était bien le sommet derrière le toit du lodge. Vers 8h50, nous sommes presque à notre "embranchement". On progresse tranquillement. Sans trop savoir ce qui nous attend réellement, on sait que la journée va être dure et qu'il faut s'économiser.




Depuis une vingtaine de minutes, on s'est engagé dans la p'tite "pente". 
En fait, c'est la haute vallée morainique que le glacier du Khumbu a creusée depuis des années. On a pris à droite un peu après la pause photo. Au début de la "pente", c'est costaud: un beau "coup de cul" en lacets qu'on se prend le "nez dans les godasses". En plus, le sol est friable, donc un peu glissant. En marchant, généralement, on a la chance de pouvoir regarder autour de nous. Eh bien pas ici.
 Ici, à cet instant, tu ne regardes pas le paysage, tu subis, tu serres les dents, tu contrôles ta respiration, tu te replies sur toi-même mais une fois ce passage terminé, tu peux enfin profiter du cadre en levant un peu les yeux. Alors, on voit que c'est pas mal du tout !


Troupeau de yaks en pâture...

Petite bête (un rongeur ?) paniquée...


Alors qu'on fait une pause hydratation après ce coup de rein mémorable, les porteurs nous rattrapent et passent devant nous "gaillardement". Ecoeurant !
 Ils ont plus de 30kgs sur le dos, ils avancent comme des fusées et avec le sourire, en plus...

 




Presque en même temps, un convoi de yaks lourdement chargés, passe en arrière-plan à grand renfort de clochettes. 
Quelle grimpette, on vient de faire ! On a besoin de récupérer.
Un peu avant la pause, ça s'est un peu arrangé, mais on est quand même pas "à la noce"...

 


Pendant la pause, on profite pleinement de l'environnement. On voudrait pouvoir regarder partout en même temps...

 
Le Cholatsé (6440m)...






















 
Le Cholatsé ( 6335m), son glacier et l'Arakam Tsé (6423m)...






























On continue notre progression vers Thukla. C'est un peu moins dur actuellement, on commence à voir assez loin devant nous, c'est bon signe...
Vers 9h30, on aperçoit le petit village qui en fait, est un tout petit regroupement de lodges.


Thukla: Petit hameau de lodges...

Il nous reste un petit pont, une petite grimpette de rien du tout et on est arrivé...


Babu, Philippe et Christian...

Quelques minutes plus tard, il est 10h, on stoppe pour la pause thé à Thukla (4620m). 
Ici, on se sent vraiment dans l'aventure. Le cadre est grandiose.
 On a gagné 300m depuis notre départ. Tout va bien, mais c'est quand même pas "les doigts dans le nez"...


Protection soleil maximum...

Le "staff "...

















































 

Une grosse demi-heure plus tard, nous repartons et là, on voit bien où on va.
 C'est très simple: Pendant la pause, Pradip nous a parlé d'un col et de faux-plat népalais après. Le col, c'est le Thokla Pass à 4850m soient 230m au-dessus de nous et les 230m, on les voit. En fait, ce col c'est la moraine frontale derrière laquelle se cache le glacier du Khumbu.
C'est très simple: Il y a une approche normale et un beau "mur" dans les cailloux en final. C'est pas la peine d'imaginer: Regardez, c'est plus simple !








Si on se retourne, ça donne ça : Ama Dablam et Thamserku (one more time)...


Là, on est dans la phase d'approche; ça monte mais c'est pas le final...
  
Un peu avant 11h, j'arrive en haut du col derrière Christian. C'est un très bon moment que d'en avoir fini avec une difficulté. Ce qu'il faut, c'est les gérer les unes après les autres et non pas en les "capitalisant" car, dans ce cas, on risquerait de faire demi-tour en courant...




Une fois en haut du col, je sais qu'il va se passer quelque chose car depuis que je lis les différents blogs sur ce trek, je me dis que c'est là. Je sais que c'est là que ça va se passer. 
J'avais regardé une vidéo sur You-Tube avant de partir: c'était un très beau montage fait par un jeune couple de québécois qui avait fait ce trek en autonomie et avait connu plusieurs situations délicates (notamment pour le passage du Cho La enneigé, nous, on aurait bien aimé le faire aussi).
Quand ils étaient passés là au retour, je me souviens du jeune homme qui sautait de bonheur dans cet endroit un peu spécial avant de reprendre la "route" vers Namche Bazar. Donc, c'est là...





Vous entendez qu'un de mes camarades ne ressent pas les mêmes choses: Chacun sa sensibilité, n'est-ce-pas ?
 Je ne cherche pas très longtemps la stèle de Scott Fischer: Elle est là devant moi, pas très loin du haut du col à droite.
Le livre de Jon Krakauer, "tragédie sur l'Everest", je l'ai lu au moins trois fois et chaque fois avec la même émotion tout en étant attentif au moindre mot, à la moindre situation.
Je l'ai fait avec eux cet Everest, à chaque lecture, en essayant de comprendre pourquoi ils sont morts. C'est aussi pourquoi, quand je me présente devant le stupa, je suis chargé d'une énorme émotion. Je vais rester un très long moment devant la stèle en pensant à certains extraits de mes lectures sur l'évènement et aussi à ces alpinistes qui sont morts en faisant leur "job". La mort de Scott Fischer et des autres alpinistes morts ce même jour, fait partie dorénavant de mes interrogations, de mes préoccupations et je le revendique.





J'ai fait aussi quelques photos souvenir dans cet endroit si particulier et si insolite.


 



Vue vers le sud (l'Ama Dablam et le Thamserku à droite)...


Vue vers l'ouest ( le Tabuche Peak à gauche ?)...
















































































 Quand tout le groupe est en haut, on fait une pause commune avant de repartir vers Lobuche. Il est 12h passées.





   
Vous voyez que nous avançons dans une haute vallée morainique qui va nous mener progressivement au camp de base de l'Everest qui se situe au fond de celle-ci. Là, je l'ai dit (voir après...).


De gauche à droite (peut-être): Le Pumo Ri (7135m), le Lingtren (6749m), le Khumbutse (6665m)...

Convoi de yaks sur fond de Nuptse (7861m)...



























































  


J'ai l'impression d'entrer dans une gigantesque cathédrale, je m'avance dans l'allée centrale, j'écoute les grandes orgues et je regarde. Tous mes sens sont en éveil. Je fais le plein de sensations. Ce qui vous interpelle, ici, c'est la majesté de l'endroit dans tout ce qu'il a de plus minéral, de plus pur.
 Je ne cesse de le répéter mais le cadre dans lequel nous avançons est un sûrement un des plus impressionnants paysages de haute montagne au monde. Bien sûr, il y en d'autres partout mais avec de telles altitudes, c'est difficile de faire plus haut, non ?
Derrière, c'est aussi beau...


Dans l'échancrure à gauche, peut-être le Thamserku...

Une grosse demi-heure plus tard, je suis dans l'entrée de Lobuche au détour d'un repli du terrain... En fait, nous sommes restés un peu derrière avec notre ami Bernard qui est en hypoglycémie. Dès mon arrivée, j'ai récupéré une bouteille de Coca-cola pour la ramener, mais le temps que je fasse cet aller-retour, son groupe arrivait dans l'entrée du village. C'est en quelque sorte une fausse entrée que je filme car j'en avais déjà fait deux avant: une première en allant chercher la boisson (pas le temps de filmer), une deuxième en accompagnant le groupe de Bernard et une troisième, celle-ci.




 
Arrivée à l'entrée du lodge...







Après une installation rapide et efficace dans les chambres, on se retrouve dans une salle commune pleine de groupes de trekkeurs de toutes nationalités. L'attente est un peu longue pour le repas. C'est bon, parait-il, mais je n'ai encore pas très faim: Soupe de pâtes et pommes de terre sautées très relevées avec des chapatis (pain traditionnel d'origine indienne).
Vers 14h30, c'est le départ pour une petite sortie "acclimatation". Je ne vous réexplique pas le principe, vous le connaissez depuis le Tour de Annapurnas en 2010.





Vous avez compris, ce sera une petite sortie avec peu de dénivelée. Le véritable objectif, en fait, on le comprendra une fois en haut. Bernard ne nous accompagne pas, il va se reposer.
Au départ, c'est presque plat et ce qu'on va grimper c'est la moraine latérale droite du glacier du Khumbu et non pas le glacier lui-même. Quel "ballot" je suis ! Il va falloir deux autres vidéos pour que je vous renseigne plus précisément sur ce qu'on voit de là-haut. Les voilà...




Commentaire: " Y'a un glacier en bas qui est recouvert...etc". Eh bien mon pote, c'est le glacier du Khumbu. Il serait peut-être temps de faire surface, Jean-Charles. Il y a deux solutions: Ou bien tu avais le cerveau embrumé, ou bien t'avais pas assez d'oxygène (ça se peut aussi). Y'a peut-être aussi des deux !!!
Je te répète, Jean-Charles, c'est le glacier du Khumbu, celui-là même dont tu parlais en long, en large, et en travers avant de partir. Tu disais qu'il faisait 32 kms alors qu'il n'en fait que 12 . 
En fait, quand je fais la vidéo, je sais tout ça, mais je ne pense pas que c'est là, à cet instant, devant mes yeux, à mes pieds. J'imaginais une arrivée plus progressive des différents "éléments" dans le site. 
Tout arrive très ou trop vite.
Je ne pensais pas découvrir tout ce que je vois cet après-midi. J'ai manqué une étape ou quoi ?
Et si, finalement, l'objectif de cette sortie, c'était tout simplement ces découvertes.

 Dans la deuxième, je récite bien mieux ma leçon, n'est-ce-pas ?..





 Vous me direz que c'est déjà bien, mais, Jean-Charles, tu aurais pu te renseigner un peu non ?
En guise d'excuses, je vous redis que les choses sont allées très ou peut-être trop vite; ça je l'ai déjà dit un peu plus haut, mais c'est aussi une jolie façon de me dédouaner.
Avant de partir pour ce trek, j'ai lu un peu quand même sur ce que j'allais voir ici. Eh bien, ça me fait la même chose que lors des premiers instants de marche du tour des Annapurnas: Y être et ne pas en prendre conscience.
Bon, maintenant c'est fait, va falloir faire avec...
Retour vers 16h au lodge, il fait déjà plus froid, le soleil ayant disparu derrière la montagne.
J'ai quand même fait quelques photos-souvenir pendant cette petite "balade" d'acclimatation...


Le glacier de Lobuche...
























Le Nuptse (7861m)...


Le sommet du Pumo Ri et le Kalapathar (le cône en bas à droite)...























De haut en bas: Le Nuptse (7861m), le glacier du Khumbu, Jean-Charles (1,70m)...






























D'après mon altimètre, nous étions à 4987m en haut de la moraine latérale. Retour en salle commune pour se détendre et se reposer avant le repas.



Babou, un de nos sherpas, pris en flagrant délit de coup d'oeil au "rummin kub..."

Un peu avant 18h, je fais une dernière sortie pour "palper" la température extérieure et j'en profite pour saisir le Nuptse vierge de tout nuage. Ce sera la dernière de cette superbe journée.


Le Nuptse dans une autre lumière et sans nuages...

Repas 45mn plus tard: Soupe à l'ail (c'est bon pour ne pas avoir le MAM), spaghettis à la "bolognaise" (c'est bon pour demain, ce sont des sucres lents), ananas au jus (c'est bon pour le goût et le sucre).
Coucher vers 21h, car demain nous avons encore du "boulot" sur la planche. Il fait déjà très froid dans les chambres. Je viens d'aller y chercher ma lampe frontale. Il va falloir se mettre rapidement dans le duvet, accepter d'avoir un peu froid le temps que l'intérieur se réchauffe avec la chaleur de notre corps et.....

Bonne nuit ! A demain !
Namaste...

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