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Trajet sous toutes réserves...
A: Départ de Bhakthapur (mardi 7h).
B: Repas du midi.
C: Réparation pneus (18h).
D: Soirée repas et "hôtel" à Chandanda (21h30).
E: Arrivée à Phaplu (mercredi 11h).
Mardi 23 avril, 6h: Nous sommes prêts, dehors, devant l'hôtel. Pas de petit déjeuner sur place, on emporte chacun notre petite boite-repas.
Les trois 4x4 sont arrivés un peu en retard et ce n'est que vers 7h que nous partons réellement. Après un passage dans une station service pour faire le plein, on roule enfin vers l'objectif.
Nous sommes répartis en trois groupes, normal, y'a 3 voitures... Personnellement, je suis dans un Toyota Land Cruiser de forte puissance. Pour l'instant, j'en partage l'espace arrière avec Marylène, mais ça ne va pas durer car notre amie va être rapidement malade. C'est vrai que les routes népalaises, c'est pas tout à fait la qualité des nôtres.
On a déjà l'impression d'être au bout du monde quand on fait notre pause petit déjeuner. C'est le moment de voir ce qu'il y a dans la boite.
Ne me demandez pas où on est, mais il est presque 8h et on a faim. Sur le bord de ce qui est encore une route, nos accompagnateurs ont repéré cet "établissement" où nous allons pouvoir prendre notre "p'tit dèj" accompagné du désormais traditionnel thé noir de la matinée. Tous les membres de notre encadrement ne connaissent pas cet itinéraire et en plus, je crois qu'ils ne l'ont pas emprunté beaucoup de fois. Je disais au-dessus qu'on a l'impression d'être au bout du monde mais aussi sur une autre planète. A voir la façon dont les autochtones nous accueillent, il ne doit pas y avoir des foules de trekkeurs européens à passer par là en voiture.
C'est vrai qu'on aurait pu goûter les spécialités locales...
On repart et pour l'instant, on roule encore sur du bitume. D'ailleurs, on se demande combien de temps encore. "T'inquiètes pas Jean-Charles, ça vient et tu vas être servi au-delà de tes espérances...!"
Il faut quand même que je vous dise que c'est la première fois que je monte dans un véhicule 4x4 et pour moi, à voir la façon dont ils sont utilisés dans notre beau pays, c'est plutôt pour "frimer" que pour progresser dans des zones difficiles. On en voit malheureusement de plus en plus dans nos villes et une des rares "performances" qu'on leur demande c'est de franchir aisément les bords de trottoir pour venir s'y garer illégalement .
Une grosse demi-heure plus tard, on est arrivés dans le "dur"...
Et croyez-moi, les photos et les vidéos, c'est rien à côté de ce qu'on ressent et de ce qu'on vit réellement. Pour l'instant, c'est "roulant", c'est à dire qu'on avance !!
Parce qu'au Népal, parfois, il faut attendre que la route soit réparée pour pouvoir continuer. Je vous rappelle quand même qu'on est normalement sur un itinéraire classique sur lequel roulent des autobus de ligne régulière: Des Tatas de marque indienne, qui sont surchargés et équipés d'une transmission classique, tout à l'arrière avec essieu rigide, s'il vous plait: C'est du délire ! Pour l'instant, c'est à peu près sec...
Non, vous ne rêvez pas: C'est bien une pelleteuse qui est en train de refaire la route et quand ce sera fini, on pourra passer. Il est 9h30...
Un grande demi-heure plus tard, on est confrontés à notre premier vrai embouteillage. Dans l'étroite descente d'un petit col, on ne trouve un peu bloqués, mais la dextérité de notre pilote et aussi un peu de chance, nous permettent de continuer.
Deux vidéos valent mieux qu'une et encore, pendant que nous, on réussit à passer, les copains vont vivre des moments pas ordinaires...
Vous pensez que ça va passer ? Oui ou non ?
Solution...
Bingo, ça passe !
En effet, nos camarades vont être bloqués par un véhicule en panne de batterie. Il faudra faire un prêt provisoire et après le démontage, la mise en place, le dépannage, le remontage, ils ont perdu beaucoup de temps.
Ne voyant pas les copains derrière, on s'est arrêté dans un petit hameau au bas du col, au bord de la rivière.
L'endroit est agréable, la rivière est magnifique avec des berges sablonneuses. Pendant cette pause imprévue, je marche un peu le long de la rive. Notre chauffeur a garé son véhicule à l'ombre d'un grand arbre. On a pas trop de mal à lutter contre la chaleur: Merci !
Au bout d'une heure, nos amis réapparaissent, ou dans leur voiture ou à pied, histoire de se dégourdir les gambettes. On a le droit à des versions plurielles de l'incident.
Il est presque midi tapante quand nous nous arrêtons pour le repas de...midi. Dal-bhat pour tout le monde. Je n'ai pas très faim. On est carrément secoués depuis plusieurs heures et je pense que ce n'est pas fini...
| Les gros sacs sont dans le "pick-up" rouge... |
Et c'est reparti pour un tour.
Une demi-heure plus tard, nous sommes encore bloqués. Devant nous, on refait la route à nouveau. Eh, oui !
N'oubliez surtout pas que nous sommes toujours au Népal...Si-si !
Et pendant qu'on attend patiemment, on s'aperçoit qu'un des nos 4x4 a un pneu dégonflé ou même crevé. La totale, voyez-vous !
Babu donne un sérieux coup de main au chauffeur.
On monte, on descend, on remonte, on redescend. La route "épouse" les fonds de vallons et on avance pas. On retrouvera d'ailleurs cette même situation, un peu plus tard, lors de notre marche d'approche. Il est de plus en plus évident que nos 16-18h seront dépassées largement. Où allons-nous arriver ce soir et y aura-t-il un soir ?
Peu importe, parce que ce qu'on vit en ce moment, c'est quelque chose, non ?
Et un gué, un...!
Un peu plus tard, nous sommes bloqués par un barrage de jeunes militants maoïstes. On se croirait revenus en 1980 ! Bien sûr, on se fait taxer.
Pas banal ce qu'on vit. Le ciel se charge rapidement depuis une bonne heure. On entend les premiers coups de tonnerre, maintenant accompagnés d'éclairs. Pendant la pause suivante, les premières gouttes de pluie apparaissent.
Il est pratiquement 16 h. Cela fait 9h qu'on est en route et on se prend l'orage qui menaçait alors que nous descendons une première fois vers la rivière. Les 3 véhicules s'engagent pour la franchir en utilisant un gué qui me paraît interminable. J'ai subitement, dans la tête, la vision de l'existence d'une vague frontale gonflée par l'orage. Après être passés sur l'autre rive, on remonte un peu avant de redescendre à nouveau vers la rivière, mais cette fois-ci, le débit n'est plus le même car le lit est plus étroit. J'espère qu'il y aura un pont.
Ecoutez ce qui ce dit à l'intérieur de notre 4x4. C'est rassurant, non ?
C'est vrai que y'a de quoi s'inquiéter un peu. Mais pour l'instant, notre encadrement garde la tête froide et gère la situation.
Ouf, y'a un pont. Alors !!!
Une fois le pont franchi (avant, il y avait un bac guidé par un câble d'acier), nous arrivons dans un village alors qu'un deuxième 4x4 subit une crevaison. Il faut absolument qu'on répare car nous n'avons plus qu'une roue de secours pour les 3 véhicules.
Cet endroit, c'est vraiment le bout du monde: Habitat clairsemé, maisons en ruines ou presque, sol gorgé d'eau depuis l'orage. J'ai l'impression de revivre le début du film "Délivrance" quand les 4 aventuriers arrivent dans le village pour y demander qu'on leur emmène leur voiture au point d'arrivée. C'est vraiment le bout du bout.
Babu et Kancha vont en éclaireurs et finissent par apprendre qu'il y a un réparateur de pneus à la sortie du village. Je n'ai pas écrit un garagiste, non, j'ai écrit un réparateur de pneus...
Bien évidemment, il y a d'autres pneus à réparer avant les nôtres, en particulier des pneus de camions. L'endroit est finalement très passant: Beaucoup de bus Tata surchargés de personnes revenant de pélerinage, mais aussi des 4x4 privés, surchargés eux aussi.
Une bonne heure plus tard, nos deux pneus sont réparés.
Il est presque 18h quand nous reprenons la piste. Il est maintenant évident que nous ne serons pas à Salleri ce soir. Il va bientôt faire nuit et nous roulons toujours.
Nous allons encore rouler pratiquement 3 heures avant que l'on s'arrête à Chandanda, presque en haut d'un col, un village sans beaucoup de lumières. D'après Pradip, il nous resterait encore 4 à 5 heures de route, mais ce n'est pas envisageable ce soir ou cette nuit. Nos chauffeurs conduisent depuis 14h, ce serait très imprudent de poursuivre, mais si on n'est pas les plus à plaindre, on est quand même bien "moulus". L'endroit est sinistre. La soirée s'annonce un peu "spéciale". Exotic n'avait pas prévu d'étape ici, donc pas de réservation. Nos deux sherpas reviennent bredouilles de leur recherche de chambres dans les "hôtels" voisins. On a le droit de faire une petite visite pour nous rendre compte de ce qu'on nous propose. C'est presque sordide.
Quelquefois, en bateau, après avoir passé une journée de navigation difficile dans du vent fort, les atterrages sont délicats, mais, une fois au port ou au mouillage, on a toujours la certitude de retrouver la chaleur du carré qui peut être rapidement rendu accueillant. Mais là, c'est autre chose: Les chambres sont quasi insalubres, les toilettes repoussantes (vue et odeur...). On n'a pas le choix, il faudra se contenter de ce qu'on nous propose. Nous dormirons à 10 dans les trois "pièces" mises à notre disposition.
Dans notre chambre, on regroupera les 3 lits au centre pour éviter qu'il ne soient près des murs déjà occupés par d'autres locataires à six pattes ou plus.
On a qu'une seule envie: Manger quelque chose le plus vite possible et aller se coucher pour repartir au plus vite demain matin.
Pour le repas, ce sera soupe de nouilles puis omelette bien grasse pour tout le monde.
Finalement, la nuit ne se passera pas trop mal, car notre groupe s'est bien adapté aux conditions très "spéciales".
Je vous donne rendez-vous pour la suite et la fin de notre aventure 4x4 et aussi le début effectif de notre trek dans la prochaine séquence...
A plus !
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