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samedi, décembre 01, 2007

8- Le trek du Camp de base de l'Everest (19 avril- 12 mai 2013): Paiya (2835m)- Phakding (2610m).




Samedi 27 avril: 6h50...





Concernant notre amie qui ne va pas mieux ce matin, la décision a été prise. L'organisation de son évacuation a été complètement finalisée: Hélico jusqu'à Lukla accompagnée par Pradip, Olivier et Dorge. Les deux premiers nous rejoindront ce soir à Phakding et Dorge restera à Lukla pour organiser le retour en avion sur Katmandou. Il nous retrouvera à Namche Bazar. Nous sommes un peu tristes mais notre toubib est formel, c'est la seule solution possible pour remettre rapidement notre camarade sur pieds.
Après les préparatifs habituels de départ, le soleil fait son apparition afin d'égayer un peu cette mise en route: Au programme, descente vers la rivière Dudh Koshi Khola à 2200m, puis alternances de balcons montants et descendants avant de retrouver "l'autoroute" touristique venant de Lukla dans le milieu de l'après-midi.

 A 8h10, heure du départ, première consolation, le soleil est au rendez-vous.



Deuxième consolation, on va avoir un beau fond d'écran.


Le Karyolung (6511m) et le Nupla (5885m)...

 La progression en balcon nous permet de voir où on va.




Après la descente vers la rivière, on remontera sur l'autre versant...

10h: Après une très longue descente, on arrive à la rivière...





A Surke (2290m), une fois la rivière franchie, on repart en "coup de cul" de l'autre côté...



 
On monte vers la passe du Chutok (2945m)...
Vers 11h, on franchit notre vraie première passerelle suspendue. Malgré ma peur du vide, je tente une vidéo derrière Philippe...



 
Y'avait quand même pas mal de gaz, non ?...





On poursuit en courbe de niveau vers Lukla en délaissant sur la droite, le chemin qui y mène en escaladant le coteau (on passera dessous, c'est à dire dans l'ouest). 
D'ailleurs, le ballet des rotations d'avion a commencé et on guette aussi l'hélicoptère qui va aller chercher nos 3 amis pour les ramener sur le petit aéroport. On voit même un avion faire demi-tour. On ne comprend pas mais quelques jours plus tard nous aurons la réponse à notre interrogation. On vient de passer Chaurikharka (2674m), village de lodges, et subitement, changement d'ambiance
11h30: Depuis quelques minutes, quelque chose a changé . Notre chemin s'est "civilisé", on rencontre même des secteurs presque pavés. En fait, on a franchi et dépassé le croisement avec le chemin qui vient de Lukla. Maintenant, c'en est fini de notre tranquillité, de notre isolement même. On est rentrés en "zone touristique". 
Eh oui, en 3 jours, on n'avait vu que 4 étrangers, des européens: un jeune couple d'enseignants français en ballade pour 6 mois un peu avant Payan et à Payan même, un duo de chercheuses du CNRS qui y travaillaient depuis un mois (travail sur l'eau).
On commence à voir aussi plus de drapeaux de prières, de murs à manis et de rouleaux de prières.


Un peu de lecture en passant...
   
Rouleaux, mur à manis, chörtens, stupas : La totale...

















Et les murs à manis ne rendent pas les montées plus faciles...La preuve en image, écouter !






Un peu avant 12h, on s'arrête pour la longue pause du déjeuner. Tiens, une ruche à la népalaise...






Plutôt sympa le lodge-étape, non? 
Y'a même une serre pour cultiver des légumes frais...


Une très belle serre...

Arrêt-buffet juste avant un gros "coup de cul"...

L'endroit est plutôt sympathique: Nous sommes à Tahami Kharku (2543m). Avant le repas, on en profite pour faire un peu de séchage de vêtements sur quelques cailloux au soleil. Bref, on est bien même si nos pensées vont souvent en direction de notre amie à la peine, accompagnée de Pradip, Olivier et Dorge. On n'y peut rien, il fallait prendre une décision et la présence compétente d'un médecin dans notre groupe a permis de bien clarifier les démarches à suivre. Merci, Olivier !
On ne passera pas à table avant 12h30... L'intérieur du lodge est plutôt cosy. 



Remarquez les cuivres...


Notre hôtesse nous propose un premier plat avec des légumes frais non cuits (salade, tomates etc). On en a tous eu envie, en plus, les couleurs étaient belles. C'était la première fois qu'on avait des crudités à manger depuis quelques jours. La majorité d'entre nous n'y a pas touché: Toujours le problème récurrent de l'eau de lavage. Mais je crois me souvenir que notre ami Bernard s'était laissé tenter. Je ne sais pas si, concernant notre ami, les évènements futurs auront un rapport direct avec ce repas, mais vous verrez qu'on pourrait supposer une relation de cause à effets...
Vers 13h30, nous sommes à nouveau en route et le défilé des petits édifices religieux continue de plus belle.




Que du bonheur !



Pierre à manis peinte et gravée à Ghat (2492m)...



Centre de soins de la Croix Rouge...

 
Et ça "roule" pour Bernard !




































 Et ça continue, encore et encore, toujours le même décor, d'accord, d'accord ", mais ça fait aussi plaisir de revoir du monde. 
 Tiens, je viens de voir une américaine mal en point sur le dos d'une mule. Elle demandait au muletier combien de temps il lui restait à souffrir jusqu'à la prochaine pause. " Half an hour !" he said...Jusqu'où allait-elle ?
Notre amie Marylène doit être prise en charge à l'heure qu'il est et en sécurité dans un hôpital de KTM. Drôle de monde que celui-ci, où la souffrance des uns côtoie l'enthousiasme et le dynamisme des autres, le tout dans un cadre magnifique inondé de soleil.





 Depuis au moins une heure, je suis dans l'aspiration de Bernard et de Daniel. Je suis bien, je regarde tout autour de moi, je charge le "disque dur" au maximum.

C'est vrai que depuis 14h, le changement d'ambiance a été total, depuis qu'on a dépassé le croisement avec le chemin descendant qui vient de Lukla.
 Changement de monde aussi: Sans vouloir faire de jeux de mots, y'en a plein, du monde.
 A vous faire tourner la tête. Il faut même regarder attentivement devant soi pour ne pas percuter quelqu'un venant dans le sens inverse :
 Des coréens facilement reconnaissables à leurs supers équipements de protection contre le soleil (surtout, pas de coups de soleil !), des russes joviaux et un peu bruyants, des japonais goguenards et contemplatifs, des néo-zélandais exubérants qui arborent leur "Union Jack" bien particulier, des français bien de chez nous, parlant bien fort pour qu'on sache qu'ils sont là, toute une cohorte de trekkeurs qui vont vers "là-bas" ou qui en reviennent. 
Devant nous, la vallée se resserre, on traverse des zones d'habitation assez denses.
 A propos de cette vallée de la Dudh Koshi Nadi, je me dois de vous rappeler qu'elle a été le théâtre d'une immense catastrophe, il y a quelques années, suite à la rupture d'un barrage morainique en amont. J'ai entendu le témoignage d'un sherpa habitant à Ghat (au sud de Phakding) relatant cet évènement lors d'une émission de la 5, qui traitait des conséquences du changement climatique sur les glaciers du Népal: Pas difficile à comprendre. 
Pendant des années, le glacier a poussé devant lui, ce qu'on appelle une moraine frontale (on peut employer aussi le terme de verrou glaciaire). Quand la tête du glacier se rétracte en fondant des suites du réchauffement climatique, il se forme alors un lac qu'on appelle lac morainique. Quand il est trop plein, la moraine, qui joue un peu le rôle de digue, cède et permet ainsi à des millions de mètres cubes d'eau, de boue et de roches de dévaler en "nettoyant" tout sur leur passage. 
Le sherpa disait avoir vu la vague de 20m qui avait balayé la vallée. Après réflexion, alors que je rédige mon blog, je me souviens d'endroits encore "marqués" par cette catastrophe (rives abruptes, lit de la rivière occupé par d'énormes rochers...).


Le V se referme...
Habitat dispersé mais uniquement voué à l'activité de trekking...


Dans ce monde où nous "évoluons" égoïstement dans le bonheur malgré nos petites souffrances (je ne parle pas pour notre amie, bien sûr), il y a eux, les porteurs du quotidien, les forçats de la "piste". Il y en a de plus en plus. C'est normal, nous sommes sur l'axe principal qui permet l'alimentation de tous les lodges que nous allons trouver sur notre itinéraire plus, évidemment les ravitaillements du camp de base de l'Everest d'où partent toutes les expéditions vers le sommet.
 Je me suis permis de prendre quelques photos. Ils sont là à côté de nous, devant ou derrière, eux dans leur monde et nous dans le nôtre. Regardez ces photos et essayez d'évaluer les poids des charges qu'ils transportent...







Photo "volée": Je me souviendrai longtemps de ce regard, pardon !
Autorisation de photo accordée: Là, y'a au moins 100 kgs, non ?

J'ai la même chose en live ! Première version...


                               


Deuxième version...                       





Je continue ma progression derrière mes deux amis. Le cadre se renouvelle sans cesse. Le paysage est très agréable. Regardez les rhodos, ci-dessous !


Conifères, rhodos, piéris, drapeaux de prières...

Dernière pause vers 15h30, il nous reste une demi-heure de marche d'après nos sherpas...Le soleil s'est caché derrière la montagne, il fait un peu frais...



Encore un autre type de portage...

Voilà, nous sommes le samedi 27 avril, il est 16h et nous arrivons à Phakding. Notre lodge est  à gauche, après la petite passerelle.



 

Notre projet initial prévoyait une arrivée ici-même, le lundi 22 avril, à peu près à la même heure. Mathématiquement, nous avons perdu 5 jours et demi, mais ce que nous avons fait pendant les 5 jours, jamais nous ne l'oublierons. C'était vraiment la façon la plus originale de reconsidérer ce début de trek (merci à Exotic pour sa capacité à s'adapter). Nous n'avons pas connu la séquence "émotion" de l'atterrissage à Lukla, mais chaque heure passée sur la piste en 4x4 ou sur ce chemin d'approche dans un Népal rural et bucolique a été d'une richesse sans nom. Nous nous sommes "trempés" dans le quotidien des sentiers népalais, nous avons pu admirer des paysages de toute beauté, nous avons marché au milieu d'une nature empreinte d'une immense authenticité. 
Personnellement, la partie pédestre, je la referai avec plaisir si je devais y retourner un jour. Pour la partie 4x4, je souhaiterai qu'elle soit plus...courte, bien sûr.
 La mise en place d'un programme de trek vers le camp de base de l'Everest au départ de Phaplu avec un petit vol intérieur KTM- Phaplu en hors d'oeuvre, serait une bonne initiative et devrait séduire de nombreux trekkeurs. 
A l'arrivée à Phakding, j'ai l'impression d'avoir remis le compteur à zéro. 
C'est maintenant que ça commence vraiment; ça mérite un pot de bienvenue en terrasse, non ?


      
Il est 16h15, Olivier et Pradip ne devraient pas arriver avant l'heure du repas.
Il parait qu'on a des douches chaudes gratuites et à volonté dans toutes les chambres. C'est "Bizance", ce soir !!!  
Finalement, Olivier et Pradip arriveront plus tôt que prévu en ayant fait une "performance" sur Lukla-Phakding: 1h45 au lieu des 3h annoncées. Chapeau bas , messieurs ! 
Les chambres sont vraiment confortables. Olivier va apprécier la douche.
 Nous apprenons que Marylène ne rejoindrait KTM que demain suite à l'annulation des vols pour aujourd'hui (trop de vent pour l'atterrissage ou le décollage à Lukla). Ceci explique le demi-tour que nous avions vu ce matin. Il parait que c'est courant. Je l'ai même lu dans un blog. Après le départ de notre amie, le sourire et l'optimisme reviennent un peu dans le groupe. On y est enfin ! Demain soir, si tout va bien, nous serons à Namche Bazar, la capitale du pays "sherpa", et ça, c'est quelque chose...

Namaste !

1 commentaire:

Bernard a dit…

Ah oui, cette belle salade de crudités ! J'avais noté dans mon carnet de bord, après ou pendant ce repas "est-ce bien raisonnable de manger cela ?"... Comme disait la chanson "la suite lui prouva que non" !
Voilà c'est pas parce qu'on est plus vieux qu'on est moins con !